« Hello le fauve. Tu as encore laissé une de tes cartes de visite dans les WC d’un bar, et je me suis demandé si tu ne pouvais pas m’aider à développer mon business. Les gens passent trop peu de temps sur mes produits, ceux-ci ne s’abîment pas assez. Une idée pour les faire rester ? Jacob Delafon. PS : je la livre où, ta bibliothèque en faïence ? »
Quoi lire dans les chiottes ?
Que le premier gus qui n’a jamais lu en chiant me jette le produit de ses efforts.
Personne ? Comme le titre du DDC l’indique, je vais modestement vous donner quelques idées de trucs à lire dans les WC. J’ai tout d’abord décelé deux catégories répondant à cette possibilité. D’une part, les romans/illustrés/essais qui se lisent vite. Si possible en moins d’un quart d’heure, ou alors ceux qu’on peut délaisser 48h et reprendre comme si de rien n’était. Et avec un peu d’humour, les commodités n’étant pas un lieu particulièrement propice à d’intenses réflexions.
[J’éviterai aussi les trucs sexuels, car pour un homme avoir une érection dans cette configuration est loin d’être souhaitable.]
D’autre part, les torchons littéraires qui seront presque honorés d’être délicatement effeuillés en cas de rationnement de papier toilette. Je ne parlerai quasiment pas de ces derniers qui relèvent d’une subjectivité exacerbée. Et puis je n’ai nullement envie de signaler un auteur en particulier. Ou alors un très connu, et avec courtoisie.
Sinon, j’entends encore quelques culs serrés contrits de constipation me dire que lire dans les chiottes est mauvais pour la santé. C’est faux ! Tigre reste en moyenne 16 minutes et 20 secondes dans sa litière, et à part quelques crampes qui l’ont forcé à rester 30 minutes de plus, aucune séquelle n’est à déplorer. Ensuite, les germes que vous laisserez sur les pages ont une durée de vie mille (non, dix mille !) fois inférieure à celles laissées sur, disons, un smartphone.
Pensez-y, à votre téléphone que vous consultez aux water closets. Puis vous le portez à l’oreille. Vous vous la frottez très vite après (c’est statistique). Puis portez inévitablement un doigt à la bouche (statistique aussi). On est tous des mangeurs de m***, du moment que ce soit la sienne me direz-vous.
Enfin, je tiens enfin à présenter mes plus plates excuses pour l’aspect scato de ce billet. Mais puisque je mettais la main dans ce sujet, autant tenter de remuer pour en tirer l’odorante moelle.
Tora ! Tora ! Tora ! (x 4)
1/ Vuillemin – Les sales blagues de l’Écho
Mon petit préféré, le compagnon par défaut lors de mes chaotiques pérégrinations intestinales. Car ces sales blagues ont un fabuleux pouvoir : en effet, celles-ci vous font caguer des serpentins tellement votre popotin se tortille de rire. Véridique. Préférez les tomes séparés plutôt que l’intégrale qui va vous niquer les cuisses.
2/ Hiroya Oku – Gantz
Très très long manga, on doit en être à près de 40 opus (sachant que je me suis arrêté vers le vingtième). Pour faire simple, une bande de jeunes se retrouve dans une sorte de jeu où il faut accumuler des points dans des missions meurtrières. Cela ne s’arrête pas, à chaque fois de nouveaux ennemis et intrigues apparaissent. A raison de 2 sessions sur le tome pour venir à bout d’un trône (ou inversement), vous pouvez être tranquille six bons mois.
3/ Collectif – Les Contes Marron
Les Artistes Fous Associés parlent de déjections, prouts et autre vomis avec une verve littéraire de bon aloi. Cinq nouvelles de taille différente, selon l’état de ses intestins le lecteur trouvera chaussure à ses pieds. Même la préface dit que c’est un recueil à lire dans les chiottes, alors…
4/ Arnaud Le Guilcher – En moins bien
Chaque phrase est un enchantement, avec des tournures bien pensées ou un vocabulaire percutant. Le héros est attachant, ses aventures aussi improbables qu’hilarantes, bref on peut attaquer un chapitre au pif avec le sourire. Fin du fin, lesdits chapitres sont courts et correctement aérés, aisément finissables le temps d’un lâcher de ballons. Les suites se tiennent également.
