Opus d’une belle série publiée au milieu des années 80, voici de quoi donner envie à tout lycéen de réviser la Seconde Guerre mondiale. Dessin correct avec des couleurs pas si fadasses, on sent que l’auteur s’est longuement renseigné avant d’attaquer son sujet. Tigre, grand lecteur de Clausewitz, a apprécié cette odyssée contemporaine.
Il était une fois…
Banzaï se propose de retracer l’histoire militaire de la Seconde Guerre mondiale vue du côté de l’océan pacifique, lequel pour le coup mérite mal son blaze. De l’attaque de Pearl Harbor aux deux bombes atomiques lancées sur le Japon, en passant par les escarmouches en Chine, nous suivrons la conquête de deux tiers de l’Océanie par l’Empire nippon avant qu’il ne s’effondre progressivement face à la puissance de feu américaine.
Critique de La Seconde Guerre mondiale : Banzaï
Hé hé. Tigre a retrouvé tout un vieux tas de bandes dessinées cachées sous son antique collection de Charlie Mensuel, dont une demi-douzaine de titres de Pierre Dupuis, qui avait notamment versé dans l’érotisme. De cul il n’est point question ici, mais de guerre. Et la plus connue du XXème siècle.
Dupuis a voulu mêler de grande cartes stratégiques (quelques schémas tactiques de l’immense zone ou sont souvent les bienvenus) avec de fréquents zooms sur la vie des soldats. A cela on peut ajouter quelques tableaux sur les forces en présence ou le résultat de telle ou telle bataille. Midway, Guadalcanal et Iwo Jima (sur terre), l’Oncle Sam a casser pas mal de petit bois. Pour une fois chez Dupuis, le lecteur sera content de remarquer que l’auteur / illustrateur s’est cantonné au théâtre d’opérations du Pacifique, et même si on saute de temps à autre du coq à l’âne la chronologie et la logique de l’affrontement sont respectées.
Quant aux illustrations, la ligne claire franco-belge est au garde à vous : difficile de ne pas reconnaître les protagonistes bien connus (la couleur jaune pour les Japonais a terriblement vieilli hélas) ou songer à Buck Danny en voyant tous ces avions et bâtiments marins guerroyer dans tous les sens. Toutefois Dupuis ne profite pas de ce fabuleux coup de patte, disons que Le Tigre a mal vécu le texte qui occupe un bon quart (sinon plus) des planches.
En guise de conclusion, faut avouer que cette saga est toujours aussi réjouissante. Du vieux daron porté sur l’Histoire au cancre de collégien qui veut apprendre sans se fouler, tous peuvent trouver leur compte dans ce lointain (dans l’espace) épisode de la Seconde Guerre mondiale.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le lecteur curieux et attentif pourra en apprendre sur la conception nippone de la guerre. D’emblée le titre renvoie au cri de guerre lors d’un assaut. L’effacement de l’individu face à la collectivité est poussé un niveau que les Américains ont du mal à saisir. Partir au front (même sans armes) au lieu de se rendre, les premiers avions kamikazes qui ont foutu plus d’un coup de flip aux marins U.S., ou la « marche du sacrifice » de la flotte nippone (avec à sa tête le Yamato) à la toute fin, ça fait plutôt froid dans le dos.
La problématique de la bombe A est abordée plutôt finement par Dupuis. La théorie des pertes humaines que l’invasion de l’archipel allait causer s’écrase piteusement face aux propositions de paix du pays (refusées, alors qu’ils voulaient garder leur Empereur, ce qui au final a eu lieu) ou à la menace soviétique. L’URSS n’avait en effet toujours pas déclaré la guerre à Tokyo et aurait bien voulu avoir sa part du gâteau océanique. Enfin, l’auteur français n’hésite pas à comparer les crimes de guerre de l’Empire (le général Yamashita par exemple) avec les actes des Américains. A discuter.
…à rapprocher de :
– De Dupuis, il y a une douzaine de BD sur la Seconde Guerre mondiale (hélas Tigre en a que six en sa possession). Les voici dans l’ordre : Blitzkrieg, Dunkerque, La Bataille d’Angleterre, La Résistance, Moscou, Stalingrad, Vers la victoire, Afrika Korps, Banzaï!, Forteresses volantes, U Boote et enfin Overlord.
– Sinon, pour un gros pavé complet et édifiant, le très sachant Antony Beevor et sa Seconde Guerre mondiale forcent le respect.
– Le fameux « esprit japonais » de sacrifice peut s’expliquer grâce à Mishima, notamment son Japon moderne et l’éthique samouraï.
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