« Salut mon gros minou ! Je kiffe ton petit monde, tu me régales à chaque fois même si tu parles peu de ta compagne. Je me demandais si tu pouvais m’indiquer quelques titres (romans ou essais) qui t’ont particulièrement ému parce qu’il y a le mot « tigre » dans le titre. Gros bisous sur ton museau. Signé : une fan anonyme (hi hi, tu ne sauras pas qui). PS : pense à prendre la viande pour ce soir ».
Douze titres tigresques
Un tigre dans le titre, dans mon univers, est l’équivalent d’un point rouge sur le radar d’un opérateur travaillant au Pentagone : j’arrête tout, j’ai des sueurs et je me précipite dessus pour savoir de quoi il retourne. Imaginez que vous vous baladiez tranquillement dans une grande surface et là, soudain, entre deux paquets de céréales, une boîte de gâteaux porte vos prénom et nom. Même s’il s’agit d’une confiserie à base de durians (explications ici) et d’ail, je suis sûr que vous l’achèterez rien que pour l’exhiber chez vous.
Ne croyez pas que remplir un tel DDT est chose aisée. J’imagine très bien ce que vous vous dites, par exemple « Oh, c’te feignasse de Tigrou, il a tapé sa petite recherche sur un site de vente en ligne ». Point du tout : ce genre de procédure (oui, j’ai commencé par là) amène trop de résultats, et 95% des titres proposés sont des conneries bit-lit, lolilolbigcats ou livres à dessiner pour enfants (voire les trois en même temps, nom de Zeus). Et ça n’a rien à faire ici. Je suis plutôt allé chercher dans mon étagère spéciale (et oui, je les ai tous regroupés), complétée par le gros fichier excel qui fait office de bibliothèque numérique personnelle.
Voici donc une douzaine d’ouvrages uniquement acquis en raison du mot « tigre » dans le titre. Pour l’ensemble, je vous avoue ne pas les avoir lu. Mais ces romans occupent une place à part dans ma bibliothèque. Enfin, je vous saurais gré de ne pas confondre ce Top12 avec celui (en lien) dédié aux tigres que l’on rencontre DANS les romans (et pas qu’en page de couverture). Dans le présent billet, le mot « tigre » n’implique pas la présence de cet animal dans l’intrigue – si vous vous demandez quelle est la différence.
Tora ! Tora ! Tora ! (x4)
1/ René Barjavel – La Faim du tigre
J’ai eu connaissance de cet essai après avoir lu le très singulier Ravage, du même auteur. La faim de tigrou, c’est la propension de l’Homme à l’excès et la violence en général. Face à ces questions essentielles, nous n’aurions pas d’autre choix que d’essaimer dans l’espace – Le Tigre le rejoint sur cette analyse. Sachant que Néné a dit, au sujet de cette œuvre, que « je donnerais tous mes livres pour celui-ci », ça doit être quelque chose d’exceptionnel à découvrir.
2/ Jean Marie Blas de Robles – Là où les tigres sont chez eux
Joli pavé multi-récompensé de plus de 700 pages publié à la fin des années 2000, je vous avoue ne pas avoir eu le courage de démarrer cet ouvrage dense où une foultitude de protagonistes se disputaient la vedette. Sans compter les passages en latin ou en allemand (certes traduits) qui contribuent à rendre cet objet littéraire presque unique. Le titre semble faire référence à Goethe qui écrivait « Ce n’est pas impunément qu’on erre sous les palmiers et les idées changent nécessairement dans un pays où les éléphants et les tigres sont chez eux. »
3/ Jérémy Guez – Le dernier tigre rouge
En pleine guerre d’Indochine, un légionnaire recherche activement un tireur d’élite (Français comme lui) qui combat aux côtés du général Giap. Et ça se laisse lire aisément. Le red tiger, ici, est une allégorie du Viêt-Minh qui entreprend une intense guérilla : contre le puissant éléphant qu’est l’État français, les habitants légitimes doivent se comporter tel un félin, caché, qui saute de temps à autre sur le dos du pachyderme pour le saigner.
4/ Richard D. Nolane et Félix Molinari – Les tigres volants
Série de cinq bandes dessinées sorties dans les années 1990, le peu que j’ai vu m’avait semblé peu fameux. Les fauves volants, c’est bien sûr l’escadrille américaine installée en Chine pour chier un maximum dans les bottes des Japs. Hélas, les aventures de nos héros (Scott Canon, le Chinois Woo, si j’ai bonne mémoire) ressemblent au parent pauvre de celles de l’immense Buck Danny – à ce titre, le quatrième album de Buck porte sur les tigrous volants.