5/ Roger-Henri Guerrand – Les lieux : Histoire des commodités
Tigre a sélectionné cet ouvrage pour son seul titre. Si l’humour est peu présent (et encore, on sent l’essayiste qui se fait plaisir), l’apport culturel y est impressionnant. Vous saurez tout sur la manière de se laver le fion (entre autre) lors des XIXème et XXème siècle (européocentrisme certes), et plus encore sur les théories hygiénistes de ces époques.
6/ Gaston – Spirou – Mélusine – Tintin – Lucky Luke – Les Tuniques Bleues – Etc.
Les BD franco-belges par excellence avec tous nos gentils héros, ça ne mange pas de pain. On a tous quelques illustrés de ce cru, et investir pour une bibliothèque chiotée (et chiadée) les comportant n’est pas une si mauvaise idée. A raison de 48 planches par titre, lire 3 pages par minute est à la portée de tous.
7/ Quelques Guy des Cars
Les mauvaises langues disent Guy (des WC) des Gares, seulement chacun de ses polars est suffisamment court pour le terminer en une paire de semaines. Le Tigre en parle d’autant plus aisément qu’il n’en a lu aucun. En revanche, la cabane au fond du jardin de la maison de campagne de mes vieux en était tapissée. J’étais trop petiot pour savoir lire hélas.
8/ Joe Daly – Dungeon Quest (tome 2 et tome 3 en prime)
Un grand malade ce Joe D. Ses BD, oniriques, conchient la fantasy en y injectant une solide dose d’undeground, à savoir drogue, délires plus ou moins poétiques et violence assumée. Millenium Boy en pleine quête pour trouver un instrument de musique mystérieux avec quelques potes totalement jetés, ça se lit et relit seul, dans un espace clos. Avec un pétard, pourquoi pas.
9/ Hugleikur Dagsson – Et ça vous fait rire ?
Cela ressemble à un roman de loin, en fait il s’agit d’une suite de dessins qu’il ne faut pas montrer à son jeune neveu. Humour ravageur et souvent méchant, Le Tigre s’est souvent demandé si on pouvait aller plus loin. Le format poche ne prend guère de place, et il s’agit d’une œuvre qu’on peut relire avec la même gourmandise de temps à autre.
10/ Collectif – La Bible
Attention, point de sacrilège ! Il n’est pas question de dire que c’est le bouquin parfait en cas de manque de PQ : titre le plus publié (il n’en manque jamais) avec un papier fin (mais solide) seul capable de ne pas vous irriter le fondement. Pas du tout. Mais prenez une page au hasard, lisez et interprétez, c’est encore mieux qu’un horoscope. A force de lecture, vous pourriez avoir une belle répartie.
11/ Raymond Queneau – Exercices de style
Recueil de textes homogènes sur le scénario et profondément hétérogènes sur le style, Queneau a su montrer à quel point déconner avec la langue française peut être somptueux. On n’en attend pas moins de la part d’un chef de file de l’OULIPO, et j’ai eu plus d’une idée en parcourant, ici et là, sa prose. Parfait pour se réconcilier avec la littérature, seul à méditer tel un penchieur.
12/ Maxime Chattam – [un titre au hasard]
La dernière blaguounette pour la fin. Tout est dit. Faites-en ce que vous voulez, pour ma part il m’est arrivé de ramasser les crottes de mon chat avec. Il n’a pas aimé. Le chat.
…mais aussi :
– Paf & Hencule, également. Un peu trop court hélas, mais on se surprend à souvent redécouvrir leur humour trashissime.
– Hara Kiri – La pub nous prend pour des cons. Essai désopilant et ne respectant rien, à laisser à l’attention de vos invités au cas où le Chili con Carne que vous leur servez ne passerait pas.
N’ai plus beaucoup d’idées en rab, Tigre attend, en se pinçant le nez, vos suggestions.
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La notice des dragées Fuca, déjà en comprimés marrons d’ailleurs, ça se lit vite et c’est chiant ou du Proust (enfin pas plus d’une phrase sinon c’est les escarres assurées).
Pour accélérer le transite un Musso ou Marc Levy peuvent s’avérer être des plus salvateurs
En effet. Mais j’ai tellement tapé sur ces auteurs que ça serait de l’acharnement si j’en parlais. Heureusement que Ratal est là. On dit « Transit » sinon 🙂