« Salut puissant félin ! Dans une vie antérieure j’ai fait ma petite impression en grand vampire inquiétant et séduisant. Hélas je sens que cet art se perd. Tu ne pourrais pas nous rappeler quelques titres indispensables pour qu’on les reconsidère ? Signé : Christopher L. PS : je te transmets en pj la recette de boudin à base de sang humain. »
Douze romans mettant en scène des vampires
Aaaah, les vampires, morts-vivants et autres goules aux crocs acérés prêts à croquer le cou d’une victime (jeune et belle de préférence), toute une institution ! Peur de cet être humain plus mort que vivant, correctes doses d’hémoglobine versées sur le parquet d’une chambre, romantisme effréné qui vire parfois à l’érotisme, mais également solitude de ce pauvre hère qui, d’une certaine manière, est terriblement discriminé par une bande de grenouilles de bénitier.
Avant de parcourir quelques exemples littéraires, je me dois de vous rappeler ce que ce billet ne contiendra pas : d’une part, il s’agira exclusivement de romans, les illustrés ou autres formes littéraires seront étudiés ailleurs. D’autre part, je tâcherai de prélever des titres qui ont, majoritairement, des chances de survivre dans l’esprit de nos contemporains. Ainsi, aucune (enfin presque) connerie bit-lit ne sera abordée – pour rappel, le bit-lit est un genre littéraire caractérisé par sa propension à phagocyter le rayon « science-fiction » de toute librairie qui a décidé de ne plus se respecter.
Pour ma part, je ne saisis pas vraiment l’effroi provoqué par quelqu’un qui aime boire un peu de sang. Quel est le problème ? Je préfère ça que l’eau croupie de ma douche. D’ailleurs, lorsque j’avais encore le droit de donner mon sang, une fois l’infirmière de l’EFS s’était plantée dans le marquage et avait du jeter le demi-litron de liquide prélevé. Ne pouvant supporter tel gâchis, j’avais demandé qu’elle me le mette dans une bouteille d’eau qui a fini dans mon frigo.
Bah à part l’amertume, ce n’est pas si dégueulasse que je l’imaginais. En revanche ça salit les dents, avoir sa brosse à dents à proximité est vivement recommandé. J’en parlerai un autre jour, parce qu’il est temps de passer aux choses sérieuses
Tora ! Tora ! Tora ! (x4)
1/ Bram Stoker – Dracula
LA référence par défaut, la fondation d’un mythe responsable d’hectolitres d’échappées d’urine dans les lits d’Occident et d’Orient. Sous la forme épistolaire, l’auteur anglais conte l’histoire de Mr Harker aux prises avec un Comte de Transylvanie venu faire de belles emplettes à Londres. A ma grande honte je ne l’ai pas lu, mais pressens que ce brave Dracula est autant à craindre qu’à plaindre.
2/ John William Polidori – Le Vampire
Un jeune richard british fait la rencontre du mystérieux Lord Ruthven, aussi beau que taciturne. Accessoirement, ce dernier tue la petite amie du héros, meurt mais revient épouser sa sœur (au héros hein, pas de ça dans ma tanière). Nouvelle inspirée notamment par Lord Byron lors d’une soirée que j’imagine bien alcoolisée, ce texte est un des premiers à coller aux vampires les oripeaux d’un romantisme écorché. Eros et Thanatos sont dans un bateau, devinez qui tombe à l’eau ?
3/ Anne Rice – Les Chroniques des vampires
LA référence contemporaine des suceurs de sang, ici des êtres aux pouvoirs non excessifs et contre lesquels utiliser ail ou balles en plomb est passablement inutile. Une bonne douzaine de titres à se mettre sous la canine, avec le personnage récurrent de Lestat de Lioncourt, Français de son état. Assez plaisant dans l’ensemble, même si Ma’m Rice a fait péter la psyché torturée des personnages à des niveaux stratosphériques.
4/ Stephen King – Salem
Vous pensiez vraiment que le maître de l’épouvante allait zapper goules et autres joyeusetés ? Un homme qui revient dans la ville de son enfance, quelques décès subits (et subis), des revenants relativement agressifs, une ville progressivement infectée, bref les vampires sont présentés sous leurs pires aspects La jeunesse, la mort, la survie, la peur, c’est du King pur jus. Fin du fin, y’a même le père Callahan qui pointe le bout de son nez (et qu’on retrouve dans le cycle de La Tour Noire).
