« Hello ma poule. J’aimerais que la belle blonde teutonne rejoigne à nouveau ma couche, toutefois j’ai bien peu qu’en matière de magie je lui ai tout montré. Aussi je souhaite préparer un ultime coup à base de téléportation. Hélas je suis à sec question idées. Tu as quelques bouquins dans ta besace sur lesquels je pourrais m’appuyer ? Bibis. Signé : David C. »
Des titres qui téléportent un max’
La téléportation. Quelle belle invention, tellement évidente, logique, mais si délicate à justifier d’un point de vue strictement scientifique. A moins que, tel le vol par anti-gravité, le lobby de tout ce qui a trait aux transports (voiture, avion, industries liées, tutti quanti) fait tout pour empêcher la populace de penser que ce genre de technologie pourrait voir le jour. Car les exemples littéraires ne sont guère nombreux (je me suis surpris à creuser ma tête avec un burin), il y a comme une réticence de la part des écrivains à recourir à cette sorcellerie.
D’un côté, le risque est que la téléportation fusille tout l’intérêt d’un roman et donne l’impression d’un grand irgendwas où tout semble possible ad nauseam. La SF, c’est sérieux. Sinon, autant verser dans le fantastique et attendre qu’un gros producteur lâche ses bifetons pour en faire son prochain film Mais, de l’autre côté, c’est aussi l’occasion de dépasser nos paradigmes habituels et mettre sur place une intrigue et des problématiques nouvelles – sauf si la technologie est suffisamment lourde et bordélique pour la rendre anecdotique.
Voici donc une douzaine de romans où la TP est plus qu’un accessoire cosmétique. D’après ma misérable expérience, le félin a pu déterminer trois grosses tendances sur la téléportation : la technologique, sous-divisée entre les énormes installations à base de trous de vers ou les trucs plus discrets accrochés à n’importe quelle bagnole ; et la psychique, avec des individus qui, par la seule force de leur petit cerveau, parviennent à sauter d’un espace à l’autre tels autant de cabris.
Tora ! Tora ! Tora ! (x4)
1/ Peter F. Hamilton – La saga du Commonwealth
Ici, des trous de vers sont énormes et permanentes institutions gérées par le Commonwealth, société assez anglo-saxonne (liberté mais inégalités). Le petit plus concerne les fameux chemins Silfen qui permettent de passer d’un monde à l’autre en mode « je me perds dans la forêt noire et m’engage dans une clairière dans la réserve de Yellowstone deux minutes après ». Bref, de l’aventure qui prend aux tripes – sentiment renforcé par le sentiment d’urgence quand notre espèce est dans la mouise.
2/ Alfred Bester – Terminus les étoiles
Vieille littérature S.F. parmi les rares qui se polissent avec l’âge. Gulliver Foyle est un homme colère qui chercher à se venger de ceux qui l’ont laissé crever dans un vaisseau-épave. Le truc bonnard dans cette œuvre est que la téléportation est au centre de l’intrigue (avec twist final bien pensé), tellement que le premier chapitre est un récapitulatif des progrès accomplis dans ce domaine – pour votre parfaite information, aucune technologie : tout est dans les capacités intellectuelles de l’être humain, ainsi on ne peut se téléporter trop loin. Un roman à ne pas rater, il y a du Comte de Monte Cristo dans l’air.
3/ J. K. Rowling – Harry Potter
Le con, j’avais failli zapper la magie. Je vous le dis de go : si je n’ai lu aucun de ses romans, en revanche aucun film ne fut loupé. Le Tigre ne va pas vous emmerder à énumérer les artefacts ou sorts vaguement latinisants qui permettent de se mouvoir d’un point à l’autre avec la douceur d’une pâquerette, mais seulement déplorer que ces menus plaisirs magiques ne sont pas utilisés pour des choses plus utiles…au hasard, balancer les déchets nucléaires sur le troisième satellite de Jupiter.
4/ A.E. Van Vogt – Le Monde des Ā
Encore un roman que je n’ai pas su terminer. Faut dire que l’auteur canadien a culbuté toutes les conventions littéraires (sans parler de sa saga qui vieillit plutôt mal) avec un roman indigeste rempli d’imbitables références sémantiques. Quoiqu’il en soit, il faudra attendre le second tome (Les Joueurs du Ā) pour que Gilbert Gosseyn, le héros luttant contre l’invasion d’un terrible empire E.T., prenne conscience de ses pouvoirs et daigne se téléporter à sa guise. Du beau n’importe nawak.
5/ Dan Simmons – Les Cantos d’Hypérion
Grâce à une superbe technologie développée et maintenue par une I.A., l’Humanité est unie sous l’égide d’un gouvernement. Cette technologie permet en effet de passer d’un monde à l’autre comme ça, hop magie – tellement facile que des richards mettent des portails chez eux : ouais, ta maison donne sur différents mondes. Hélas, pour une raison que je ne vous dévoilerai pas, ces passages sont brutalement fermés, et là c’est la merde. Blague à part, c’est le meilleur cycle de l’écrivain. Une tuerie.
