Un titre alléchant, un quatrième de couverture qui propose une idée révolutionnaire (éliminer le salarié pour postuler à son poste fraîchement vacant), on ne peut rester indifférent à l’objet-roman. Après lecture (puisqu’achat), bilan très mitigé. L’histoire est certes amusante, il n’empêche qu’en 220 petites pages ça semble un poil bâclé et léger.
Il était une fois…
Notre héros, en recherche d’emploi, a une brillante idée : choisir un poste qu’il maîtrise où quelqu’un va sûrement décéder (il aidera probablement), puis envoyer son CV. Quoi de mieux qu’être sûr d’être pris. Embauché dans la nouvelle société, rien ne va comme il le souhaitait évidemment. Si on rajoute une histoire d’amour très bancale, comment rester sain d’esprit ?
Critique de Mon CV dans ta gueule
Ce roman fut une sympathique bouffée d’air littéraire. Un sujet original, hélas d’une part sous-exploité, d’autre part l’histoire part dans tous les sens et on se demande où veut nous emmener l’auteur belge. Le Tigre, (très) jeune à l’époque, a bien aimé, hélas il en serait autrement de nos jours. D’autant plus qu’Alain W. semble n’avoir rien écrit de valable depuis. Tant pis.
Revenons à nos moutons : un homme, par des actes illégaux, parvient à rentrer dans une entreprise pharmaceutique. A mi-chemin entre folie et paranoïa, son parcours au sein de la boîte (et ce qu’elle vend comme horreurs) vire au cauchemar. Quant à l’histoire d’amour, celle-ci est plus qu’improbable en plus de mettre mal à l’aise. On a affaire à une famille de doux dingues difficile à se représenter tellement c’est parfois malsain, et plus d’une fois je me suis interrogé sur les capacités intellectuelles du protagoniste qui subit sans vraiment broncher.
Sur le style, on est fort loin de la grande littérature. Certes ça se lit vite et c’est correctement écrit, à l’image d’auteurs français plus populaires tels que Beigbeder ou autres. A lire sans grande conviction, à moins de vouloir furieusement se détendre et refuser de caler sur le style familier.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La violence dans l’entreprise. Le héros fait tout pour entrer dans la boîte, et dedans c’est un joli panier de crabes où il ne sortira pas vraiment indemne. Critique à peine voilée de la société capitaliste, le roman montre jusqu’où peut aller une compagnie qui souhaite à tout prix protéger son petit business. Quant aux pouvoirs publics pour l’arrêter, ceux-ci paraissent inexistants. A part peut-être le procès final qui ne penche pas du côté du héros.
La « médicamentation » à outrance. La boîte en question étant un laboratoire pharmaceutique, tout est bon pour vendre, quitte à « piluler » ses employés récalcitrants. C’est là que c’est assez flou dans mon esprit, disons que la fin, particulière, laisse deux options de lecture, qui toutefois ne m’ont pas laissé une marque indélébile. C’est dire si c’est bien amené et écrit…
…à rapprocher de :
– Le film Le couperet, avec José Garcia (mi années 2000), reprend le thème de l’élimination des concurrents pour avoir un job. Film d’auteur correct et sans prétention, l’humour noir doux-amer passe plutôt bien.
– Sur l’univers professionnel infâme, et en plus violent, il y a La chance que tu as, de Michelis.
– Puisque je parle de Beigbeder, faut mieux se taper 99 Francs sur la critique de la société consumériste. Et encore, vous serez loin du compte.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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