5/ Théophile Gautier – La Morte amoureuse
Il ne doute de rien notre Gautier national, imaginez en 1836 l’auteur et son scénario de jeune cureton qui fait la connaissance d’une belle vampiresse qui l’éloigne de Dieu. Pour faire simple, Romuald s’éclate avec la bandante Clarimonde malgré les conseils d’un vieil abbé. Comme nous sommes au 19eme siècle, bien évidemment que l’immonde succube sera butée (dans son sommeil qui plus est) et notre ami retrouvera la voie de la félicité – c’est-à-dire celle qui ne croise pas de femmes. Tristesse, parce que Clarimonde ne faisait que boire un peu de son sang.
6/ Lucius Shepard – L’Aube écarlate
A mi-chemin entre le fantastique et le polar, suivons les aventures d’un flic vampire (il l’est depuis peu) chargé d’enquêter sur l’assassinat de la douce femme censée être offerte . Huis-clos dans un lieu d’exception (un très gros château), ce roman est également une plongée dans les arcanes de la société vampyresque. Magouilles, luttes de pouvoir, sexe à tous les niveaux, en fait les suceurs de sang ne sont pas si différents de nous.
7/ Charlaine Harris – La Communauté du Sud
Du bit-lit, le fauve est pris la main dans le sac ! Le lecteur suivra, sur plusieurs tomes, les pérégrinations d’une jeune femme dans le Sud des States. Les goules ont fait leur coming-out depuis que du sang permettant de les nourrir a été synthétisé. Le félin n’a que parcouru le premier opus, après ça part dans tous les sens (loups garous, ménades, fées, sorcières) pour que le plaisir perdure…plaisir retrouvé en revanche avec la série TV, visuellement (hum) intéressante.
8/ Richard Matheson – Je suis une légende
Un homme, seul, fait face à une Humanité transformée. Entouré de vampires, il va tenter de survivre tout en cherchant un vaccin. Matheson renverse la vapeur en nous mettant à la place de ceux pour qui la légende est, en fait, le dernier humain restant. D’ailleurs, ça se termine mal. Rien à voir avec l’adaptation cinématographique donc.
9/ Angela Sommer-Bodenburg – Le Petit Vampire
Suis tombé sur ces albums en parcourant la bibliothèque de neveu-lion pour vérifier qu’il ne planquait pas quelques bandes dessinées de Manara. Il s’agit de charmantes histoires publiées dès les années 80 pour les petiots : le petit Anton fait la connaissance d’un gentil vampire (et sa famille, dont certains membres le sont moins) qui dort dans le caveau familial que recherche activement le gardien du cimetière pour en finir avec les « monstres ». A ne pas confondre avec la série écrite par Joann Sfar.
10/ Terry Pratchett – Carpe Jugulum
24eme roman des Annales du Disque-Monde, bienvenue dans le royaume de Lancre où le bon roi, plutôt libéral, est sur le point de se faire chiper le pouvoir par une famille de vampires. Lesquels s’aperçoivent que toutes les concoctions contre eux (ail, eau bénite, etc.) n’auraient qu’un effet psychosomatique. Prenant à rebours (et avec humour) les croyances sur ces êtres, Pratchett livre toutefois un roman assez sombre dans son dénouement.
11/ Dan Simmons – L’échiquier du mal
Avant-dernier de la liste parce que le vampirisme est ici d’ordre psychologique, à savoir accaparer l’esprit d’autrui et en faire son pion. D’ailleurs une partie d’échec à échelle humaine assez savoureuse a lieu. C’est bien la seule chose intéressante dans la mesure où Dan Simmons, qui voulait écrire un roman d’horreur pure, s’est à mon sens planté sur toute la ligne. Long est chiant, je m’étonne encore (et en profite pour me féliciter) d’être parvenu à terminer cette dilogie.
12/ Stephenie Meyer – La Saga du désir interdit (putain ce titre…)
Et une belle connerie pour terminer…c’est plus fort que le fauve, faut qu’il parle de ce truc (l’avais déjà pourtant fait ici). Fascination, Tentation, Hésitation et Révélation (et Putréfaction, ajouterais-je), les titres se suffisent à eux mêmes. Tigresse m’avait forcé à aller avec elle au cinéma regarder le premier opus, j’étais le seul mec dans la salle. A la fin je soupçonne que les spectatrices avaient ensemble synchronisé leurs cycles menstruels en l’honneur d’Edward. D’ailleurs, vous connaissez l’histoire du vampire qui arrive dans un bar avec un tampon usagé ? [je crois qu’il faut que j’arrête le billet ici]
Mais aussi :
– Le sujet vous intéresse ? Allez donc lire Le livre des vampires, de Jacques Sirgent. Si avec ça vous ne brillez pas pendant le déjeuner dominical (et familial), je ne sais plus quoi faire de vous.
