DodécaTora, Chap.FS : 12 fins scandaleuses

Le Tigre Editions, pas de pages.

DodécaTora« Bonjour, noble félin. Beaucoup estiment que j’ai grandement pourri le souvenir que je suis censée laisser sur Terre à cause d’une fin un peu hasardeuse. Mais je ne suis pas la seule merde ! Tu n’as quelques exemples littéraires ? Brigitte B. PS : ça te dirait de jouir dans mon éprouvette ? C’est pour sauvegarder ta race bien sûr. »

Un roman dont l’excipit fait regretter de l’avoir lu ?

A l’instar de la personne qui m’a écrit, il est des souvenirs littéraires gâchés par une fin malheureuse. Soit le roman est excellent et se termine en eau de boudin, soit c’est mauvais sur tout la ligne et les dernières pages sont la cerise sur l’indigeste gâteau de l’auteur. Dans tous les cas, et après avoir bu les paroles de l’auteur, il y a comme un arrière petit goût de bouchonné. Sauf que c’est trop tard pour cracher dans le seau.

Il est certes délicat, pour ne pas dire difficile, de correctement terminer une œuvre, toutefois quelques auteurs ont franchement fait de la merde. Du moins, du haut de ma modeste tanière en ivoire, je l’ai ressenti comme tel. Je n’abandonne jamais la lecture d’un bouquin quand il reste une dizaine de pages (bien avant, c’est une autre histoire), cependant j’aurais du le faire à de nombreuses reprises.

Avant de commenter la douzaine de choix du fauve, je préfère vous annoncer que vous allez être ici sauvagement spoilés. Quoi de plus normal, Le Tigre traite du terminus romanesque. Vous voilà prévenus, alors ne venez pas chialer dans les commentaires.

Tora ! Tora ! Tora ! (x 4)

1/ Stephen King – La Tour Sombre

[Je sais que je vais me faire des ennemis, rien à foutre]. Et Le chevalier Roland s’en vint à la Tour noire. Ouais, super, merci Monsieur King. Blague à part, si la saga de cet auteur envoie du très lourd, la fin m’a fait pleurer de rage. Déjà que je m’étais approprié tous les protagonistes (la plupart décédant), imaginez ma gueule quand la fameuse Tour sombre n’est qu’une institution destinée à montrer au héros ses égarements. Résultat : arrivé en haut, Roland tire la queue de Mickey et a le droit de refaire un tour. Sans moi…

2/ Georges Simenon – L’outlaw

Le problème de cette œuvre est que celle-ci est profondément chiante. Stan, le héros, est insupportable au possible, et pendant plus d’un chapitre Le Tigre a espéré que ça se termine par un « malheureux accident ». Sauf que Simenon ne paraît guère décidé à faire mourir son protagoniste, et lorsque l’auteur le fait c’est par la voie rapide, donc décevante. La guillotine, bête et simple, alors que Stan méritait tellement pire pour m’avoir fait perdre mon temps.

3/ Hergé – Les bijoux de la Castafiore

Faut bien trouver des classiques dans ce DDC… Non seulement on ne bouge pas de ce tas de ruine qu’est Moulinsart, mais en plus y’a pas un seul ennemi valable qui pointe le bout de son nez ! Saperlipopette, quelle fange ces retournements ridiculissimes. Le seul truc qui aurait pu me faire marrer est qu’au final ce soient les manouches les responsables du vol de l’émeraude, un petit lynchage aurait été de bon aloi. Bah non, c’est une pie…une pie ?!? Franchement, vous voyez un piaf prendre entre son bec une grosse pierre de plus de 100 grammes ? Moi non plus.

4/ Jean-Patrick Manchette – Fatale

Le début de ce roman est plutôt sympa, avec une femme débarquée d’on ne sait où pour remplir un contrat dans une bourgade pourrie par la corruption. Néanmoins le dernier tiers est une catastrophe : on ne saura ni d’où elle vient, ni qui la paye (est-elle son propre patron ?), et le dénouement de l’intrigue a été plus que cavalièrement traité par l’artiste. La fin du roman est comme un mauvais bouquet final de province, avec des explosions mouillées qui n’ont rien à voir avec ce que Le Tigre légitimement attendait.

5/ Peter F. Hamilton – L’aube de la nuit

Plus qu’une saga, une épopée de plus de 2.400 pages. Le Tigre a été constamment ébloui malgré le héros, Joshua Calvert, un peu trop parfait à mon goût. Il est question d’une menace extrêmement grave pour l’Humanité, cependant le dénouement (deux derniers tomes) est presque du foutage de gueule : le beau gosse part dans une dimension que le lecteur n’ose imaginer, il fait péter quelques pouvoirs (qui n’ont rien à faire dans de la SF) et rassemble, en toute simplicité, toute les planètes habitées dans un endroit restreint afin que l’Homme prenne un départ un peu moins tapageur. Whaaaaat ??

