Troisième roman de Dantec, qui se lâche enfin. Cyberpunk mâtiné de guérillas apocalyptiques, le tout baignant dans une sauce de philosophie (politique, religion, sciences) un peu foutoir. Réjouissant et complexe, on aime ou on déteste. Celui-ci, Le Tigre a adoré.
Il était une fois
Terre, 2013 (sic). Hugo Toorop (héros de La Sirène rouge) a une nouvelle mission : escorter Marie Zorn, jeune femme, de la Sibérie jusqu’en Amérique du Nord. Tout ça pour une secte. Or Marie est enceinte de jumelles génétiquement modifiées. Ce qui la rend tout particulièrement spéciale, c’est que ses enfants sont censés représenter le prochain stade de l’évolution de l’Humanité, où génétique et savoir inné ne font qu’un. Tout le monde semble vouloir accéder à la jeune femme, et le corps de Toorop peut-il rester indifférent à tant de puissance émanant de Marie ?
Critique de Babylon Babies
Avis à la population ! Tous ceux qui pensent qu’après avoir vu le navet film Babylon A.D., tout serait dit et nul besoin de lire le roman à l’origine de cette œuvre, permettez au Tigre de ne pas être d’accord. Plus de 700 pages aussi denses, ça ne peut être cinématographié. Et lorsque cela a été tenté, Katastrofe…
Pas facile sinon de faire une critique d’une telle œuvre, car celle-ci se situe entre les polars encore un peu compréhensibles (Les Racines du mal) et les opus abscons philosophico-scientifiques qui partent dans tous les sens (Grande Jonction,…), tout en se rapprochant de ces derniers. Tout ce que je peux dire, c’est que c’est sûrement le meilleur Dantec à lire.
L’intrigue est plus complexe qu’il n’y paraît, et se révèle énorme en plus d’être ambitieuse. Sur fond de guerres généralisées où factions et États en déliquescence luttent de partout, un ancien mercenaire doit transporter une jeune femme. Cette dernière personne ne représente rien de moins qu’une étape de grande ampleur dans le transhumanisme, et tous la veulent comme cobaye. Ce roman est important dans la mesure où c’est un peu le socle des oeuvres cyberpunk de Dantec qui vont suivre.
Babylon Babies est certes loin d’être parfait : déjà la taille de l’ouvrage, qui pourrait en rebuter plus d’un. Ensuite le style, ça part dans tous les coins avec des phrases interminables. De temps à autre, l’humour ou la poésie pointent le bout de leur nez. Le verbalisme peut avoir du bon, lire des pages dont on ne se souviendra de rien laisse une impression de légèreté plutôt paradoxale.
Bref, livre osé et exigeant, certains pourraient toutefois estimer (à juste titre, je ne sais pas) que l’auteur se fout de notre gueule avec ses principes fumeux. Je n’ai pas eu cette impression.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le thème central me paraît être ce que représente la fille, une sorte de mutant qui va faire sortir l’Humanité de ses gonds (si ça parle comme expression). Dantec s’appuie sur la théorie de l’ADN « mémoire », à savoir que certains brins de cette molécule renferment potentiellement tout le savoir humain. La matière noire appliquée à l’individu en quelque sorte. Si on parvient à activer ces propriétés, nous arrivons à avoir « l’homo neuromatrix », l’Homme glorieux dont l’esprit est branché sur la connaissance. Séduisant, toutefois il ne faut pas trop s’attarder sur les fondements scientifiques de l’intrigue (le charme peut vite disparaître).
Le style Dantec. Les nombreux délires (il n’y a pas d’autres termes) de l’écrivain peuvent insupporter. Pour ma part c’était sympathique, disons que Le Tigre s’est laissé porté sans faire attention aux incohérences ou autres petites erreurs du texte. Dantec a de l’imagination, trop sans doute, et c’est plus fort que lui il digresse à profusion. Comme il le raconte dans un de ses essais, imaginez l’auteur qui se fait un cocktail de vitamines le soir et écrit, seul face à son ordinateur, jusqu’au petit matin avant d’accompagner ses gamins à l’école. Et bah le gars, il va coucher sur papier ce qui lui passe par la tête. La relecture, quelle relecture ?
…à rapprocher de :
– La suite directe de Babylon Babies est sortie en 2012 : Satellite Sisters. Très mauvais hélas, à éviter.
– D’autres titres sont bien pires (ou meilleur, c’est selon) : Grande Jonction, Cosmos Incorporated,…
– Dantec a produit une autre saga qui a plus d’envergure : Liber Mundi : Villa Vortex, Metacotex, et un dernier dont j’ai oublié le nom.
– Si vous accrochez un peu plus sur l’aspect « philo » du personnage, il y a ses LCG (Laboratoires de catastrophe générale) qui sont fort denses.
– Sinon, il reste le très court Comme le fantôme d’un jazzman dans la station Mir en déroute. Texte court, titre long. Et inversement, au moins c’est clair.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
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J’ai croisé ce bouquin dans une boîte à livres de ma ville, et vu que je me souvenais d’une critique du Tigre, je l’ai pris.
Je viens de le commencer, et si j’en crois la critique, j’ai bien fait.
J’donnerais mon ressenti quand je l’aurais terminé !
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