Ne vous inquiétez point, cher lecteur, Le Tigre ne va pas vous taper la discute au sujet d’un chaton prisonnier dans une caisse et dont la survie, selon un savant au nom vaguement germanique, dépendrait d’une cantique quonnerie. Pas le genre de la maison, on n’est pas là pour s’instruire. Seulement tenter de se mettre à niveau des félins. Donc très très bas. Préparez les pelles.
Qu’est-ce donc la boîte dans laquelle aime se prélasser mon chat ?
Soit vous êtes un habitué du Tigre donc vous ne me tiendrez peu rigueur de mes répétitions, soit vous êtes tombé au pif sur ce billet et il y a quelque chose que vous devez absolument savoir : si je me suis mis en tête de publier des articles traitant autour du noble animal qu’est le chat, c’est avant tout pour sucrer le trafic internet qui, d’habitude, échoue sur les ineptes bloguoputasseries racontées par les blogueuses trentenaires (et encore). Il faut que cela cesse.
Hélas, mille fois hélas, je suis parfois contraint à utiliser les mêmes armes que les forums d’amis de chatons. L’une d’elle est la photographie, média que Tigre maîtrise autant que Mélanie Laurent son jeu d’actrice – comprenez, je suis une buse. Donner des photos, ça peut toutefois m’éviter quelques lignes d’oiseuses descriptions. Dont acte.
Voici ce qu’est une boîte de chat. Si le gentilé scientifique adéquat serait un « pavé droit en carton », la définition communément admise est la fameuse « caisse à vinasse », voire la « boîte à chaussures ». Il s’agit d’un contenant plus ou moins protecteur dans lequel votre minou a fermement décidé d’établir sa base.
Il peut y rester cloîtrer des heures comme un gland, voire pioncer dedans tel un vampire de série Z. Mais pourquoi cette attirance plus que suspecte ?
Pourquoi mon chat reste dans sa boîte ?
Pour les besoins, on appellera le maton « Shröder ». J’aime bien ce nom dans la mesure où c’est à la fois la contraction de Shrödinger et une subtile référence à un politicien qui, à l’inscat du char (contrepèterie aisée), est un vrai planqué. Tigre a un esprit carré, aussi les quatre raisons de l’adoption de la caissette sont les suivantes :
Premièrement, la chaleur. Les félins, comme tous les mammifères j’ai l’impression, adorent se lover au chaud dans des endroits souvent exigus. J’analyse cela comme une sorte d’irrésistible envie de retourner dans le ventre de sa maman où on était si bien. Une sorte d’irrédentisme du vagin, comme le disait si bien un auteur (en lien). C’est pour cela que la presque poubelle en question sera dans un matériau qui retient bien la chaleur.
Ne vous étonnez pas si Shröder boude la mini-piaule faite d’or ou de marbre que vous lui avez conçue. Ce n’est pas par snobisme ou parce que, d’extraction bâtarde, il se sent indigne de loger dans un tel luxe. Seulement parce qu’il se les pèle.
Deuxièmement, la protection. J’en parlerai dans un autre article, toutefois je peux vous dire que le bide d’un chat (voire son flanc) est une partie de son anatomie la plus fragile. Plus Shröder est gros, plus son ventre blanchâtre ressort lorsqu’il est en position allongée. Or, une caisse dont les côtés dépassent les vingt-quatre centimètres constitue un solide rempart et une impression de sécurité (certes relative).
Tel Le Tigre qui ramasse son savon dans les bains publics, l’instinct du chat est porté sur la paranoïa et l’idée qu’à tout moment une couille peut survenir. Ce sentiment est renforcé lorsque le fauve se sait en position délicate, que ce soit vautré sur le côté ou en train de piquer un roupillon. Soit Shröder se carapate dans un endroit fermé, soit sous votre lit. C’est notamment la raison pour laquelle il convient de placer la box dans un renfoncement, du moins dans un coin d’une pièce de votre logement.
Troisièmement, l’espionnage passif. Paradoxalement, mon Gerh..euh Shröd’ n’aimait pas la caisse que je lui avais amoureusement préparée au fin fond de ma cuisine. C’était pourtant proche de sa gamelle, cependant il ne devait pas y avoir assez d’ambiance selon lui. En effet, le petit félin semble particulièrement friand des spots où plein de monde passe sous ses yeux. Pour preuve, le mien m’a souverainement obligé à mettre son cageot près de la porte d’entrée. Pas con, il peut en profiter pour se barrer en loucedé dès que j’arrive au foyer.