6/ Pécau & Dim. D – Paris maléfices

Je vais être bref : c’est de la daube en boite. Pure de chez pure. Paname sous le prisme de sa mystérieuse histoire et sombres légendes, ça aurait pu être sympa. Pour l’instant, je me suis arrêté au premier tome. Le fin mot de l’histoire est désolant au possible, il n’y a ni soulagement ni surprise. A bas la Tour Saint-Jacques.

7/ Naoki Urasawa – Monster

J’ai payé 18 x 9 euros pour cette série ! Oui, je suis con, je ne lis pas mes mangas sur place, faut que je les achète. Il y a énormément de suspense, le héros fait montre d’un esprit retors d’où sortaient quelques délicieuses tortures. Mais comment était-ce possible ? La découverte de l’identité du méchant m’en a touché une sans faire bouger l’autre, et la façon dont il est devenu un monstre frise le scandale tant narratif que psychologique.

8/ Haruki Murakami – 1Q84

J’ignore le degré de responsabilité du Japonais. A mon avis, son éditeur qui lisait les premières épreuves de son troisième tome lui a dit : « Écoute, mon coco, tu as annoncé une trilogie. Et là, au milieu du dernier ouvrage, on ne sait ni d’où sortent tous les petits lutins, ni comment l’héroïne va retourner dans le monde normal. Alors boucle moi ça avant Noël, je m’en tape le coquillard que ce soit passablement bâclé ». Dont acte

9/ Chester Brown – 23 Prostituées

Beau roman autobio/graphique (le gus est vraiment allé aux putes), l’intimité de l’auteur est parfaitement rendue. Mais c’est sans compter la trentaine (ou moins) de dernières pages où Chester répond à toutes les questions que pourraient lui poser le lecteur/une féministe/un politique/etc. Je pensais lire une BD pépère, en fait j’ai dû ressortir mon cerveau de l’étagère pour terminer ce qui est devenu un essai libertarien et interpelant.

10/ Sébastien Japrisot – Compartiment tueurs

Franchement, c’est bon. Excellent même, le scénar’ est intelligemment découpé avec une multi narration originale pour l’époque. Hélas, mille fois hélas, la résolution de l’énigme m’a laissé de froid. A mi-chemin entre un complot et les pérégrinations à peine croyables de deux jeunots, j’avoue (à ma grande honte) qu’il n’est pas impossible que je n’ai pas du assez solliciter mon ciboulot sur la fin. Tout se déroulait comme papa dans maman pourtant.

11/ Brunschwig & Servain & Guth – L’esprit de Warren

Rien qu’au dessin, j’avais deviné que l’envergure de cette BD ne dépasserait pas celle d’un colibri. L’histoire d’un « esprit », d’une malédiction plutôt, qui touche des individus chacun à leur tour, n’apporte que trop peu de satisfaction. Alors que dire de la prise d’otage finale qui a suscité qu’un intérêt très limité chez Le Tigre ? Rien.

12/ Robin Hobb – L’assassin royal

Tigre aime terminer sur une royale plaisanterie. A moins que…comme moi, vous trouvez que : il y a trop de tomes ; à la fin de chacun, le héros ne prend pas assez de galon ; pire, Fitz ne fait rien pour prendre son destin en main et subit le bon vouloir de ses supérieurs ; il a une vie sexuelle miséreuse. Au final, dès que le tome est terminé, l’auteur tente de nous amadouer avec une énième sourde problématique d’envergure. Tigre a suivi le mouvement jusqu’au quatrième tome.

…mais aussi :

– Dans la veine des mangas, je me souviens d’aussi Deathnote qui fait montre d’un dénouement assez light (mini jeu de mots).

Les enfants du rasoir, de Lansdale (grand auteur sinon). Au moins, l’intégralité du roman est décevante, donc c’est sans étonnement que la fin est pourrie.

25 réflexions au sujet de « DodécaTora, Chap.FS : 12 fins scandaleuses »

  1. Monster, Monster…

    Personnellement je me suis payé les 74 épisodes de 20 minutes il y a un peu plus d’un an (une feignasse aux modestes moyens, que voulez-vous) après avoir trouvé l’intrigue franchement accrocheuse. Plusieurs courtes nuits après, et la tronche de déterré qui va avec au petit matin sonne l’heure du dénouement, dénouement qui m’a tellement marqué qu’il a fallu que j’invoque Wikipédia pour m’assurer qu’il avait bien eu lieu. « Ah, ouais, c’est vrai… »

    Tout ça pour dire que, si j’ai occulté cette conclusion pour n’en garder que l’histoire qui elle au moins était palpitante, je n’ai gardé de Gantz que le souvenir d’une boule noire, et le titre de l’œuvre qui m’évoquait un calembour stupide sur lequel je n’arrive pas à remettre l’esprit, ce qui n’est pas plus mal.

