VO : The Andromeda Strain.. Un satellite ramène un virus extra-terrestre mortel dans un patelin d’Arizona, la machine scientifique américaine se met en branle. A mi-chemin entre le thriller scientifique et le documentaire sur une cellule de crise particulière, ce roman se révèle assez pénible car ayant salement vieilli. Heureusement que l’auteur maîtrise son sujet et a su se faire didactique – même si ça fait parfois pompeux.
Il était une fois…
Un satellite chargé de récupérer des virus dans l’espace (déjà, n’ai pas bien saisi comment c’est possible) rempli sa mission au-delà de toute espérance : en atterrissant à Piedmont, celui-ci contamine la bourgade. Tous les habitants meurent sur le coup, à l’exception notable d’un vieil homme et d’un bébé. Immédiatement, le programme Wildfire du gouvernement américain est enclenché. Quatre scientifiques aux profits différents sont dépêchés et vont œuvrer, dans un labo ultrasecret, aux fins de trouver une parade.
Critique de La Variété Andromède
Pour un ouvrage écrit en l’an de grâce 1969, ça aurait pu être plus chiant à lire. Mais c’est loin d’être fameux pour autant. L’odeur tenace de poussiéreuses considérations scientifiques se mêle allègrement à la sueur de l’auteur américain désireux d’introduire le lecteur dans le saint des saints d’un programme gouvernemental pas si improbable : wildfire.
En gros, la couille dans le potage arizonien (le satellite bourré de microbes qu’un docteur de la ville ouvre telle une boite de Pandore) est suffisamment grave pour mettre en route un ordinateur qui convoque une poignée de savants dont j’ai déjà oublié les noms (à part ce pauvre Hall). Ceux-là sont envoyés dans un laboratoire souterrain à côté duquel le labo P4 de Lyon a des procédures de sécurité dignes d’un jeu du parfait chimiste. De cet endroit cloisonné, nos amis travailleront à déterminer la nature du mal qui s’est répandu dans Piedmont, et le moyen de le combattre. Avec, comme mesure ultime, le déclenchement automatique d’une arme nucléaire pour éviter tout risque de prolifération – la fameuse stratégie de l’étranger, homme clef célibataire qui aura la lourde tâche de décider qui doit vivre ou mourir.
Si vous cherchez du suspense et de monstrueuses mutations portées par un virus E.T., passez de suite votre chemin – ceci n’est pas de la SF. Crichton s’est surtout attaché à conter, dans les grandes largeurs, un mécanisme complexe et en apparence efficace où tout est censé être anticipé. Ordinateurs surpuissants (enfin à l’époque), structures mégaprotégées qui coûtent une blinde, tout ça pour récupérer des organismes étrangers – et, potentiellement, confectionner une chouette arme bactériologique. L’écrivain a poussé le réalisme jusqu’à intégrer, au milieu du texte, des éléments tels que graphiques, cartes, extraits de rapports, communications d’ordinateurs, et dessins pixelisés de singes contaminés – associés au style fluide Michael C., le bouquin se laisse lire.
Alors, quoi en penser ? Le félin est parvenu à aller jusqu’au bout pour connaître le fin mot de l’histoire, lequel donne à réfléchir (la fureur une fois passée). Sinon, La Variété Andromède a pris beaucoup de rides, comme si le Mur de Berlin lui était tombé sur la gueule, brique par brique. Notamment lorsque Crichton nous fait état des avancées scientifiques de la fin des années 60 et comment celles-ci sont mises en œuvre par des ordinateurs qui ont moins de RAM qu’une famicon.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
A mon sens, le roman a surtout comme intérêt de présenter, par le menu, l’état de la recherche américaine à l’orée des années 70. Les projets en cours de développement sont certes exagérés voire fantasmés (la robotisation à outrance par exemple), cependant on mesure l’excitation des diverses percées à une période caractérisée par une intense compétition avec le bloc communiste. D’ailleurs, ça ne m’étonnerait pas que ce roman a été rapidement traduit en russe, histoire de mettre la pression aux Popovs.
Accessoirement, nous apprenons comment fonctionne la recherche d’un antidote : c’est une enquête au cours de laquelle il faut avoir une idée précise du meurtrier et de la manière dont il opère. Les étapes, erreurs commises, compte-rendu d’analyses, et puis démerdez-vous ! D’ailleurs, je vous ai dit comment ça se termine ? [attention spoil] Grossièrement, ils ont juste eu le temps de savoir comment éviter de mourir (en acidifiant son corps, hu hu) mais passée l’urgence de l’explosion nucléaire avortée, la situation n’est pas si critique : le virus va naturellement remonter dans l’atmosphère, là où il y a moins d’oxygène, et tout le monde il sera content. [Fin spoil]
A première vue, ce dénouement est un petit scandale comme on en fait rarement. Vraiment ? En fait, on peut en tirer quelques enseignements. 1/ Si quelque chose doit foirer, ce sera en raison d’un détail. Ici, la contamination à cause d’un joint qui pète. Crichton a inventé l’effet O-Ring avant Challenger, chapeau mec ! 2/ L’Homme est plus dangereux que la nature, l’explosion nucléaire aurait éparpillé et renforcé la Variété Andromède (nom dont est affublée la cellule E.T.) comme jamais. 3/ Rien ne sert de rechercher de la vie extra-terrestre pour l’apporter sur Terre, faut mieux l’étudier là-haut.
Parce qu’il faut conclure, voilà comment je définirais ce roman : c’est l’histoire d’une grosse panique pour un virus qui n’avait pas vocation à débarquer sur la Terre, et les scientifiques en charge du problème étaient plus proches de faire péter une région à l’arme atomique que trouver un antidote. Échec, donc.
…à rapprocher de :
– Crichton a ses entrées sur le blog, à savoir : La proie (les nanotechnologies, brrrr…) ; L’Homme Terminal (les neurosciences, achtung !). D’autres suivront un jour.
– Je me demande si un film n’a pas été tiré de ce roman. A vérifier.
Je confirme, un film est sorti en ’71 et un téléfilm en 2008, les deux (à mon avis), étant tout à fait dispensables.
ça me donne envie de jeter un œil quand même
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