Le Tigre adore Chuck (je pense avoir le droit de l’appeler par son prénom), et celui-ci le lui rend généralement bien. Ce roman, aussi déjanté soit-il, n’est hélas pas de la trempe des chefs-d’œuvre habituels. Sujet évidemment subversif et plutôt bien traité, le scénario est hélas un peu poussif. Le lecteur qui ne connaît pas Palahniuk ne doit pas commencer ici.
Il était une fois…
Miss Cassie Wright, star du porno dont la carrière s’essouffle, souhaite terminer en beauté : un gang bang avec six cents hommes en une une seule prise. Un record mondial, rien que ça. Le lecteur suivra les numéros 72, 137 et 600 qui attendent leurs tours. Mais chacun, même la régisseuse, ont une idée derrière la tête…
Critique de Snuff
Autant le dire tout de suite, j’en attendais énormément de la part de cet auteur. J’ai été un tantinet déçu. Où sont passées les histoires à couper le souffle avec des révélations plus dérangeantes les unes que les autres ? Où ?
Chuck P. a sélectionné un thème fort vendeur, et a appliqué, sans se fouler il me semble, les glorieux ingrédients qui ont fait son petit succès : la narration multiple, les nombreux clins d’œil culturels, l’humour parfois glauque, le vocabulaire chirurgical sur le thème du roman, et les anecdotes plus qu’instructives.
L’histoire manque un peu de suspense, malgré quelques bonnes idées qui relancent ici et là l’intérêt de la lecture. La miss Cassie ne fait pas son grand retour pour rien ; Sheila (la régisseuse) n’est pas une assistante de la star du X comme les autres ; et les trois autres protagonistes ont des passifs que je qualifierais volontiers d’ombragés.
Hélas Le Tigre a parfois été perdu dans le scénario un peu trop linéaire. La faute à : le bouquin lu en Anglais, et les difficultés qui en découlent. Pour l’avoir rapidement parcouru en Français, j’étais en effet passé à côté de certains passages. En outre, les trois personnages principaux (n° 72, 137 et 600) dont les narrations sont identiques, je me suis surpris plusieurs fois à vérifier titre du chapitre pour savoir qui parle.
Le style reste correct, avec des chapitres courts et denses : plus de 30 en 200 pages. La fin s’accélère pour une apothéose assez bizarre mais amusante, sans que le lecteur sache ce que vont devenir nos héros. Mieux à lire, toutefois le fan de romans subversifs et amusants devrait se régaler.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Chers à l’auteur, ses « apprentissages » délivrés sur certains sujets sont captivantes : un historique sur les tatouages des gangs de ce monde ; les us et coutumes parfois choquants de l’industrie pornographique ; tout ce que vous voulez savoir sur le cyanure ; les décors de trains miniatures pour les nuls ; les petits secrets de beauté de stars qu’on ne conseillerait pas à son pire ennemi (manger des coquilles d’œufs réduites en miettes pour avoir une voie rocailleuse par exemple),…
Vous l’aurez compris, c’est une vraie encyclopédie fort éclectique qui déniche des faits édifiants sur les grands de ce monde (les stars du cinéma comme Monroe, quelques hommes politiques,…). Pas le temps de distinguer sur internet le vrai du faux hélas. Surtout quand certains dires sont assénés (quand Sheila discourt) d’un « true story » très Barney Stinson (celui d’How I Met Your Mother).
Sur l’humour glauque, on est servie. Ironie du destin de certains protagonistes, entre filiation douteuse et jeunesse décadente. Le numéro 72, jeune homme persuadé que l’actrice a un lien de parenté avec lui, raconte son parcourt qui peut faire rire ou pleurer selon. Ou cette petite blague terrible (Le Tigre traduit librement) : quel est la chance de voir un film gay se transformer en snuff ? Tous, avec un peu de patience…
…à rapprocher de :
– L’auteur est avant tout connu pour Fight Club (que je me dois de résumer) et sa suite sous forme de BD (en lien) avec Cameron Steward. Sur les autres petits plus culturels apportés, signalons Monstres invisibles ou Survivants.
– Le sexe, la mort, eros et thanathos, tellement éculé… Lisons néanmoins L’amour, la mort, de Dan Simmons.
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici (VF).
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Ravi de découvrir ton site!!!! Toujours en recherche de lectures mais en tant que fan de Palahniuk pas toujours facile de trouver dans ce registre. Merci d’avance pour ce que je vais y trouver. Je viens de finir Snuff, pas mal mais difficile de trouver un équivalent au fameux Peste de Palahniuk… ça reste très efficace.
Content que Le Tigre puisse te conseiller de de temps à autre. Pour des auteurs se rapprochant plus ou moins de Chuck, il y a Will Self et Douglas Coupland. Thibault Lang-Willar a aussi écrit quelques nouvelles assez déjantées pour ce dont je me souviens.
Peste sera bientôt résumé, il faut juste que je trouve les mots (ça déménage en effet). Mais si l’histoire (écrite avec talent) d’un individu hors du commun t’intéresse, achète Le seigneur des Porcheries, d’Egolf. Aucun risque d’être déçu.
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