VO : Hashiru koto ni tsuite kataru toki ni boku no kataru koto (ouf). Le Tigre a bien failli être converti au jogging avec ce foutu roman. Coup de cœur tout personnel, ces 220 pages associent intelligentes confessions mâtinées de poésie. A lire en moins de temps qu’il ne faut pour courir un marathon.
De quoi parle Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, et comment ?
Première (et seule) autobiographie de Murakami, la volonté de l’écrivain est réellement contagieuse. Déjà que Haruki est dans les petits papiers du Tigre, ce texte assez court au final a eu un écho particulier dans mon esprit. Je tiens à ce titre à préciser que je déteste le jogging. Trop long, trop dur, je préfère une séance d’elliptique ou un sport associant puissance et l’agilité (mâtinée de quelques réflexes).
En avril de l’année 1978, Murakami décide de vendre son club de jazz afin d’écrire un roman. En parallèle, et ce pour ne pas se laisser aller, à l’écriture se joint le jogging. Des débuts balbutiants aux multiples marathons aux quatre coins du monde, le lecteur sera dans la tête du fameux auteur. Écrit quelques semaines avant le marathon de NYC, la mémoire de l’auteur semble infaillible.
Sa manière de se confier, de se raconter est intéressante et terriblement séduisante. Beaucoup d’analyse sur le comment de la course, en quoi écrire et courir se rejoignent, les raisons d’avaler les kilomètres sans broncher, les impressions avant, pendant (à quoi pense un marathonien ?) et après, tout est abordé.
Sur le style, c’est tout ce qu’il y a de japonais : pas de familiarité, une retenue toute orientale au service d’un but : courir et écrire, deux activités qui au fil de l’essai se révèlent indissociables. L’esprit et le corps à l’unisson, c’est beau. Du coup, on a l’impression qu’un professeur (voire un ami) nous narre son programme, les difficultés et joies qui se présentent.
Autoportrait… se lit donc fort vite, et est un passage littéraire obligé pour tout joggeur qui se respecte. Pour le non sportif à la Churchill, peut-être vous changerez d’avis. Au moins vous comprendrez un peu mieux « l’esprit running ».
Ce que Le Tigre a retenu
Premièrement, la volonté de l’auteur. A 30 ans bien sonnés, vendre son club pour écrire, ça passe. Avec sa vie de tenancier d’un établissement nocturne, le mode de vie de l’auteur n’était pas optimal. Trois paquets de clopes par jour en sus, Le Tigre a été pantois devant un tel homme qui se met progressivement à courir. L’arrêt de la cigarette s’est naturellement imposé, et, malgré la violence perçue par son corps au début, Murakami n’a pas une seconde songé à arrêter les frais.
Deuxièmement, cet ouvrage est aussi une invitation au voyage. En plus du « voyage intérieur » (oh c’est niais) du marathonien pendant ces 42 bornes, été comme hiver, Murakami a couru dans un beau paquet de destinations : Nord du Japon, Hawaï, Boston, Grèce (avec une équipe de journalistes),… Chaque endroit apporte son lot de variations (infimes ou plus triviales) qui sont grandiosement décrites, le lecteur se fait plaisir et souffre de concert avec l’écrivain.
Troisièmement, et on s’en doute, il appert, qu’au-delà de l’immense douleur des premières sessions, courir constitue rapidement une sorte de drogue. Le Japonais a rapidement besoin de sa dose quotidienne de running, et comme tout bon drogué augmente progressivement la cadence. Sauf que c’est bon pour la santé. En partie, parce que les articulations en prennent pour leur grade.
…à rapprocher de :
– Cet essai est un amuse-gueule plus que savoureux vers quelque chose de bien plus ambitieux, à savoir la trilogie 1Q84 du même auteur. Ou Les amants du Spoutnik, qui tient bien la route. Pour ma part, j’ai une préférence toute particulière pour Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil.
– Un autre auteur a écrit une biographie, lue par Le Tigre, c’est Irving et sa Petite amie imaginaire. Moins bon.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet essai via Amazon ici.
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Certainement l’un des livres les plus personnels de Murakami et des mieux construit (à la différence de 1q84). On se prend à vouloir enfiler ses baskets et faire preuve d’une rigueur martiale pour progresser et repousser ses limites (dans la douleur). C’est une très belle lecture pour les coureurs et ceux en devenir
Rigueur martiale, mais pas au point d’un Mishima. C’est vrai que j’ai aussi failli chausser mes baskets pour faire quelques pâtés de maison. Mais un autre livre m’attendait…
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Convaincue ! Merci.
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