VO : Suloinen myrkynkeittäjä. Primordial représentant de la littérature populaire scandinave, Paasilinna nous offre ici un bon petit roman sans prétentions. Drôlissime et tendre, le lecteur passe un excellent moment sur un sujet certes révoltant, mais traité avec la légèreté qui sied à l’esprit nordique. Quelques blousons noirs, une vieille femme trop gentille, mélangez le tout, et voilà !
Il était une fois…
Linnea est une pauvre veuve vivant assez chichement grâce à la pension de feu son colonel de mari. Hélas son neveu, accompagné de deux accolytes pas très finauds, squattent dès que la vieille touche ladite pension, bien sûr pour profiter toujours plus de ses largesses. Lorsqu’ils souhaitent de surcroît qu’elle les couche sur son testament, Linnea se rebelle, et plutôt que se suicider va contribuer à nettoyer son entourage…
Critique de La douce empoisonneuse
A l’image d’un Pennac (mais plus de sujets traités dans l’ensemble de ses romans en général), Paasilinna sait capter l’attention de son public et proposer des œuvres simples et touchantes. Pas de la littérature qui décoiffe, toutefois ce qui faut pour une bonne critique.
Le scénario est réjouissant, consistant en une petite vieille qui malgré elle trucide une bande de bons à riens. C’est là que c’est fort, puisqu’il ne s’agit pas vraiment de meurtres, juste de malheureux concours de circonstances au cours desquels les principaux responsables sont les victimes.
Victimes, bourreaux, Arto joue sur tous les tableaux et mélange le tout avec un cynisme qui n’est pas là pour choquer. Humour noir tout en restant soft. Désopilant et souvent gai, l’auteur finlandais bénéficie également d’une bonne traduction dans notre langue, il faut en convenir.
Le texte est assez court, se lit vite et « glisse » dans le cerveau aisément. Bref, détente livresque, très bon pour les jeunes adultes ou femmes qui se reconnaîtraient dans le personnage de Linnea. Un peu de revanche littéraire, ça ne fait pas de mal.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La jeunesse décadente. Le neveu de Linnea est un petit con doublé d’un junkie (désolé du vocabulaire, pas d’autres mots qui me viennent à l’esprit). Quant à ses amis, ça ne vaut pas mieux. Ce sont un peu les personnages « bêtes et méchants » qu’on retrouve dans certains dessins animés, même si ici c’est nettement plus sombre. Paasilinna, qui est avant tout un auteur à l’humour décalé, nous décrit néanmoins ces individus non sans les rendre suffisamment dignes de notre pitié, voire de notre pardon. Car être à ce point odieux, ça ne peut exister.
Le triste décalage de générations. Les actions de ces jeunes, déjà décrites, tranchent de manière choquante à ce que représente la digne dame qui est tout en douceur. Outrepassant et « pissant » sur toutes les conventions sociales qui régissent une vie en société à peu près harmonieuse, le lecteur sera d’autant plus choqué que Linnea souhaite avant tout sauver son neveu. Et on sait comment l’harmonie, la sobriété sont de mise dans ces pays nordiques. Leur chute sera au niveau de leurs excès, brutale. Plaisante en sus, grâce à la prose de l’écrivain.
…à rapprocher de :
– Histoire savoureuse et avec une bonne dose de comique de situation, lisons Les dix femmes de l’industriel Rauno Rämekorpi (même auteur). Ou Prisonniers du Paradis.
– Un autre auteur scandinave s’est tenté au polar-comique-mignon, sauf que c’est une vraie bouse. Je vous présente Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson.
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