    Je suppose que depuis 2013 vous avez terminé la série, verdict?

    Bonne suite à vous!

    • Pour Monster, terminé depuis longtemps. Quant à Gantz, je m’étais arrêté au 20ème épisode et ai continué à acheter les autres…jusqu’au dernier. Je terminerai ceci un jour, le promets !

  2. Ping : DodécaTora, Chap.TM : 12 romans qui finissent mal | Quand Le Tigre Lit

  3. Je trouve votre analyse des « Bijoux de la Castafiore » trop étroite. C’est pour moi l’un des meilleurs albums, par son originalité et sa narration. Il faut aller au-delà de la prime vacuité du scénario: il s’agit d’une démonstration magistrale, assumée et reconnu d’auto-parodie. Suffisament rare dans ce domaine artistique pour être signalé.

  4. Le Concile de pierre de J-Chr Grangé.
    Bouquin moyen qui se termine en combat des esprits d’un grand-guignol imbuvable.

    +1 pour le magasin des suicides…

    Ou alors, un peu hors sujet, en deux tomes (et pas les mêmes auteurs) : La Marque Jaune et l’Onde Septimus. Bon, je n’ai que parcouru les premières pages du 2e, mais ma toute première impression (quoique affaiblie en deuxième parcours quelques jours plus tard) est celle d’une daube magnifique. Ce n’est même plus un pastiche d’E P Jacobs c’est… le contraire (glurb).

  5. Allez, un autre spoil de fin honteuse pour la route :

    Le Magasin des Suicides, de Jean Teulé.

    Un garçon passe tout le bouquin à rendre une famille heureuse et quand il a enfin réussi… il se suicide !! Il manque juste une page à ce bouquin pour dire que tout le monde re-déprime comme avant, mais en pire.

  6. J’ai peut-etre une explication a la malédiction de la fin foireuse:

    http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20131113.OBS5162/garth-risk-hallberg-un-premier-roman-vendu-2-millions-de-dollars.html

    Le mec, il a pas encore fini son torchon, on lui allonge direct 2 millions.
    On peut pas trop lui en vouloir de bâcler ce qui reste. Avec un chèque de 2M dans la poche, moi non plus je me casse plus trop le cul. Je largue le bousin, refile aux niais ce pour quoi ils ont paye et je me fais la malle loin, très loin…

    • Très très bon, j’avais vu ça passer.
      Ce qui veut dire qu’il faut payer l’écrivaillon, en partie, en fonction de la taille de la gaule de l’éditeur à la lecture des dernière pages.

      • Exactement et ça me paraitrait même normal! C’est le contraire qui est étonnant!
        C’est un peu comme aller chez Peugeot (ou chez Porsches pour le Tigre, il peut se le permettre avec tout ce qu’Amazon doit lui reverser), on te montre la carrosserie, le moteur et les pare-choc et on te dit que bon, voila, la c’est que le début mais fait pas s’inquiéter ils vont la finir la caisse, il reste plus qu’a dessiner les retro, le volant et les essuie-glace et la voiture est prête. Mais c’est une formalité. Le temps que ça se fasse, tu n’as qu’a signer le chèque.

        Faut vraiment être un commercial pour avoir des idées pareilles. Le gars, niveau marketing, c’est sans doute un cador.

  7. Argh, moi qui ai ouvert le premier tome de « La tour sombre » hier…

    Mais dans le genre fin de Stephen King bien pourri, on a la fin de « Ca » qui frise le ridicule, et l’énorme déception à la fin du « Fléau »… King est vraiment doué pour saboter ses romans et nous laisser au final un mauvais souvenir alors que les heures passées entre les pages étaient délicieuses.

    Quant à « L’assassin royal », ok Fitz est un héros des plus passifs et énervants, ok la fin est pas topissime (à partir du tome 8 de toute façon ça baisse pas mal en intérêt) mais il parait que Hobb a annoncé récemment une suite en 6 tomes. Castelcerf nous voilà!