Le chat adore voir s’agiter le bon peuple autour de lui, cela confirme l’idée selon laquelle tout tourne autour de sa petite personne. Même lorsque celle-ci nous fait l’honneur de dormir. A ce titre, et très franchement, ça montre bien que la psyché féline ne dépasse pas le niveau d’un gosse qui rêve de voir son pieux s’envoler et parcourir le monde environnant. A six ans, c’est séduisant, mais à douze, personne n’aimerait être ainsi exposé à la vue de tous en voletant emmitouflé dans sa couette à l’effigie des Chicago Bulls.
Quatrièmement, la chasse. Ça va bien trois secondes d’observer ce qui arrive autour de soi, et à un moment il faut en tirer un profit direct. Cette position de tireur embusqué ne sert qu’à une chose : vous sauter dessus lorsque vous vous ne vous y attendez le moins. C’est pourquoi, d’expérience, lorsque je marche devant Shröder qui est en mode « tigre prêt à bondir », je lui fais comprendre que je l’ai vu en lui babillant des conneries à son attention, en plus de passer à une distance respectueuse. Marcher sur les talons (faire du bruit) est une option également, comme dans le désert pour faire fuir les serpents.
Pour conclure cette partie, ce foutu carton est l’équivalent du « pouce » que vous brandissiez, jeune, lors d’un jeu de main/vilain lorsque vous supputiez la honteuse défaite. Mais comment faire perdre ces qualités à la boîte à chat ?
Comment faire sortir Shröder de sa boîte ?
[Avec un titre pareil, il y a de fortes chances que d’érudit géopoliticiens portés sur les relations Allemagne-Russie tombent sur ce billet. Désolé à eux.]
Mon vétérinaire (qui ne m’aime guère, allez savoir pourquoi), quelques nanas mal embouchées, Brigitte et d’autres idiots contrits me rappellent souvent que cet objet est son sanctuaire, qu’il ne faut en aucun cas lui ôter ce havre de sécurité, que sinon son épanouissement peut être gravement mis en danger, etc… Merde, lâchez-moi la grappe et arrêtez vos jérémiades ! J’ai le sentiment que vous faites semblant d’ignorer que vous tenez votre chat par la couille droite avec sa boîte (la gauche étant tenue par votre pistolet à eau).
Le carton, c’est le principal point faible de Shröder. C’est justement parce qu’il s’y croit en sécurité que toute violation de cet espace doit correspondre à un évènement extrêmement grave. Sinon vous allez l’angoisser plus que de raison. Et qui dit félin angoissé, dit beaux vêtements de pisse tâchés. Néanmoins, il reste loisible de mettre en place un système dit « action/réaction » qui agira comme un basique réflexe de pavlov chez le félin.
Je m’explique : le but est de montrer à mon chat qu’il ne peut impunément pourrir mon propre environnement, sinon je lui déglingue le sien. Shröd’ chie dans ma douche ? Je vomis dans sa boîte. Le chat miaule toute la nuit devant une porte ? J’installe ma chaîne hi-fi à côté de son carton. Il se fait les griffes sur mon costard de qualité italienne ? Je lui brûle les papiers de son antre à l’aide de bougies papales.
A ce rythme, votre fauve comprendra vite qui est le boss. Le petit plus est de nettoyer / réparer / changer son carton concomitamment à la réparation de ses égarements, il y verra sans doute une relation de cause à effet. Vu la taille de leurs cerveaux, ne rêvons pas non plus.
Conclusion mise en boîte
Le titre de ce volume de l’encycatpedia est très large, mais ne doit pas être confondu avec d’autres billets présents (un jour ou l’autre) sur QLTL, notamment : quelle réaction adopter quand mon chat boite ; comment faire entrer le chat dans sa cage avant un voyage ; ou comment dé-boiter le cul de ma chatte (en chaleur).
La leçon principale est que mettre en place un douillet confort pour son animal préféré ne doit pas se faire sans contreparties, autant être aussi intéressé que votre chat. D’ici là, j’espère que vous respectez mes petits cousins comme je le fais.
Félinement votre.
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