Sous-titre : L’île du désespoir. Après le décès d’un allié de poids, un autre pointe le bout de son nez. Encore un freak dont le cerveau, déglingué, parvient à imaginer un plan pour aider le héros/héroïne. Tome passable, avec une évolution de la situation parfois intéressante. Néanmoins, le lecteur pourra ressentir comme une certaine lassitude pour une histoire qui, grâce au mangaka, est bientôt terminée.
Il était une fois…
Aux dernières nouvelles, Kôzô (ancien yakuza transformé en femmes et téléporté dans une île peuplée de pervers) parvenait à s’enfuir à la suite du décès du puissant Lion, désormais décédé. Recueilli par un des rares prisonniers qui n’en veut pas à sa chatte, le ladyboy aux abois sera enfin en mesure de changer d’état d’esprit : il est temps de passer à la contre-attaque.
Critique du quatrième volume de Ladyboy vs Yakuzas
Le Tigre espérait, peut-être naïvement, que ce bouquin allait rattraper la relative chiantise qui m’avait envahi depuis le troisième volume – lequel, rappelons-le, faisait office de pause gentillette. Hélas, le résultat est plutôt mitigé. D’abord, l’aventure reprend de plus belle avec l’arrivée de deux personnages d’importance : Georges, un pauvre type portant haut l’étendard de la misère sexuelle, qui prend l’initiative de venir au secours du protagoniste. En le soignant après lui avoir expliqué que, à défaut d’avoir une bite, il ne pourra faire grand mal au ladyboy. Et et en utilisant Mustsuo.
Ce dernier personnage, bouc émissaire de l’île, a de la rancœur plein les tripes. En lui donnant les moyens d’exercer son courroux contre les yakuza (notamment grâce aux hommes de l’ex-patron de Kôzô, connement dépouillés dans l’île), Georges inverse les rôles – les chasseurs devenant traqués. En outre, nous échappons brièvement (et avec plaisir) de l’endroit cloîtré le temps de quelques flashbacks sur Georges et Mustsuo, individus dont l’histoire, différente (riche c/ pauvre, branleur c/ casanier), aboutit au même gâchis.
Toutefois, y’a comme un truc qui a gêné le fauve : Toshifumi Sakurai semble aller plus loin dans la déconne mais sans la pincée d’humour libéré qui rappelle que le manga est à prendre au douzième degré. Seul le dessin reste autant rigolard (avec des détails que certains ne trouveront pas nécessaires, à la limite du gore), mais pour le reste c’est comme si Sakurai prenait trop ce qu’il raconte au sérieux. On serait presque dans le glauque le plus abouti avec des sujets graves (cf. ci-dessus) traités de façon suffisamment sérieuse (et crédible) pour ressentir de la peine vis-à-vis des intéressés.
Que retenir donc ? Il reste moins de 50 (sur une centaine au début) criminels sur l’île, et tout porte à croire que ce nombre va décroître avec une régularité d’horloger suisse. Au surplus, quelqu’un d’important va être amené à jouer un rôle éminent – je vous le donne en mille : le père du protagoniste. Et Le félin est presque content qu’il ne reste qu’un tome, lequel a intérêt de clore la saga en beauté. Parce que depuis deux opus, c’est plutôt décevant. Affaire à suivre donc.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Sakurai évoque un énième désordre sexuel qui mérite un paragraphe entier. En effet, Georges, depuis qu’il a vu sa mère se faire violer dans sa tendre (sic) jeunesse, a une notion de l’excitation sexuelle plutôt particulière. Du genre à ne pouvoir jouir (sans bander en plus) que lorsqu’il assiste à une agression sexuelle – de préférence contre sa petite amie du moment. En rencontrant les frères Katsumata, un funeste « jeu » (une routine) s’installe : Georges leur « offre » sa copine non-consentante à la lubricité des deux dégueulasses (si celle-ci est vierge, c’est bonus) et ressent un plaisir aussi vif que coupable. Lorsque Kôzô subira les assauts d’un homme sous ses yeux, le drogué impuissant (qui a perdu sa bite croquée par un tigre, eh ouais) pourra-t-il surmonter son penchant pendable ?
A tout hasard, ce tome offre une brillante illustration de la manière dont quelqu’un peut utiliser les armes de l’ennemi – ici, le boss yakuza à l’origine du parcours de croix de notre ami. Déjà, récupérer les armes des sbires censés surveiller l’île depuis la mer. L’équilibre de la puissance est alors rompu. Ensuite, miser sur la haine de certains qui n’ont rien à perdre. Mustsuo, qui a subi d’innombrables humiliations (feuilles de rose imposées avec dégustation de merde, urophilie contrainte, le tout délicatement illustré par le mangaka), est un concentré de rage. Rage contre lui-même (il allait se pendre) qui ne demande qu’à se retourner contre ses agresseurs. La manipulation fonctionne des deux côtés, il suffit d’un beau discours pour transformer une victime apeurée en un berseker à la gâchette facile. Remarquez, en foutant une centaine de détraqués dans un tel espace clos, l’auto-destruction des méchants devait intervenir.
…à rapprocher de :
– Bien évidemment, faut commencer par le premier tome (en lien, quelques visuels étant dispo). Puis, naturellement, avec le deuxième (en lien) et même le troisième (un poil décevant.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce manga en ligne ici.
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