VF : La pluie du siècle. Alastair Reynolds s’essaie au roman noir / SF, et ce de manière très honorable. Dans un futur chaotique, une enquête va se passer sur une terre « parallèle » pendant les années 50, objet d’intenses rivalités entre deux groupes politiques. Un peu long (surtout en anglais), moins renversant que d’autres titres de l’auteur.
Il était une fois…
Nous sommes en 2300, et la Terre est devenue inhabitable après un holocauste nanotechnologique : la grande bleue est en effet envahie par les machines. Depuis, l’Humanité est splitée entre les Threshers, qui ne veulent plus entendre parlée de nanotechnologie et les Slashers, qui continuent à exploiter les nanites. Verity Auger, archéologue Tresher spécialisée dans l’exploration de la Terre, accepte une mission sur Phobos. Sur ce satellite de mars un étrange artefact envoie les gens vers une station de métro dans un Paris uchronique de 1959… Devant récupérer les documents laissés par un agent assassiné avant qu’ils ne tombent entre les mains des Slashers, la mission s’avère plus périlleuse que prévue…
Critique de Century Rain
Le Tigre aime bien résumer des titres en langue anglaise lorsque débarque le poche traduit. Je vous promets avoir lu Century Rain vers 2007, avec cet auteur je ne peux attendre la sortie dans notre langue. Ai été relativement déçu par ce titre, en même temps j’avais dévoré Pushing Ice (Janus en VF) quelques jours avant.
Reynolds a fait dans l’original et s’est ici éloigné du space opéra mâtiné de cyberpunk qui avait fait sa renommée. Du cyberpunk, il en reste un peu, mais cet ouvrage (du moins dans sa première moitié) est avant tout un roman noir assez surprenant. Le scénario, avec comme intrigue savoir si cette Terre de 1959 est un monde parallèle, un voyage dans le temps, une simulation ou autre chose, ne se règle réellement qu’à la toute fin. Occasionnant l’impression que l’auteur s’est un peu vite débarrassé du dénouement.
Roman noir (et historique, je rajouterai) donc, grâce à l’héroïne (Verity) qui se retrouve dans le Paris des années 50. Légère uchronie, puisque la France a botté le cul de Hitler : il n’y a donc pas eu de bond technologique de la WWII et les relations entre la France et l’Allemagne ne sont pas au top. Dans ce nouveau monde la jeune femme va rencontrer un détective privé, Floyd, qui va l’aider à comprendre comment l’agent secret (une femme encore) est décédée.
Sur cette partie hard boiled, l’écrivain maîtrise tous les codes (ambiance, dialogues,…), même si Le Tigre est resté dubitatif face à Verity qui s’insère que trop bien dans l’environnement ou Floyd qui accepte et maîtrise bien vite les gadgets apportés par l’Humanité de l’an 2300. Quant au reste, la SF à la Reynolds fourmille d’excellentes idées, bien que le tout ait moins d’envergure qu’on pourrait légitimement attendre.
En conclusion, une agréable bouffée d’air sur des sujets (les mondes parallèles, Paris en 1959) qui semblent délicats à l’assemblage. La fin est correcte, toutefois 650 pages étaient-elles vraiment nécessaires ? Parce qu’en anglais, j’ai mis un beau paquet de temps à finir le titre.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les nanotechnologies. L’Humanité, apprend-on, a pendant les années 2070 gravement déconné avec les nanites. Utilisés pour réparer le climat, cette technologie est vite devenue incontrôlable et le terrifiant scénario grey goo (la fameuse gelée grise qui s’étend, s’étend…) est devenu réalité. A partir de là, deux groupes s’opposent : ceux qui n’utilisent jamais au grand jamais des nanorobots, contre ceux qui recommencent mais avec des garde fous (du moins c’est ce qu’ils affirment). Le dernier clan repousse les frontières de la miniature, on rejoint le transhumanisme déjà développé dans d’autres titres de Reynolds.
Cette technologie est aussi utilisée pour les conflits, Le Tigre rapportant deux exemples mémorables : des enfants-tueurs (en fait des nanites assemblés) se baladent dans la nature, et la protagoniste principale semble parfois se trouver en plein milieu d’un chapitre concocté par Stephen King : violence extrême, apparitions monstrueuses,… En outre, un fabuleux virus nommé « Amusica » a des conséquences bien imaginées : les personnes touchées ne peuvent apprécier la musique, écouter du Chopin reviendrait à entendre un bruit strident, sans aucun sens. Quant à la fameuse « pluie du siècle », je n’en dirai pas plus…
L’uchronie « cyberpunk ». J’en ai déjà parlé, mais il est intéressant de connaître le point de vue de l’auteur sur cette uchronie. Français victorieux en quelques semaines contre l’Allemagne nazie, du coup le continent européen n’est pas tout à fait en paix et les partis politiques fascistes sont prépondérants dans la vie politique de l’Hexagone. Pas de deuxième guerre mondiale, donc peu d’avancées techniques par rapport à notre Histoire.
…à rapprocher de :
– Reynolds a fait d’autres one-shot bien meilleurs, à l’instar de Pushing Ice ou House of Suns.
– Sur ce type d’uchronie, Le Tigre pense à La Part de l’autre, de Schmitt.
– Les nanites qui font de la merde, c’est La Proie, de Crichton.
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman sur Amazon ici (en VF).
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