VO : Leather Maiden. Le Tigre aime bien Lansdale. Celui-ci le lui rend bien. Si ce roman est le premier résumé dans ce blog, c’est parce dans le monde pittoresque de l’auteur, celui-ci est à part. On ne retrouve pas les personnages habituels et donc c’est ici une sorte de « one shot ». Encore plus drôle que d’habitude, cet ouvrage est le meilleur moyen de se familiariser avec l’auteur.
Il était une fois…
On suit Cason Stalter, un ex GI engagé en Irak qui revient dans sa ville natale. Fraîchement engagé en tant que journaliste, il était même à deux doigts du Pullitzer. Pour avoir quelque chose à raconter sur la longueur il décide de ressortir une vieille affaire, à savoir une jolie nana qui avait disparu. Sauf que c’est plus compliqué qu’il n’y paraît. Bien plus compliqué quand sa propre famille est impliquée…
Critique de Vierge de cuir
Encore un très beau produit signé Lansdale. Je dirai même que sur ce coup là l’auteur s’est un peu plus lâché que d’habitude. Le Tigre signale, par exemple, la page 20 sur la description de la chef du journal, Mme Timpson, qui vous arrachera plus d’un sourire. Le vocabulaire fleuri, les vannes qui fusent dans tous les coins, tout concourt à de franches rigolades. Plus dur aussi, voire limite glauque quand on aborde certains personnages.
L’histoire est relativement aisée à suivre, le lecteur va de surprises en surprises, avec des personnages tout à fait savoureux. Les « méchants » sont assez raides, même si certaines victimes sont plus à plaindre, et sur leur passif JRL est un excellent narrateur. Les ingrédients que nous connaissons sont toujours là : le refus de l’ignorance, du racisme et toute autre sorte de conneries néo conservatrices.
Comme expliqué précédemment, Lansdale s’éloigne de ses deux personnages favoris (déjà présents dans une longue série) pour faire un one shot, ce qui par conséquent constitue le roman parfait pour découvrir cet auteur. De très bons instants de littérature : roman abordable, bien rythmé même si la fin laisse un goût d’inachevé, pour un nombre de pages raisonnable. A lire absolument donc.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les PSD. En français, troubles post traumatiques (ici de guerre). Le protagoniste du roman est un ancien soldat en Irak, et ce qu’il y a vu était inimaginable. D’où ses cauchemars, sa relation excessive avec l’alcool et sa difficulté à rester sociable. L’auteur a sûrement fait des recherches dans ce domaine, ou lu des articles sur cette maladie sous estimée. Si la plupart des anciens GI sont dans cet état d’esprit, et sans soutien psychologique adéquat, les États-Unis sont tranquillement le cul posé sur une bombe pas possible avec les guerres qu’ils mènent en Orient.
L’ami de Cason est encore plus inquiétant. Il représente ce qu’un psychiatre ayant bien étudié ses textes appellerait « la sublimation ». Un peu bordeline dans son comportement, il a trouvé dans la guerre un moyen d’exprimer pleinement son potentiel de psychopathe. Dans le roman cet ami est d’un grand secours, néanmoins on nous fait vite comprendre qu’il faut se méfier de ce gus, de ses réactions incontrôlables qui n’ont pas leur place dans un monde civilisé. Un condensé de violence qui a toute sa place en période de conflits. Instructif.
Enfin, la personne objet du titre. La Vierge de cuir, c’est bien sûr la femme sur la couverture. Une magnifique blonde à l’origine d’une machination bien sombre. Une femme superbe à qui la vie n’a pas beaucoup réussi. En parlant des traumas de la guerre, ceux de l’enfance semblent dans ce roman bien plus profonds et irrécupérables. SPOILER. On nous présente une femme immensément froide, sans réelle personnalité sinon la duplicité, capable de faire croire à n’importe qui (femme ou homme) qu’elle l’aime, tout en filmant tous ses nombreux ébats sexuels pour assurer l’avenir. De la psychologie de l’enfance certes pas au niveau de Dolto, mais intéressante en diable. SPOILER END.
…à rapprocher de :
– Sur la personne de Caroline, on n’est pas loin de Vice de forme, de William Lashner. Auteur juridico-policier à découvrir.
– Sur le journalisme d’investigation, relisons ensemble Colorado Kid, du King. Rien à voir avec Haven, série TV fort bien menée qui s’éloigne autant que possible du roman.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.