6/ Alan Moore – Watchmen
Ce DDC manque un peu de comics, je vous prie de m’excuser si vous avez l’impression que ce monument illustré semble taper l’incruste dans le billet. En effet, la téléportation ne concerne qu’un protagoniste, le Docteur Manhattan, qui en outre dispose d’autres pouvoirs presque plus bandants – comme connaître le passé, le présent et l’avenir. Toutefois, lorsqu’il décide de fuir les hommes pour s’installer sur Mars, et cela en un clin d’œil, ça laisse rêveur (les dieux sur cette planète, comme Ilium, de Dan Simmons).
7/ Steven Gould – Jumper
Ouais, derrière le navet cinématographique se cache un roman. Je ne compte pas particulièrement le lire, ça m’a l’air un peu trop orienté ados : David Rice (déjà, nom de merde), un gentil gosse à problèmes à cause de son daron violent (pfff, quellle originalité), découvre qu’il peut se téléporter dans des lieux déjà visités. Bien évidemment, petite histoire d’amour et course poursuite contre une vilaine agence américaine. Si vous voulez des explications scientifiques, bah vous vous êtes trompés de chemin.
8/ Arthur Conan Doyle – La Machine à désintégrer
Ouais, j’ai lutté pour trouver quelque chose d’avant la seconde guerre mondiale. Tout ce qui m’est venu à l’esprit est cette nouvelle de Sir Doyle – je tombe bien bas. Pour faire simple, le professeur Challenger (dont ce n’est pas la première apparition chez cet auteur) est invité par un de ses potes pour checker l’invention de Nemor (un nom de méchant, voui) qui désintègre avant de restituer un corps à l’aide d’un machine. Ça part en couille, notamment lorsque le savant fou s’amuse à créer une alopécie auprès de notre héros – pas très folichon comme scénar’ il est vrai.
9/ Pierre Bordage – Les guerriers du silence
Grosse trilogie sur la lutte entre deux groupes, deux conceptions de l’avenir de l’Humanité, les Scaythes contre les gentils. Certains héros, nommés guerriers du silence, sont progressivement initiés par quelque chose qui ressemble à la Force (ça s’appelle l’antra dans le roman), et apprennent à voyager grâce à leur seule pensée. Pour ma part, je n’ai lu que le premier tome avant de passer, piteusement, à autre chose. Vilain Tigre, d’autant plus que sa dilogie Wang m’avait ravi.
10/ Larry Nilven – L’Anneau-Monde
Attention, rien à voir avec Pratchett. Deux humains sont recrutés par un E.T. pour étudier un étrange artéfact (genre, un anneau-monde…). J’ai souvenir d’énormément de thèmes abordés, que ce soit sur la gestion du prolongement de la durée de vie ou la xénobiologie….et de cabines de transfert permettant de passer d’un endroit à l’autre en moins de deux. Pratique mais peu crédible. Marrant, ça me rappelle les anneaux de Stargate, pas vous ?
11/ Kazuma Kamachi – A Certain Magical Index
Hé hé, vous croyez que j’aurais laissé de côté un manga pour adolescente prépubère ? Vous me connaissez mal. En cherchant autre chose (vous le promets), Le Tigre est tombé sur cette chose et l’a rapidement parcouru. Mélange de techno-magie et de roman d’apprentissage, y’a quelques protagonistes qui semblent maîtriser le noble art de la téléportation. N’espérez de moi aucun billet sur ce que vaut ce manga.
12/ L. Ron Hubbard – Terre champs de bataille
Aaaah…la dernière blague pour la fin. Écrit au début des années 80, donc bien après la création de l’Église de Scientologie par l’auteur, Terre champs de bataille présente notre planète dans un millénaire dans une configuration peu enviable : ce qui reste d’Humains est à la ramasse après l’invasion de la race des Psychlos qui utilisent les consoles de transfert. Il s’agit bien sûr de téléportation grâce à de savantes équations mathématiques que les héros sont parfaitement incapables de comprendre. Vu la taille du pavé et le style de l’écrivain, ne comptez pas sur moi pour m’attaquer à ce monstre.
Mais aussi :
– J’ai volontairement omis Le Prestige, de Priest, dans la mesure où [SPOIL] le modèle original est également dupliqué [Fin SPOIL].
– S’agissant de « l’effet Holtzman » qui permet le voyage instantané dans l’univers de Dune, étant donné que je n’ai pas lu le cycle je préfère fermer ma gueule.
– De même, Le Tigre n’évoquera pas The Traveller’s Wife, d’Audrey Niffenegger (paye ton tom) puisque le héros se téléporte également dans le temps. Rien à voir. Sur ce blog, on fait gaffe aux détails.
– En outre, je n’ai pas jugé utile de parler encore de Peter F. Hamilton, notamment son immense L’aube de la nuit, avec les Kiint qui peuvent se téléporter ou les vaisseaux utilisant le Zero Time Translation (ZTT) – à savoir créer des trous de ver.
– Quant aux derniers romans de la saga des Inhibiteurs (Le Gouffre de l’absolution) d’Alastair Reynolds, la vitesse supraluminique est obtenue en faisant faire à un vaisseau des millions de mini-téléportations. Le problème est que ça distord l’espace-temps et les mécaniciens autour de la machine ont parfois quelques problèmes – genre ils n’ont pas les mêmes souvenirs que leurs collègues. Un détail du cycle toutefois.
C’est quand même marrant, j’ai eu beau chercher, impossible de trouver un roman publié avant le 20ème siècle. Ai sûrement du mal chercher.