– Si je n’ai pas mis Leonor de Gottfried Bürger et La Fiancée de Corinthe de Goethe (XVIIIeme siècle), c’est en raison de la forme des textes, à savoir respectivement une ballade et un poème. Pas des romans donc.
– De même, je n’ai pas indiqué Vampire, de Thierry Jonquet, ce roman étant inachevé et quelques modifications substantielles devant sûrement être faites par ce maître du polar français.
– En outre, L’étranger des Carpathes de Herr Von Wachsmann a été zappé, puisque publié entre les romans de Polidori et Stocker (respectivement 1819 et 1897). Me disais que ça redondait un peu trop dans les chaumières.
– Quant à La Lignée (et la suite de la trilogie) de Chuck Hogan et Guillermo Del Toro (virus qui transforme les gens en vampires), la prépondérance télévisuelle m’a dissuadé de le mettre dans le corps de l’article – la série The Strain vaut le visionnage.
– Il y a également Le Livre sans nom (d’un auteur anonyme), qui réserve une surprise en rapport avec le thème dans le dénouement.
– Ai failli oublier Leandro Ávalos Blacha et son Berazachussetts, cependant l’héroïne est plus « zombie » que vampire à mon sens.
Sinon, je compte sûrement un jour splitter ce billet avec d’une part les romans, d’autre part les nouvelles. Puis faire les BD/poèmes/etc.
Et Twilight alors ?
(P’tain ! L’article à deux semaines donc je me suis dévoué pour la faire mais j’ai vraiment honte)
Les Dents de l’amour – Christopher Moore
Une jeune femme se fait vampiriser à San Francisco.
Ca pourrait être la seule phrase résumant le livre, mais nous serions induits en erreur par nos préjugés. Il faut donc préciser qu’elle reste une jeune femme dans sa tête (alors qu’on l’imagine devenir une sorte de chasseresse), plutôt préoccupée par le fait qu’elle devra garder pour l’éternité ses 2~3 kilos en trop et qu’elle voudrait trouver un petit ami sympa.
Le livre déconstruit nos préjugés. Il est très facilement lisible sans être de la soupe pour autant et offre quelques bons rires.
Petits conseils, Riverdream de George Martin.
En français contemporain, Lemashtu de Li-cam.
C’est dommage d’être resté du côté des ouvrages ayant déjà une certaine reconnaissance au niveau du grand public, sachant qu’il y a pléthore de bijoux à explorer sur le thème du vampire. Je pense au Anno Dracula de Kim Newman, à La volupté du sang de Nancy Collins, aux Prédateurs de Whitley Strieber, à la trilogie de l’Opéra de Sang de Tanith Lee, Dans les veines de Morgane Caussarieu… Alors oui depuis 2005, la bit-lit (qui n’est pas un genre à proprement mais une classification inventée par un éditeur – français – ) à tendance à phagocyter les tables des libraires, mais ca n’empêche pas d’autres sorties (voire même certains romans ou séries estampillées bit-lit d’être tout à fait recommandables). On en chronique une large parti (612 romans à ce jour) sur Vampirisme.com : http://www.vampirisme.com/type-livre/roman/
Attention, également, Stoker s’écrit sans c
Je savais que tu allais commenter ce billet 🙂 Et danke für die Korrektion ! Quant aux 612 et quelques romans traitant du vampirisme, je m’en tiens à mon niveau de touriste. Pour le bit-lit, j’ai juste un peu de mal. Mais comme Milady publie d’excellents romans, je ne leur jette point la pierre.
« Le livre sans nom » et ses avatars , vous connaissez ?
Non ! Vous êtes sûr que c’est centré autour des vampires ?
Alerte spoiler (mais vous l’aurez chercher !):
oui, c’est d’ailleurs le nœud de l’intrigue (la quête de la pierre de lune), les vampires, mais on ne le sait que vers la fin du bouquin.
le premier livre , oui.