    • J’ai prévenu, c’est le spoil assuré !
      Pour Stephen King, j’ai bien aimé les fins de Ça et Les Tommyknockers, on bascule dans de la SF avec des E.T. assez crédibles au final.
      Quant à L’assassin Royal, je n’ai pas eu le courage d’aller jusqu’au tome 8. Je n’ai même pas fini le premier tome des « Aventuriers de la mer », c’est dire…

      • Bien aimer le coup de l’extra terrestre araignée géante? C’est bien la première fois qu’on me dit que c’est assez crédible.^^

        Pour Robin Hobb, faut s’accrocher un peu. Cqfd83 a raison en disant que c’est de la fantasy assez féminine, centrée sur la psychologie des personnages et du coup beaucoup moins sur l’action. Mais c’est ce qui fait son charme à mon sens! Et l’univers qu’elle a crée entre « L’assassin royal », « les Aventuriers de la mer » et « La cité des anciens » est super cohérent, du coup j’accroche et je lis tout. (D’ailleurs elle est un poil trop prolifique, ça fait mal au porte monnaie, mon copain la surnomme La Marc Levy de la fantasy juste pour m’embêter…)

  8. Las! Ma memoire de gruyere, mes trois neurones grilles n’arrivent pas a retrouver des exemples de cette frustration trop familiere. Je plussoie pour Fatale, et pour que j’emette des reserves sur St J-P M …
    L’inverse existe aussi : le roman honnete que les dernieres lignes surclassent au point de donner envie de le relire du debut – je pense entre autres au tres beau « L’archeologue » de Philippe Beaussant (ed: L’imaginaire, Gallimard). Ce n’est pas si rare.
    Bon, je cause, je cause…

  9. Effectivement, Les Bijoux de la Castafiore est bien loin d’être le meilleur.

    Et je suis également parfaitement d’accord pour 1Q84. Malgré de nombreuses répétitions et innombrables lenteurs, j’étais a fond dans le premier tome et même dans le deuxième. Le troisième m’a donne l’impression d’un crachat en pleine figure…

    L’Assassin Royal, je trouve gonfle de dire que la fin est pourrie quand on a lu que 4 tomes sur 13. Mais c’est vrai que la fin, la vraie, est un peu moyenne… Mais sans misogyne aucune, Hobb est une femme et écrit une fantasy assez féminine, avec moins d’action que de questionnement existentiel. Forcement ça dilue lourdement l’œuvre…

    Ah par contre je m’insurge! Monster est genial! Pas d’accord. du debut a la fin, tout y est, l’ambiance, l’horreur, le suspense.
    Et la fin de DeathNote est très bien aussi a mon avis. De nombreuses BDs et mangas sont largement gâchés habituellement, en particulier par le fait que d’un coup le public se lasse, les ventes chutent et l’auteur est somme de torcher un vitesse un fin en 1 ou 2 volumes. Dans le cas de Monster et Death Note, la fin est construite, réfléchie, logique, surprenante.

    • Monster est une déception finie, tout avait si bien commencé…pourtant, une intrigue en Allemagne, je pensais que la finition serait de qualité teutonne. Mais je vous rejoins sur « l’organisation » de ces mangaka (DeathNote également) : ils savaient où ils allaient, et en combien de tomes ce serait terminé (comme Pluto ou Hellsing). Pas comme GTO, Coq de combat et autres niaiseries (jusqu’à ce que je les lise bien sûr) du style Gantz (j’en suis au 36ème tome putain).

      Pour l’Assassin royal, il s’agissait aussi d’un clin d’œil à votre égard, je savais que vous alliez chevaucher une licorne et prendre votre plus belle plume. Je rétrograderai cette saga en bas de billet lorsque j’aurai une autre idée/lu un roman avec une telle fin.

      • J’avais bien senti la piques. Mais que voulez-vous, quand on est amateur de licornes… (surtout les roses invisibles).

        Alors Coq de Combat je les suit actuellement. Ca a ete tres (tres tres) bon et puis ensuite les auteurs se sont embrouilles. 2 ans de procedures, separation. Et maintenant c’est tres moyen. Ca annonce un fin minable.

        GTO pas décevant du tout. GTO marche en long épisodes dont il a suffit a l’auteur de terminer un arc pour finaliser le truc en douceur. La fin est bien. Juste super triste d’abandonner un personnage aussi charismatique.

        Gantz, je veux les lire mais suis un peu rebute par l’achat (pas la lecture) de plus de 36 tomes… Je finis One Piece (j’en suis au tome 66) et si mon boss me concède une augmentation substantielle, je me lancerai peut-etre dans Gantz.

      • D’accord pour Monster, perso j’ai pas été jusqu’à la fin.

        Même déception pour 20th centuries boys. Pareil, je me suis arrêté à partir du 20ème, alors que çà commençait si bien…

    • Pour Hobb je suis totalement d’accord et j’ai bien lu l’intégralité de la série. Cette fin donne l’impression que l’auteur voulait terminer pour passer à autre chose (Les Aventuriers de la mer ?) quitte à bâcler les derniers moments de Fitz.

      • Je suis d’autant plus en accord avec toi que je ne suis pas parvenu à aller jusqu’au bout ^^. Et suis passé à autre chose – mais chez un autre auteur, j’ai abandonné Hobb depuis.

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