[VO : The Two Minutes Rules]. Un ancien taulard à la recherche des meurtriers de son fils aidé d’une ancienne du FBI qui reprend du service (officieusement), imaginez les liens complexes qui peuvent se nouer. Enquête rondement menée dans le milieu peu net du LAPD, style plaisant et fluide, néanmoins tout ceci ne casse pas trois pattes à un canard.
Il était une fois…
Copier-coller de l’éditeur (je vous expliquerai pourquoi dans la partie suivante) :
« Il existe une règle d’or chez les braqueurs de banque : ne jamais rester plus de deux minutes sur le lieu du crime, sinon direction prison. Max Holman en a fait les frais…
Dix ans plus tard, lors de sa libération, il s’apprête à renouer avec son fils Richie dont il ne sait plus rien, sauf qu’il est devenu policier. Mais au lieu des retrouvailles, il découvre que Richie a été abattu en service.
Déterminé à le venger, Max se met en chasse des meurtriers et fait appel à la dernière personne en qui il a encore confiance : Katherine Pollard, ancien agent du FBI, celle-là même qui l’avait arrêté. À eux deux, ils vont mettre le doigt dans un engrenage infernal où sont impliquées des huiles de la police de Los Angeles… »
Critique de Deux minutes chrono
Nul besoin d’en rajouter avec ce quatrième de couverture plus que complet. Trop peut-être. Car lorsqu’il est dit que les grosses huiles de la flicaille de L.A. sont plus ou moins concernées par ce qui se passe, on peut facilement se douter qu’il est question de manœuvres peu nettes au sein de l’institution policière. Et; l’air de rien, les ficelles tirées par l’auteur américain apparaissent encore plus grosses que d’habitude. Les vilains par leurs comportements ne le sont pas tant que ça, et (forcément) ceux qui apparaissent inoffensifs vont réserver leur petit lot de surprise.
Pour faire simple, ce roman est celui de deux parcours d’un certain « retour à la vie ». Recouvrer la liberté pour Max Homan, ancien braqueur gentleman qui en a gros sur la patate et a hâte de retrouver un fils – Richie, fraîchement policier et qui ignore superbement son criminel de paternel. Sauf que le fiston s’est fait buter avec trois autres flics dans des circonstances assez bizarres. Pas le meilleur moyen pour une réintégration, dont les étapes sont plutôt bien décrites – le correspondant permanent, la liberté progressive, le premier logement dans un hôtel tenu par un gentil connard, etc. Et cette question lancinante : le meurtre de son fils est-il en rapport avec une bande de braqueurs de bas niveau décrits en début de roman ? [accessoirement, la réponse est oui]
Quant à Kat’ Pollard, on sent l’ex flic un peu en chien (travail et vie amoureuse) qui ne semble plus savoir à quel saint se vouer – divorcée, sans tunes, deux enfants à charge, ça fleure la défaite. Rien à voir avec la blondasse de la couverture qui tient un téléphone (cette dernière personne ne correspond à RIEN dans le roman). Katherine secondera Max et, grâce à ses relations au sein du FBI, lèvera quelques lièvres et attirera l’attention sur elle – notamment vis-à-vis de son ancien boss avec lequel une relation père sévère/fille apeurée semblait s’être installée. La plus-si-jeune-ni-belle femme apprendra à connaître Max, ancien ennemi, aussi une curieuse relation s’installera entre eux – d’une confiance limitée à un soutien mutuel bénéfique, avec juste ce qu’il faut de tension sexuelle.
Que penser de cet ouvrage ? Bon, cela n’a beau pas être ennuyeux, toutefois Deux minutes chrono n’a ni la puissance ni profondeur d’un polar à la Robert Crais. Comme si ce dernier avait pris une pause et s’était contenté de son écriture efficace (moins de 500 pages qui se laissent lire facilement) pour un scénario assez plat. Sans doute parce que Elvis Cole et Joe Pike, héros traditionnels de l’écrivain américain, n’ont rien à voir avec le présent titre. Voilà donc de quoi reposer son cerveau et se laisser entraîner par ce one-shot sans envergure.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Deux minutes chrono. Pas une de plus. Il ne s’agit pas des exploits sexuels de votre serviteur (douche comprise) avec les femmes de ses amis blogueurs, mais d’une règle supposément connue de tout voleur de banques. Celle qui veut que dès que vous entrez foutre la merde dans une banque, un salopiaud donnera forcément l’alarme. La maréchaussée arrivant assez rapidement, tout braqueur qui se respecte aura au mieux 120 secondes pour faire son office. Max Homan s’est fait prendre parce qu’il a eu la décence de revenir dans l’établissement sauver un couillon en pleine crise cardiaque. Il se servira de cette règle des deux minutes, au cours du roman, pour sauver ses petites fesses.
Père braqueur de banques, fils qui venait de rejoindre la police. Trivialement se pose la question de la reproduction des tares génétiques. Richie était-il un pourri, auquel cas la devise « tel père tel fils », terrifiante, serait vérifiée (et ce au plus grand dam de l’ex-femme de Max, décédée) ? Un père qui a perdu dix piges en zonzon et dont le peu d’espoir repose sur un fils imaginé comme intègre peut-il supporter de le savoir comme un ripou ? La survie éthique du vieil héros semble reposer sur un fiston idéalisé, et ses découvertes lui offriront un ascenseur émotionnel qui se terminera, happy end oblige, par une douce libération : Holman Jr. était une sorte d’agent double devant se faire passer pour un corrompu. Presque comme son père, qui fut un temps délinquant mais semble être sur la voie de la rédemption.
…à rapprocher de :
– De Crais, il faut surtout saluer les romans mettant en scène les éternels Elvis Cole et Joe Pike. Dans l’ordre de parution, ça donne : Indigo Blues ; L.A. Requiem ; Le Dernier Détective ; L’homme sans passé (mouais) ; Mortelle Protection (malgré le titre à la con, c’est cool) ; A l’ombre du mal ; Règle numéro un ; etc.
– Sans les héros habituels, Otages de la peur mérite d’être lu.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Robert Crais – Mortelle protection | Quand Le Tigre Lit
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