Un essai plutôt court (moins de 200 pages) d’un éminent académicien que Le Tigre apprécie, hélas j’ai été loin d’être subjugué par ce titre. Ennuyeux par moment, c’est fort fâcheux. Sujet complexe mais traité avec une simplicité bienvenue, des idées intelligentes et généreuses, dommage que peu de personnes pensent comme lui.
De quoi parle Les Identités meurtrières, et comment ?
Après avoir été ébloui par un précédent essai d’Amin Maalouf (cf. dernière partie), Le Tigre s’est rapidement procuré Les Identités meurtrières, ouvrage « phare » d’après ce que j’avais cru comprendre. Bof bof, j’ai été plus que déçu par l’essayiste. Ou alors j’ai compris que dalle.
En moins de 200 pages, il faut reconnaître au sieur Maalou (académicien depuis 2011 si mes souvenirs sont exacts) un talent certain pour faire court et condensé. Discourir sur les identités qu’un individu peut se trouver (les immigrés par exemple), et en particulier s’intéresser aux problématiques que cela engendre, l’exercice n’est pas du tout aisé.
Pourtant, Amin M. parvient à sortir un essai plutôt clair et avec lequel il est difficile de ne pas être d’accord. Bons sens, voire bons sentiments que peu partagent, Le Tigre a eu du mal à applaudir face à d’aussi généreuses idées eu égard l’état actuel du monde. En sus, je me suis légèrement (très légèrement hein) emmerdé à lire ce bouquin : soit je ne suis pas assez réceptif, soit une impression de « déjà lu » (les idées de l’auteur sont universelles mais rarement aussi bien résumées) m’a envahi.
En conclusion, un essai consensuel (mais interpellant) qui en convaincra plus d’un. En sus, l’identité du monsieur (franco-libanais rompu aux conflits ethniques) en fait le parfait interlocuteur pour nous entretenir de ce sujet, et ainsi combattre l’ignorance et toutes les formes de communautarisme.
Ce que Le Tigre a retenu
A mon sens, le message basique d’Amin est qu’on ne peut vraiment posséder deux nationalités. Car cela impliquerait qu’on devrait avoir à choisir entre l’une des deux. Si c’est le cas, une identité se sentira alors flouée, et avec celle-ci une partie de de nos congénères qui nous voient (à tort souvent) comme personne étrangère. L’exemple introductif du Turc en Allemagne potentiellement rejeté par les deux communautés est édifiant.
Là où Amin me semble être un doux rêveur, c’est lorsqu’il suggère que les conflits de nationalités ne peuvent au contraire se résoudre en les « fusionnant ». Cela semble difficile déjà. En adoptant une position « à mi-chemin », l’essayiste ne prend pas de risque en proposant de tirer le meilleur de chaque nationalité (ou particularisme culturel). Et, par la même occasion, accepter que l’autre en fait (fasse ?) de même.
En conclusion, l’humanisme de l’écrivain (il a produit des romans de qualité) prend tout son essor lorsqu’il évoque l’ensemble des identités à l’échelle du globe. Plutôt que se focaliser sur deux ou trois de ces éléments identitaires (la langue, d’où le besoin de parler au moins trois langues pour prendre du recul qui est une excellente idée), il convient de se positionner comme protagoniste de ce qu’on peut nommer la grande « aventure humaine », avec à terme de moins en moins de guerres.
…à rapprocher de :
– De Maalouf, j’ai été transporté par Le dérèglement du monde. Du très bon.
– Sur les romans de qualité dont je parlais, il y a l’envoûtant Samarcande.
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