VO : Queen of the Black Coast. Tigre ne connaît que de Conan un héros avec un fort accent autrichien dans un film du début des années 80. Jamais lu un seul de ces romans, et comme Lovecraft les adaptations en BD sont de bonne facture. C’est sea, sexe & sang : Conan est un vrai mâle, quasiment dépourvu de finesse et d’humour, un petit joyau brut prêt à se faire tailler par l’amour.
Il était une fois…
Tigre va tenter d’être complet : Conan est un Cimmérien, c’est-à-dire originaire de l’endroit le plus nordique de son univers. Les hommes de cette contrée ont la réputation d’avoir des couilles en béton armé, aussi lorsque Conan fuit Messantia (capitale d’Argos) et atterrit dans un navire de commerce, il offre sa protection aux marins en échange de partir loin de la grande ville. Il se fait accepter et se voit conter l’histoire du bateau La tigresse, commandé par Bêlit, quasi déesse impitoyable et sanguinaire à la beauté renversante. Avant même de l’avoir vue, Conan tombe amoureux de cette femme.
Critique de Conan le barbare : La reine de la côte noire
Voici le premier tome d’une série qui s’intéresse à un héros quand même né dans les années 30. Je ne vais pas vous sortir la bio de Conan le barbare, seulement expliquer que ce comics est tiré d’une histoire imaginée par R.E. Howard (l’auteur originel, son travail ayant été repris par la suite) dans Conan le Cimérrien.
L’auteur Brian Wood est surtout connu pour les DMZ, outre d’autres titres chez Dark Horses et Marvel. Un bonus à la fin du comics est une interview de Wood, qui explique son travail sur cette adaptation. La fameuse reine, Bêlit, et son équipage, bien évidemment Conan a affaire à eux rapidement. Il combat avec une certaine classe, et la belle tombe « improbablement » vite amoureuse du barbare et décide d’en faire son roi. Conan propose (ordonne, vu son statut) de retourner à Messantia pour la piller. Avec un plan certes bancal mais astucieux.
L’américaine Becky Cloonan et son compatriote James Harren se sont occupés des illustrations qui m’ont paru « classiques », ce qui n’est pas un mal en soi. Le jeu de cases est harmonieux, entre petits dessins et grands tableaux (la mer, la présentation de la ville marchande). Les couleurs, généralement dans les tons froids, s’éveillent lorsqu’il s’agit de combats, et là on ne fait pas dans la dentelle. Si le personnage de Conan m’a semblé avoir autant de charisme qu’un homme politique corrézien, il faut avouer que la femme pirate est très bien esquissée.
Au final, Le Tigre a cru presque lire du Torgal mais avec la violence exacerbée et un scénario simple et pourtant porteur de nombreuses péripéties. Le personnage de Conan a été bien adapté, rien à dire.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Je vais pomper un titre de Dan Simmons, à savoir L’amour, la mort. Sur l’amour, il y a la rencontre avec Bêlit, qui auparavant n’aurait jamais possédé un homme. Car elle a enfin trouvé son alter-ego, et le héros lui-même est dingue de cette nana. Tour à tour chatte et tigresse, Bêlit déploie des trésors d’imagination pour éviter à son « roi » une fin tragique. Jusqu’à se mettre gravement en danger. Enfin une femme qui prend en main son destin dans une telle aventure, ça fait du bien. Comme le dit Wood, « les histoires machos ne m’intéressent pas ».
La mort. Ça défouraille à tout va, et notre jeune héros a des talents de guerrier qui font que personne ne semble être en mesure de l’égaler. D’un coup d’épée il tranche un soldat en deux, le décapite comme on prend un café, des passages restent assez gores. En sus, un vieux chaman aux multiples visions ajoute une couche mortifère au récit.
Une dernière bonne chose à signaler, parallèlement aux nombreux affrontements, est la voie de la narration qui est dans des bulles ressemblant à des fragments de parchemin. Ce qui y est dit est parfois too much, seulement il faut coller à l’esprit du texte d’origine. L’Iliade et l’Odyssée mélangées (toutefois avec un seul protagoniste), Conan a un univers à lui qui a d’étranges coïncidences avec les grands récits épiques.
…à rapprocher de :
– Puisque j’en parlais, DMZ vaut vraiment le coup, même si sur les derniers tomes ça s’essouffle légèrement.
– C’est la seule fois (je ne sais pas si je continuerai) que je lis du Conan, alors Le Tigre ne peut que vous renvoyer vers les films éponymes de 1982 (pas mal, Arnold au sommet de son art de culturiste) et 2011 (bof bof).
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD sur Amazon ici.
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Je me permets rapidement de commenter ici (alors que jusqu’à présent, je me contentais de lire les délicieux résumés du Tigre) pour dire que l’univers de Conan gagnera bien plus à se voir lu à travers les récentes intégrales de Bragelonne sur les personnages d’Howard que vu à travers les films.
R.E.Howard a vraiment une plume particulière pour son époque qui rend toujours très bien aujourd’hui, furieuse et exaltée, tout en ayant ce charme un petit peu suranné du vieux récit d’aventure.
Permettez-vous, permettez-vous, le fil des commentaires des « délicieux » (flagorneur) résumés est destiné à rester ouvert jusqu’en 2042 !
Merci de porter à ma connaissance que Brag’ sort les intégrales, d’ailleurs s’ils veulent en profiter pour répondre à ma demande de partenariat (que les poches « Milady » en plus), ma tanière reste ouverte.
Ce sera toujours mieux que la dernière version ciné de 2011, et le petit charme « suranné » dont vous parlez me vend du rêve. J’espère juste que ça ne fera pas aussi vieux et long que « La légion de l’espace »…
J’admets pour la flagornerie. Je gagne un biscuit ?
J’espère voir ce partenariat aboutir, il sera intéressant d’avoir l’avis du Tigre sur certains des livres de cet éditeur.
Pour ce qui est du film de 2011, pour l’avoir regardé jusqu’au bout malgré les larmes de douleur s’échappant de mes canaux lacrymaux, il n’est en rien représentatif de l’oeuvre de l’auteur.
Pire, Howard est d’un cynisme grinçant et dont les personnages sont d’une moralité plus que douteuse, ce qui est l’exact contraire de l’adaptation cinématographique. A n’y rien comprendre.
A noter qu’ils aiment bien massacrer les oeuvres de ce pauvre auteur au cinéma, puisque Solomon Kane est aussi un de ces héros à l’origine.
Pour terminer sur une note plus littéraire, je dirais que le style de l’auteur est particulièrement vif par rapport à son époque. Il fut ami avec Lovecraft, et a même incorporé certains traits caractéristiques de celui-ci dans ses oeuvres, et pourtant la différence de rythme entre les deux est proprement stupéfiante. Bon, je m’arrête ici, ou je risque de devenir dithyrambique (ou bien l’étais-je déjà ?).
Post-scriptum : A noter que je peux prêter certaines intégrales d’Howard que je possède dans ma bibliothèque. Malheureusement, je ne possède pas ceux sur Conan, puisque je les avais moi-même empruntés à un ami.