Et pourquoi ce site à la con tourne autour du tigre, hein ? Lecteur arrogant, j’ai bien entendu ton message. Laisse moi t’éclairer en un petit millier de mots d’accord ? Si j’ai choisi l’avatar tigresque pour représenter mes activités de lecture, ce n’est ni pour me faire mousser ni pour monopoliser les recherches internet pornographiques vaguement zoophiles.
Quoi ?
Vous avez remarqué que je n’hésite pas à filer la métaphore autour du félin. Tout petit déjà, j’étais fasciné par l’animal. Capable de rester bloqué connement des heures devant les cages, trop petites, de ces illustres animaux. Et bien sûr le tigre du zoo n’en foutait pas une. A peine s’il consentait se débloquer la mâchoire en baillant, alors pour lever son derrière et faire quelques pas on attend encore. Mais derrière cette nonchalance de façade je pressentais la puissance, formidable et intimidante.
Cette passion a été délicieusement confirmée lors d’un long séjour en Chine. Malgré mon signe astrologique simiesque, un vieux magnétiseur (ou son sino-équivalent) a tout de suite reconnu en moi un tigre. Bon, il était surtout malin l’ancêtre : entre mon pendentif en forme de l’animal, ma longue chevelure fauve; mes yeux « jaune pisseux » et surtout les liasses de Yuan que je tenais dans la paluche droite, même le mentaliste du dimanche saurait quoi dire… En attendant, comme le dit un proverbe asiatique, je me contente d’un chat pour caresser le tigre.
Pourquoi un tigre ?
Ce sutra, en plus d’éclairer le curieux, est aussi destiné à poser, tel un conquistador blogueur, le drapeau de l’identité du Tigre sur le vaste monde. Il n’y a qu’un tigre littéraire, et vous êtes sur son site. Point barre. Ce post sera évidemment versé à tout contentieux. Je suis même à deux griffes de l’antidater à compter de janvier 1980, tant qu’à choisir une des nombreuses dates de la création du net. De surcroît je n’étais pas né… Voici donc, en cinq raisons, le pourquoi du choix du noble bestiau :
Premièrement, je suis de la catégorie maniaque « jaloux comme un tigre » concernant le support littéraire. « Chiantissime » serait sans doute plus approprié. J’entretiens aussi soigneusement tout ouvrage qu’une maman tigre protège ses petits. Les formalités imposées par un loueur d’appartement parisien ne sont que d’aimables recommandations à côté de mes conditions de prêts.
Deuxièmement, un tigre (comme beaucoup d’animaux certes) est un habitué du marquage intensif de son territoire. Y’a qu’à voir comment mon chat se soulage furieusement sur les vêtements qui me sont les plus chers (par jalousie ou incompréhension de ce qu’est un habit ?). Mais pour un livre, pas question de griffer la couverture ou lâcher quelques gouttes entre les pages (sauf peut-être sur des œuvres de Manara, mais c’est une autre histoire).
Du coup, j’ai adopté quelques techniques de mon cru. D’abord, enregistrer tel un comptable de province tout ce que je lis. Ce blog est ma toute dernière base de données, après les fiches ou un dossier numérique. Ensuite, tamponner à mon nom (plusieurs fois, tant qu’à faire) tout support papier m’appartenant. Du plus beau titre de la pléiade à la plus insignifiante carte d’anniversaire. Il n’y a pas de petites publicités. Au début c’est amusant, ensuite ça devient ridicule, enfin ça fait partie de la tradition…
Troisièmement, j’ai un comportement vis-à-vis de ma proie intimement proche d’un tigre. Mes séances de lecture sont ce que la chasse à la gazelle au buffle est au tigre : majoritairement au crépuscule, voire la nuit entière lorsque ça me plaît. En outre, comme tout bon prédateur, j’observe le livre un bon moment et attaque à une vitesse phénoménale grâce à un sens aigu de la lecture.
Plus prosaïquement, il arrive de me bâfrer comme un sagouin lorsque j’en ai le temps. Lire avec avidité, ne pas s’arrêter, jusqu’à écœurement. Fort possible que ce n’est pas la manière adéquate de lire ses classiques (que j’ai tendance à oublier), hélas c’est mon modus operandi.
Quatrièmement, certains tigres apprécient manger leur viande lorsque celle-ci est en début de décomposition. La laisser s’attendrir quelques jours, puis lui faire un sort. Tout comme moi : déjà, pour des considérations bassement financières et éminemment logistiques, je ne lis presque que des poches. Entre la sortie d’un roman et celle du poche, il se passe quelques mois. Belle décomposition. J’ai calculé que si mes livres de poche se transformaient du jour au lendemain en gros formats, j’irai dire deux-trois mots à la b(c)onne fée responsable du foutoir : 72% d’augmentation en volume, mes bibliothèques seraient dans le même état que les prisons françaises.
Enfin, lorsque le bouquin est acheté (ou mieux, offert), je n’hésite pas aussi à le laisser croupir quelques semaines avant de l’attaquer. Le courrier en retard de Lagaffe n’est pas si dramatique à côté de ma PAL (pile à lire pour les touristes). Cependant, ça ne m’empêche pas de lui faire de l’œil tous les jours. L’entendre frétiller de peur est un plaisir récurrent dont il ne faut point se priver.
Cinquièmement, et à titre plus personnel, je possède un métabolisme digne d’un tigre : aucune souplesse, mais une agilité et des réflexes à côté desquels l’infâme art du pick-pocket n’est qu’un hobby de vieilles carnes décaties et sous valium. Aucune endurance (le jogging n’est pas du tout mon fort), tout en puissance. Cela reste relatif bien sûr.
En regardant Discovery Channel, vous verrez comment l’animal tape son sprint pendant quelques dizaines de mètres et abandonne quand il voit que ça prend des tournures de centième de marathon. En revanche, dès qu’il joue à saute mouton sur la pauvre bête pourchassée, quelle beauté. Bref, le physique de gardien de but. D’ailleurs, si vous en croisez un avec ce nom (Le Tigre) suivi du numéro 1 ou 12, c’est forcément votre serviteur. J’offre un bon gros hug à tous ceux qui me reconnaîtront.
Conclusion tigresque
Pourquoi cinq causes ? Le géographe en herbe saura faire le lien avec les bébés Tigres asiatiques : la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie, le Viêt-nam et les Philippines. Car ce n’est ni en Amérique du Sud ni en Afrique que vous pourriez espérer tomber sur le Panthera tigris.
Premier sutra, car impérieuse nécessité de justifier le nom du blog et souligner, autant que faire se peut, qu’une petite place sur l’olympe francophone des animaux internetisés est prise. Si le lion est le roi de la jungle numérique, Le Tigre espère en devenir le parrain. En revoyant mes ambitions chaque jour à la baisse…un poste de soldato m’irait aussi.
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