Dans le froid des murs d’une bibliothèque bien fournie, trois individus vont devoir décider quels bouquins préserver ou brûler. Ceci n’est pas vraiment un roman, plutôt une pièce de théâtre menée tambour battant. Cynisme, humour souvent noir, c’est loin d’être mon préféré à cause de dialogues extrêmement fatigants à la longue.
Il était une fois…
En plein guerre, le général hiver commence à faire des victimes. Réfugiés dans l’appartement d’un vieux professeur, Daniel (assistant à l’université) et Marina (étudiante qui couche avec Daniel) sont transits de froid. Il est temps de choisir les romans qui sauront les réchauffer…littéralement (tadaaa…).
Critique de Les Combustibles
Amélie Nothomb, toujours pas entrée dans la sienne (comprenne qui voudra), a du avoir un beau jour une petite idée comme cela arrive au citoyen lambda. Sauf que, contrairement à ce dernier, elle a décidé d’en pondre une sorte de huis clos assez stressant – pas forcément pour la raison que vous pourriez imaginer.
La saynète est donc la suivante : trois pèlerins se gèlent gravement les miches dans un appart’ humide et glacial. Ils pourraient décider d’utiliser la chaleur naturelle ou s’engager dans une partouze de bon aloi, toutefois ils ne sont pas aussi intelligents que votre serviteur. C’est pourquoi ils préfèrent cramer des livres. Mais par lesquels commencer ? C’est un déchirement permanent que d’échanger de la littérature contre un peu de chaleur (qui ne dure pas longtemps en plus).
Il s’ensuit des dialogues vifs et nerveux, entre un prof’ bourru et sûr de lui, un assistant plus ou moins propre sur lui et une nana un peu candide sur les bords. En ce qui me concerne, les échanges m’ont paru aussi horripilants qu’improbables : les réparties (qui font certes mouche) fusent à une vitesse inouïe, on dirait trois singes savants cherchant à épater la galerie. Toutefois, pour moins de 100 pages, voici de quoi passer sans prise de chou une petite demie-heure (moins, même), pour peu que le style ne vous gave pas trop vite – c’est ce qui m’est hélas arrivé.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La question posée par le roman/pièce de théâtre est on ne peut plus clair : qu’emporteriez-vous sur une île déserte ? Quand la survie de l’être humain entre en conflit avec l’amour de la littérature, il y a matière à s’arracher les cheveux. Le pendant négatif de cette question, précisément traitée dans l’œuvre, est plutôt de savoir quels ouvrages foutre les premiers dans le poêle. Le choix, difficile comme tout, entraîne des argumentations (exemples, contre-exemples, etc.) qui permettent de cerner un peu plus les personnages et ce qui les fait vibrer. Plus basiquement, une pièce de théâtre plus « légère » aurait été, lors d’un déménagement d’une famille vers le bout du monde, de savoir quels titres auraient eu l’honneur d’entrer dans le seul carton dédié à la littérature.
Si on veut un peu plus enculer les mouches, discourir sur ce qui mérite d’être mis au feu revient à exercer le noble art de critique littéraire. Cependant, choisir entre tel ou tel objet littéraire peut faire intervenir autre chose que des considérations strictement littéraires. Entre un Guerre et paix que vous ne finirez jamais (et capable de suffisamment chauffer la pièce) et une énième bouse d’Amélie Nothomb facile à lire mais qui n’apportera que peu de calories (ou de matière, même pour le cerveau), pensez-vous que le choix est si simple ? Qu’est-ce que trois heures de bonne lecture face à l’assurance de ne pas mourir de froid ? En poussant le raisonnement, la critique littéraire permet de faire des choix vitaux : en effet, sans cela, un lecteur accepte de prendre encore plus le risque de perdre, littéralement, quelques heures de sa vie en démarrant un ouvrage.
…à rapprocher de :
Le félin ne va pas vous dérouler l’intégralité de l’auteur, toutefois sachez que Tigre a lu pas mal de titres, dont (par ordre de publication) : Hygiène de l’assassin (bof), Attentat (pfffiouuu), Stupeur et tremblements (à caractère bibliographique et pas mal au demeurant) ; Cosmétique de l’ennemi (relativement insupportable) ; Biographie de la faim (à lire) ; Acide sulfurique (mouais) ; Le Fait du prince (le pire, je crois bien) ; Une forme de vie (dialogue épistolaire) ; Tuer le père (sans plus).
– Pour ma part, j’ai ma très personnelle réponse aux livres à emporter sur une île déserte ici. Les paramètres sont différents des protagonistes de la présente pièce.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Amélie Nothomb – Le Fait du prince | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Cosmétique de l’ennemi | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Biographie de la faim | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Une forme de vie | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Acide sulfurique | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Attentat | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Stupeur et Tremblements | Quand Le Tigre Lit
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