VO : Sankuchuari. Manga relativement ancien, mais quel plaisir en le lisant et relisant. Réaliste, intelligent, suspense correct et histoire accrocheuse, le tout en 12 tomes assez courts. Ce qui est rare pour un type d’œuvre où on peut vite atteindre les 30 opus, en outre ici l’auteur a produit une saga avec une vraie fin.
Il était une fois…
Akira Hôjô et Chiaki Asami, amis d’enfance au dur passé, n’ont qu’un seul objectif : prendre le pouvoir au Japon. Accessoirement redonner aux Japonais le goût de vivre et secouer un peu le pays. Pour cela, ils décident de gravir les échelons du pouvoir, l’un dans la lumière, en tant que politicien, l’autre dans l’ombre, comme yakuza.
Critique de Sanctuary
Édition épuisée (certains tomes sont hors de prix) que Le Tigre, chaque jour, se félicite de posséder. Voire prêter celle-ci avec les conditions drastiques que l’on connaît. Douze mangas, le numéro du Tigre, nous touchons presque à l’ésotérisme pour justifier de la qualité de la série.
Pourtant ce n’était pas gagné. En effet j’ai trouvé le début un peu long, ça se traîne un peu question intrigue sur les deux premiers tomes et on peut craindre que ça soit de même sur les dix restants. Mais comme tout manga à succès, la majorité des lecteurs deviendra vite accroc avant le troisième opus. Savoir ce qui va se passer pour nos deux héros, ça n’a pas de prix.
L’histoire est simple : Akira va très vite monter les échelons dans la grande criminalité japonaise tandis que Chiaki tente de devenir le premier ministre du Japon. Si le premier devient un ponte assez rapidement, le second aura bien plus de mal à s’imposer avec un parti de jeunes politiciens qu’il a créé pour l’occasion. Nos deux potes, qui ont joué à pierre-feuille-papier-ciseaux pour savoir qui va aller où, ont à la base de leur motivation un terrible secret en commun que journalistes ou policiers essaieront de percer à jour.
Les mangaka ont fait du très beau boulot : les planches sont réalistes, le dessin (noir et blanc évidemment) d’une précision redoutable notamment sur l’expression des personnages. En sus, on en apprendra pas mal sur le monde underground nippon. Certes mis en contraste avec l’environnement politique, mais les deux sont amenés à se rejoindre. Par exemple si le Yakuza fume et l’autre (dans ses costumes clairs) non, progressivement l’apparence des protagonistes se mélange et les différences entre les deux héros est gommée.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’amitié. Nos deux jeunes loups ont conclu un pacte. Malgré l’emprise que peut avoir l’environnement de chacun, ils s’en tiennent à leur plan et ne dévient que très rarement de celui-ci. C’est grâce à une profonde amitié, où chaque ami semble ici interchangeable : d’ailleurs ils ont décidé de leur poste respectif quasiment par hasard. D’où une telle détermination ? [Attention mini spoil] En fait Akira et Chiaki sont des rescapés des champs de tueries au Cambodge pendant la dictature des Khmers rouges. La mort de l’un, au douzième tome, annonce la fin de la saga d’ailleurs. [Fin spoil]
La politique (politicienne) nippone. Chiaki souhaite dépoussiérer le paysage politique de son pays, et n’hésite pas à créer une formation composée de jeunes talents. Assez curieux comme approche quand on voit la courbe des âges de l’Empire du Soleil levant… Quoiqu’il en soit, les reproches adressés au système de partis à la japonaise dans ce manga sont bien réels : un seul parti, le PLD, qui est tantôt centre-gauche, tantôt centre-droit selon les opportunités. Ses cadres viennent du même moule, la prestigieuse Université de Tokyo, et lorsque la classe politique est renouvelée, les réflexes demeurent.
Comment, ça vous fait penser à un autre pays européen ? Je ne vois pas…
…à rapprocher de :
– Pour les Yakuza, Le Tigre vous renvoie vers ce roman (biographique) de Junichi Saga. Ou vers le fabuleux essai de Jake Adelstein, Tokyo Vice.
– Les mangas en une douzaine d’opus que vous ne pourrez lâcher, citons en vrac Death Note ou Monster.
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