[ou épisode 2 de la 1ère saison]. Après un premier tome relativement banal malgré une idée originale marrante, les auteurs se sont un peu plus lâchés pour entrer de plain-pied dans la SF militaire qui tâche. Illustrations loin d’être dégueu, rythme qui n’est pas sans rappelé les plus putassières des séries de thriller, c’est du bon. Vive la France.
Il était une fois…
Nous avons terminé le premier tome avec la Chaos Team (menée par l’odieux paternaliste Clem) dans une bien piètre situation : les mercenaires étaient censés protéger Raul, le chef des Zêtas, pendant une entrevue avec un chef péruvien. Mais c’est gravement parti en sucette, notamment à cause d’un des membres qui voulait tuer le vilain. Prêts à se faire solidement canardés, nos amis sont sauvés par un bien mystérieux bienfaiteur. Finalement, l’Humanité est-elle vraiment menacée d’extinction ? Dans le cas contraire, peut-on se fier à ses nouveaux alliés ?
Critique de Chaos Team, Tome 1.2
Le Tigre avait quitté le premier tome avec une certaine déception, néanmoins les questions laissées en suspens étaient suffisamment intéressantes (exaltantes, même) pour décider de poursuivre. Et j’ai plutôt bien fait, y’a du très gros potentiel dans l’air, c’est devenu évident. A mi-chemin entre comics libéré et roman graphique en mode « cas d’école », Chaos Team est un fort joli bâtard littéraire qui a su m’apprivoiser.
Parce que Le Tigre préfère spoiler dans la dernière partie du présent billet, on va tâcher d’évoquer ce scénario plein de surprises sans vous gâcher le plaisir de le découvrir vous-même. Il est ici question de protagonistes nouveaux qui apparaissent (dont Agathe, la sœur de John Clem) et qui vont permettre, par leurs technologies, de permettre à la Chaos Team de monter d’un cran dans leurs missions – hélas je n’ai guère ressenti plus d’approfondissement dans la psyché des héros. Sauf qu’une telle puissance attire forcément l’attention, et les Zêtas (la mafia sud-américaine) sont plus que jamais sur les dents.
Quant aux illustrations, il faut reconnaître à Ronan Toulhoat un investissement qui force le respect : même si le dessin, assisté par ordinateur, ne m’a pas laissé sur le cul (le format de la BD n’aidant pas), le dynamisme général des planches et le réalisme des personnages sont saisissants – sans parler des corps nus, j’ai lâché une ou deux petites gouttes de bave. Les couleurs, tour à tour solaires, froides (notamment le bleu dominant en présence des E.T.) ou grisâtres donnent l’impression d’un tome complet où l’arc-en-ciel des émotions serait correctement représenté. Du bel art.
Parce qu’il faut bien donner un avis ultime, il m’est (enfin) apparu que les deux gus ne se prennent pas au sérieux. Et le scénario bourré de références reste plaisant à lire dans la mesure où le lecteur pressent que ça peut partir plus rapidement en orbite que prévu. Le résultat est un joli lot d’astuces narratives (à la manière des séries B) : ainsi que les auteurs l’expliquent (enfin je l’ai compris comme tel), ils laissent le scénar’ se développer quasiment tout seul. Du coup, on peut légitimement se demander s’ils ont une idée où tout ce réjouissant charivari va mener.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Cette histoire se veut longue, à l’instar de toute série contemporaine dont les scénaristes souhaitent réserver la possibilité de rajouter des saisons au petit bonheur la chance – gosse je matais Les feux de l’amour avec grand-mère Panda, et peux vous dire qu’il y a des génies dans ce domaine. Pour cela, le félin a l’impression qu’il est avant tout question d’équilibre à préserver de la part des aliens. Un groupe (ici les mafieux) devient trop puissant, alors les mercenaires violent leur contrat pour renverser la vapeur. Et puis de curieuses alliances se forment, comme pour éviter qu’un groupe (même Blackfire) prenne le pas sur l’Humanité.
[Attention les amis c’est à partir de là que je spoile comme un goret]. Le tome devient extrêmement intéressant dès lors qu’on découvre que les Etees (E.T., z’avez saisi ?) ne sont pas complètement vilains (on le supputait) dans la mesure où l’Humanité a tiré la première. Ces grosses méduses sont en fait « prisonnières » de leurs corps et ont besoin de fonctionner en symbiose avec d’autres espèces, de ce fait elles ont aménagé des bases (qui flottent) avec certains rescapés homo sapiens. Cette alliance humains/E.T., en plus de permettre des scènes de combat type mechwarriors (le scénariste Vincent Brugeat semble ne pas pouvoir y résister) ou avec une combi ultra moulante (faut bien justifier l’apparition de seins), pose de nouvelles problématiques : puisque les Etees ont la faculté de suggérer des idées directement à l’intérieur des cerveaux humains, comment éviter de faire flipper à cause de ces influences tout en préservant ses intérêts ?
…à rapprocher de :
– Il faut évidemment commencer par le premier tome (en lien). Et le 2.1 (en lien) n’est pas mal non plus.
– De ces deux auteurs, Tigre vous conseille également Block 109. Ce roman graphique est excellent, et les connaisseurs reconnaîtront dans le héros la même gueule que Kyle, perso qui vient de débarquer dans la Team Chaos. Si vous voulez du court (pas forcément aussi bon), quelques BD trainent autour de l’univers : Étoile rouge (mon préféré), Opération soleil de plomb (correct), New York 1947 (chouette), Ritter Germania (mouais).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.