5/ Olivier Rolin – Tigre en papier
Rolin, fermement engagé à gauche pendant sa jeunesse, livre à l’intention d’une jeune fille ses souvenirs en tant que militant. Décorticage d’une époque entre idéaux, violence et bilan des actions entreprises, qui est donc le tigre de papier (ceux qu’ils pourfendent ou eux-mêmes) ? Pas vraiment mon genre, je ne suis pas allé plus loin que le feuilletage en magasin.
6/ Wang Dulu – Tigre et Dragon
Wang est surtout connu pour avoir écrit cette grosse saga (nommée aussi la Pentalogie de la Grue d’Acier) à la fin des années 30. Il est question de suivre les aventures de plusieurs générations de Youxia, sorte de vagabonds/héros qui défendent la veuve et l’orphelin en tapant méticuleusement sur les injustices. Le tigre est ici une forme de combat qu’un des protagonistes aime utiliser. Pour ceux qui se posent la question, oui : le film d’arts martiaux d’Ang Lee est une adaptation partielle de l’œuvre. Le même réalisateur qui s’est attelé à adapter L’histoire de Pi.
7/ Margaux Fragoso – Tigre, tigre !
Oh putain, deux fois que ça apparaît, c’est divin. Ce qui est moins divin, en revanche, est le thème de ce roman à grosse charge autobiographique. Margaux, à peine l’âge de raison, fait la rencontre de Peter lors d’une virée à la piscine. Il veut être un ami et se comporte comme un vrai gosse. Mais Peter a cinquante ans bien sonnés et est pédophile. Le silence, l’incompréhension, ce doit être extrêmement éprouvant à lire. Il faut absolument que je me bouge le derrière pour le lire.
8/ Aravind Adiga – Le tigre blanc
Aravind, journaliste/écrivain indien, a dressé un tableau saisissant et édifiant de l’Inde contemporaine grâce à son héros Balram, surnommé par un de ses profs le tigre blanc. Hélas, je me suis fait comme qui dirait baiser par le titre trompeur, le rapport tigresque est peu évident et le style de l’auteur quasiment insupportable. Dommage.
9/ Téa Obreht – La femme du tigre
Il ne s’agit pas des mémoires de la donzelle de Clémenceau, comme je me l’étais imaginé. Mais plutôt d’une légende qu’apprend à connaître une médecin qui exerce dans les Balkans. En recueillant les différentes histoires de pensionnaires d’un orphelinat, celle de la femme du tigre semble particulièrement sortir du lot. Encore un ouvrage qui n’a pas dépassé le stade de la petite curiosité dans une librairie – je dois me tromper, toutefois ça m’a paru long et ennuyeux.
10/ Philippe Dessertine – Le gué du tigre
Un policier chinois, qui en sait énormément sur les arcanes politiques de son pays (suffisamment pour faire péter dix fois l’Empire rouge du milieu), se rend au consulat américain et demande l’asile politique à l’Oncle Sam. Inutile de vous dire que les autorités chinoises gueulent comme des putois enragés. Astucieux mélange de fiction et de faits réels, il s’agit d’un thriller au fort relent de géopolitique. Pour la précision, un gué est un endroit naturel où on peut franchir, sans risque, une rivière – signe de porosité des frontières, notamment entre la criminalité et la finance.
11/ James Patterson – La piste du tigre
Il faut savoir que Le Tigre a fait une overdose de Patterson dans sa jeunesse, aussi ce roman n’est pas prêt d’être lu. Pour ne rien arranger, il n’est nul fait mention du félin dans le titre original (Cross Country), Tiger n’étant que le nom d’un seigneur de guerre africain qui assassine à tout-va sur le continent américain. Le héros, on se demande comment, parviendra à filer en Afrique lui donner une correction. Bof bof bof.
12/ Tom Clancy – Les Dents du tigre
Je termine toujours par une aimable plaisanterie, et là ce sera un énième roman de la saga Tom Clancy. Merde, je me suis fait royalement rouler avec un tel titre aguicheur. Pensais naïvement que le tigre en question serait la Chine, ou quelque chose de féroce et flippant. Que tchi ! Il est juste question de menaces terroristes avec les islamistes en ligne de front. Un scandale.
Mais aussi :
– Les Dents du Tigre, de Maurice Leblanc, publié vers 1923. Pas eu la présence d’esprit de le caser dans ce DDT, toutes mes félines excuses.
– Sinon, au pifomètre : Qiu Xiaolong et son Dragon bleu, tigre blanc.
et Les Dents du Tigre de Maurice Leblanc ? un bon vieux Arsène Lupin, un peu mieux que Tom Clancy, non ?
Je modifie cela ma chère.
Ping : DodécaTora, Chap.TL : 12 tigres en littérature | Quand Le Tigre Lit