« Oh mon Dieu quelle exemple de mauvais goût… » C’est avec raison que votre première réaction peut ressembler peu ou prou à cela. En tout cas ce fut la mienne. Néanmoins ce dessin me fut envoyé par une connaissance à qui j’avais vaguement promis de mettre son gribouillage sur mon blog. Voici ce qu’elle a pondu pendant un cours où elle s’ennuyait plus que d’habitude. En une petite heure, il faut reconnaître une productivité certaine (en matière de fantasy, c’est hélas souvent le cas).
J’ai donc nommé cette chose Star Wars versus Fantasy. Star Wars déjà, avec le gros truc en plein milieu du dessin qui prend une place indécente. Certes le centre ressemble à un noyau atomique, mais les deux plaques sur les côtés rappellent furieusement les terribles chasseurs TIE de l’Empire. Ce n’était sûrement pas le but de l’illustratrice, Tigre s’en moque au demeurant. Fantasy car ces petits animaux avec des ailes qui gambadent gaiment dans un paysage d’un insupportable onirisme ne méritent pas d’autre nom. Cette illustration a le don de regrouper tout ce qui porte sur les nerfs du Tigre, pourtant d’une zénitude à toute épreuve :
Premièrement, ça part dans tous les sens. Malgré ses ailes, le tigre en bas à gauche est la seule chose qui m’a paru logique au premier abord. Sauf qu’en y regardant de plus près, et bah de logique il n’est point. Rien à en tirer. Nada. Nichts. Six animaux ailés qui gravitent autour d’une monstruosité à partir de laquelle Dark Vador pourrait jaillir comme un vilain diable, des étoiles en veux-tu en voilà, une perspective hasardeuse où on se demande si à gauche y’a du vide, bref entre écouter son professeur parler ou s’appliquer sur le thème du dessin il faut faire un choix.
Deuxièmement, les bestioles et le paysage ont une sinistre saveur que je qualifie de « fantaisiste ». Or la fantasy, c’est un peu, avec Musso et Lévy, ma bête noire. Je n’y arrive pas, impossible d’accrocher. Sans doute un trauma infantile, notamment lorsqu’une vieille tante m’a un jour offert La communauté de l’anneau. Oh que ce fut long, j’ai cru ne jamais pouvoir en arriver à bout, puis toutes ces créatures ça ne rimait à rien. Comme un idiot j’ai menti en disant que cela m’avait plu, imaginez la tête que j’ai faite lorsqu’elle m’a offert les deux suites. Je savais, au fond de moi, que je n’allais pas m’en tirer aussi facilement.
Troisièmement et dernièrement, le format. Dans « iconographie du Tigre », il y a le terme icône. Dans mon esprit étriqué, une telle image (d’obédience orthodoxe très souvent) se doit d’être carrée. Et depuis le temps que je radote à l’illustratrice que je n’accepterai qu’un tel format, Tigre pensait avoir mis les choses au point. Que nenni, je reçois un joli scan d’une feuille A4. Du coup j’ai coupé comme j’ai pu, mais ai remodelé le tout en carré. C’est pourquoi le tigre de la présente iconographie semble relativement obèse.
Pour conclure, sur la fantasy, ne me jetez pas de suite la pierre, Ursula Le Guin m’a procuré beaucoup de plaisir avec son Terremer. Sinon, si vous m’envoyez un dessin, vous prenez le risque que je ponde un billet de la sorte. Pas contre votre art, non. Mais je n’hésiterai certes pas à égratigner vos choix de représentation, mais sur le dessin même je ne dirai rien : Tigre gribouille comme il chante. Et à l’église ils ont pas mis longtemps à voir ce qui clochait dans la chorale. 200 enfants braillant, une harmonie musicale foutue en l’air, une personne responsable, Tigre vite dégagé.
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