Gentil lecteur, fuis ! Ne t’approche pas de ce truc écrit dans les seventies et qui n’honore pas la mémoire d’ADG, ce dernier méritant mieux. Sauf si vous voulez être ébloui par le vocabulaire argotique qui déferle tel la chienlit en mai 68. Paradoxe total, ce roman est court en nombre de pages mais sa lecture peut s’avérer douloureuse.
Il était une fois…
Une fois n’est pas coutume, voici le quatrième de couv’ vendu par Gallimard. Cela illustrera un peu la critique qui va suivre :
« Certes, les arcans, du chou, ils en ont, comme tout le monde, mais c’est du chou débile. C’est du moins ce que le présent et édifiant ouvrage tend à insinuer. Parce que réussir sans bavure un merveilleux casse « P.T.Tesque », pour finir dans la baille, après avoir été allumé par les poulets d’une part, les Yougos de l’autre et les « collègues » de la troisième, eh bien, ça ne s’explique pas uniquement par la cerise ou les bisbilles entre frangins flingueurs… Faut être doué pour ! »
Critique de Notre frère qui êtes odieux…
ADG, c’est le petit diminutif d’Alain Dreux Gallou (son vrai nom étant Alain Fournier dit Camille), auteur français que Le Tigre a du mal à cadrer : tantôt ses romans passent comme papa dans maman, et parfois sa prose fait que je n’arrive pas à terminer le titre. C’est ce qui m’est arrivé ici.
Le premier terme me venant à l’esprit est « insupportable ». Il n’y a rien qui ne tienne debout (le peu d’intrigue que j’ai compris date un peu, comme les personnages), et je me suis gravement emmerdé. Cela ne me dérange pas qu’un écrivaillon piétine bruyamment les conventions littéraires, seulement s’il n’assure pas derrière c’est la sanction : changement inopportun de narrateur, passages sans queue ni tête (du moins à mon sens), tout cela sans appui scénaristique.
C’est donc tout naturellement que le félin a refermé le truc vers la page 126 (chapitre IX si je ne m’abuse), tout en étant émerveillé par la différence entre le présent bouquin et Kangouroad movie, le tout dernier né d’ADG qui m’avait semblé fort sympathique. Nul besoin d’y aller par cinq chemins, ne vous sentez pas obligé de lire Notre frère qui êtes odieux.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La première chose qui m’est venue à l’esprit est que l’intégralité du roman prend un air de condensé de San-Antonio bas de gamme. Argot à tout va, nombreuses expressions du milieu, tout ceci est certes amusant sur quelques pages, toutefois on n’en peut plus de ces références à la longue. Dès la première page, j’aurais du me méfier. Jugez par vous même :
Depuis l’histoire de ce vieux Samson pourri avec sa gueule de raie et sa conne la mère Dalila qui profite de son sommeil pour lui chouraver son Colt ou quelque chose comme ça, qu’après ce vieux de con de père Samson, au lieu de s’argougner une chouette pépète à camembert Thompson ou un P. M. Uzi comme le mec sérieux qui connaît son boulot, il dessoude les affreux à coups de mâchoire d’âne, vous parlez d’un drôle d’outil […]
C’est marrant, j’allais dénoncer deux travers dans ce roman : l’ambiance polarde foireuse qui ne prend pas d’une part, mais surtout la critique sociétale que je prenais pour une critique du capitalisme de bon aloi, avec des héros écorchés et dégueulant sur tout ce qui ressemble à de l’autorité (un peu à la Manchette). Sauf que le père ADG semblait être un réac’ de droite de première bourre, et du coup je suis un peu perdu sur les motivations profondes du personnage (je n’ai lu que deux ou trois titres de l’écrivain).
…à rapprocher de :
– De cet auteur, il faut plutôt lire Kangouroad movie. Putain, encore un jeu de mots, il ne respecte rien le salaud ! Plus sérieusement, je ne pense pas me relire un de ses ouvrages, ça m’a gavé.
– Puisque j’en parlais, à la rigueur je préfère nettement Manchette, et encore…faut mieux se carapater vers Pouy, notamment La chasse au tatou dans la pampa argentine ou Nous avons tué une sainte. Plus fendards.
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