Le Tigre est résolument moderne, et ne pouvait passer à côté des merveilles technologiques peuplant le fabuleux quotidien du lecteur. Dont la possibilité d’avoir des milliers de titres dans un seul objet. Or cet artefact ne saurait être considéré comme un livre classique, sinon de vilaines déconvenues sont à prévoir. Voici donc 27 exemples pour remettre les pieds sur terre.
Pourquoi ?
Depuis le temps qu’on me bassine avec les liseuses, j’en ai emprunté une pour le week-end à un ami. Tigre la lui a rendue dans le même état global que prêtée, de toute façon avec les daubes littéraires dedans je ne risquais pas de faire grand mal à celle-ci. Toutefois j’ai pu déceler quelques différences d’utilisation par rapport à mes bons vieux pavés.
Attention, ce Sutra n’est ni un billet sur les avantages comparatifs entre ces deux modes de lecture, ni un énième avis du style « pour ou contre l’e-book ? », article que je laisse volontiers au Journal du dimanche. Dans notre cas, juste un pot-pourri de moyenne facture sur la modeste expérience de votre serviteur.
Ce qu’il faut retenir de ce billet est que si le confort de lecture paraît tendre vers celui d’un livre « normal », il est dangereux d’oublier qu’on ne tient pas un truc en papier entre les pognes. Voici donc ce qu’on peut faire subir à ses vieux bouquins mais qui semble soit impossible, soit peu recommandable à faire à un e-book. Dans le désordre évidemment.
Ce qu’on peut faire à un livre papier et pas à une liseuse
1/ Se le faire dédicacer. A part prêter un pyrograveur à l’écrivain et prier pour que le gus ne grille pas connement une diode au passage, je ne vois pas.
2/ Allumer le feu avec.
3/ Le balancer aux indélicats. Il m’est arrivé un beau jour de me faire houspiller en pleine lecture, au milieu d’un passage piéton. J’allais m’excuser lorsque j’ai vu le petit bonhomme vert me confirmant être dans mon bon droit. Pourtant le chauffard continuait à gueuler et a accéléré brutalement. Aussi j’ai pris le seul truc sous la main (le bouquin) et ai effectué un lancer digne d’un joueur de baise-ball. Délices du hasard, je lisais Une ordure.
4/ Le déposer à la va-vite dans un sac destiné à aller dans la soute d’un avion/car. Pourquoi la soute ? Imaginez que les rayons X de la sécurité détruisent vos infos (très probable certes)…
5/ Le faire tomber dans la cuvette des chiottes. Et s’en foutre royalement.
6/ S’assoir par mégarde dessus sans entendre un sinistre craquement. Oui c’est solide, mais le quintal du Tigre qui marche dessus n’entre pas dans la garantie constructeur.
7/ Le prêter à un ami. Sinon imaginez votre accroche : « Tiens, voilà 744 livres, fais-toi plaisir. Oh, tu me le rendras quand tu auras fini ». Malaise.
8/ Le laisser sur le sable pour aller faire trempette sur une plage méditerranéenne. Et ne pas avoir à jeter un œil dessus toutes les deux minutes.
9/ Le surligner comme un exécrable sagouin. Les e-books permettent certes de surligner et place d’autres post-it un peu partout, toutefois rien ne remplacera la page gondolée et annotée de partout. De Villepin en parle même dans la bande dessinée Chroniques du Quai d’Orsay.
10/ Lire le truc dans son bain sans fredonner du Claude François.
11/ Cracher dessus lorsque c’est vraiment mal écrit. Ou un autre liquide (ce n’est pas ce que vous croyez).
12/ S’en servir comme une cale pour une table passablement bancale ou une armoire qui vous rappelle que trop souvent que votre plancher n’est pas droit.
13/ Draguer avec comme je l’ai expliqué dans cet édifiant billet.
14/ S’amuser à faire un autodafé. Même si Le Tigre a sa version contemporaine (et rieuse) de ce terrible geste.
15/ Passer avec dans un aéroport, une plume dans le derrière, en faisant biper les portiques le moins possible.
16/ Se le faire voler, avec le sourire. Sauf les exemplaires dédicacés peut-être. Si vous ne perdez pas le contenu avec une liseuse (votre sauvegarde étant intacte ailleurs), vous restez dépouillé d’un objet plutôt cher.
17/ L’abandonner sur un banc et suivre sur internet le sympathique voyage de la chose. Des sites le permettent.
18/ Caresser la couverture amoureusement telle la fourrure d’un majestueux tigre.
19/ Se la raconter en société. Un des plaisirs du Tigre est de faire prendre l’air à un obscur auteur japonais pour faire semblant de le lire en arrivant chez la baronne. Ou dans le métro. Succès garanti. Pérorer avec un ebook est sensiblement plus délicat, disons qu’au moins vous pouvez laisser le voisin lire par dessus votre épaule/
20/ Le lire sous la pluie sans craindre qu’il ne s’éteigne. Ou pire, prendre une châtaigne.
21/ Le lancer négligemment en revenant chez soi. C’est-à-dire sans viser expressément le canapé similicuir qui vous a tant coûté.
22/ S’en servir comme matière première pour un ball-trap. Comme dans un vieux film du début des années 90 dont je ne me souviens plus du nom.
23/ Le perdre dans un lieu public et ne pas songer une seule fois à contacter le service des objets trouvés (ce qui ne changera rien soit dit en passant).
24/ Pouvoir lire des heures au beau milieu de l’île de Bornéo sans penser une seule fois à trouver une prise pour le recharger.
25/ Savoir, rien qu’en apercevant la couverture, en touchant le papier ou en parcourant rapidement le quatrième de couv’, si ça mérite d’être lu.
26/ Souffrir de lire la police d’écriture (et sa taille) douteusement choisie par l’éditeur.
27/ L’inénarrable satisfaction de le ranger, après lecture, dans sa bibliothèque.
Conclusion numérique
Quand je parlais de ma « modeste expérience », vous aurez remarqué qu’il s’agit avant tout d’expérience de pensée. A titre d’exemple, si l’idée du ball-trap est plus que séduisante, n’importe quel cerveau ayant de vagues connaissances de balistiques se douterait qu’envoyer un livre dans les airs ne constituera pas une cible de premier choix. Les feuilles risquent de ralentir l’objet, il faut en effet garder celui-ci sous plastique.
En outre, certains comportements vis-à-vis du livre papier me sont totalement étrangers dans la mesure où je reste un incorrigible maniaque. Enfin, Le Tigre n’acceptera ni remarques ni conseils d’ajouts de la présente liste. Je ne veux pas me risquer à devoir un jour changer le numéro du Sutra. Et oui, habituellement attaché à mes billets en trois parties, je me devais pondre quelque chose en 3x3x3 points…
Enfin, je vous signale qu’un sutra inverse a été rédigé. Le format numérique, ça a du bon parfois.
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Ou sont les choses que l’on ne peut pas faire avec un livre papier ?
Sutra en préparation. Ne sois pas si impatient.
Dommage qu’il ne soit pas autorisé de proposer d’autres choses à ne pas faire avec son eBook… Il y en a plein d’autres…
C’est toujours possible en MP. Car en commentaire la tentation serait trop grande de me les approprier et ensuite le modérer 🙂