VO : Redemption Ark. Troisième et avant-dernier roman du Cycle des Inhibiteurs, enfin quelques réponses aux nombreuses questions qui nous taraudent. Pas le meilleur opus de Reynolds, mais à ce niveau on reste sur du très bon, sans compter que cet ouvrage est incontournable pour apprécier la suite. D’excellentes idées, réaliste à souhait, Le Tigre prend claque sur claque avec cet auteur.
Il était une fois…
27ème siècle. Après avoir libéré de leur carcan une terrible menace, l’humanité continue de se déchirer entre deux clans, Démarchistes vs. Conjoineurs (que les autres factions appellent les « Araignées »). Parmi ceux de cette dernière race, Calvain, vieux de la vieille qui trahit les siens et se décide (avec quelques autres) à secourir les humains « normaux » rencontrés face aux destructeurs de civilisation. Courses poursuites à travers la galaxie, découverte des motivations des Inhibiteurs, l’avenir de l’humanité ne tient qu’à peu de choses.
Critique de L’Arche de la rédemption
Délicat de résumer (et critiquer) du Reynolds à ce stade, surtout que j’ai pris le choix de résumer chaque livre du cycle individuellement (contrairement aux sagas de Peter F. Hamilton). Je vais tâcher d’éviter les redondances tout en soulignant les nouveaux apports de cet ouvrage.
Après l’Espace de la révélation, qui introduit savamment l’intrigue principale, et La Cité du gouffre, qui est un peu à part, nous retrouvons nos héros (Dan Sylvestre, quelques membres d’équipage du vaisseau Spleen de l’infini) en plus d’autres personnages : Calvain et Skade, Conjoineurs qui vont vite se foutre sur la gueule, un Porcko (groupe modifié génétiquement), et d’autres.
L’histoire est toujours aussi renversante, et avec l’univers imaginé par l’auteur ça prend une tournure encore plus dramatique : le mouvement des individus (et des informations) est toujours aussi long, l’immensité de l’espace, les armes de « classe infernale » et la froideur des protagonistes (pourtant face à un souci de taille) apportent une touche cyberpunk assez sympathique. Les humains semblent rares dans ces contrées, et le poids des responsabilités est tout bonnement énorme.
Dans cet opus, les méchants s’éparpillent un peu partout, et parce que ceux-ci ont pu capturer un vaisseau humain ils savent où et comment taper pour faire tomber l’humanité. Celle-ci, engluée dans une vieille lutte entre deux factions, ne semble pas vraiment prendre la mesure de ce qui va lui tomber dessus. Conjoineurs et Inhibiteurs, le lecteur va découvrir énormément sur ces deux groupes qui sont les plus avancés technologiquement.
Le style, un peu mieux que les deux précédents opus. C’est certes plus long mais les révélations sont proportionnelles à la taille du pavé. Chapitrage correct, police assez grosse, bref ça peut se lire en une semaine.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le Tigre va être clair : je vais parler de sujets qui m’ont marqué dans cet opus, donc il y a un peu de spoil. Lisez tout si vous ne comptez pas vous faire l’intégralité de la saga, sinon arrêtez au bon moment (milieu deuxième thème).
Les Conjoineurs. J’ai déjà parlé du transhumanisme, mais dans L’arche de la rédemption on est pour la première fois au cœur même de la faction. Et bah ils font rêver : technologie plus qu’avancée ; profondes modifications de leurs corps (télépathie, crêtes sur le crâne où passe le sang qui est refroidit tellement leurs cerveaux est en surchauffe,…) ; système « politique » fait de nids et de cercles où chacun communique par la pensée selon son niveau d’accréditation (je vous laisse imaginer la surprise d’un individu déjà haut placé lorsqu’il reçoit une comm’ d’un groupe encore plus puissant) ; vaisseaux de plusieurs kilomètres de long,…. Bref, sky is the limit avec eux.
Sur la technologie, il faut parler des prototypes d’armes que les Araignées ont mis en place et veulent récupérer. Ces objets de classe infernale portent bien leur nom, et mettent en œuvre des technologies (réalistes car superbement expliquées par Alastair R.) qui ne sont pas toujours maîtrisables. Si vous rajoutez des systèmes de propulsion supraluminiques pas vraiment au point, y’a de quoi halluciner : imaginez, le vaisseau se téléporte par petits bonds, mais à chaque fois potentiellement ouvre une brèche parallèle. Du coup, les ingénieurs moteurs évoquent des personnes qui n’ont jamais existé, ou sont coincés dans de petites failles spatio temporelles.
Ces armes sont destinées à combattre les Inhibiteurs, rapidement rencontrés dans le premier opus. Ici, le lecteur sera introduit au mode de pensée des Loups (les Conjoineurs les nomment ainsi) : I.A. très élevée, leur but est de détruire toute civilisation spatiale afin d’éviter d’autres guerres comme celle qui a ravagé le monde de leurs créateurs. Hélas leurs logiciels avec le temps s’émoussent légèrement, ce qui fait que les moyens de destruction sont moins « fins » à chaque utilisation. Les bugs apparaissent, mais rien de bien méchant, les Loups sont encore capables d’imaginer dévier la puissance d’un soleil vers une planète à détruire. Grandiose.
…à rapprocher de :
– Le cycle des Inhibiteurs, s’il faut le rappeler, c’est d’abord L’espace de la révélation, puis La Cité du gouffre, le présent livre, et enfin Le Gouffre de l’Absolution.
– Pour en savoir un peu plus sur cet imposant arc narratif, les recueils de nouvelles Galactic North et Diamond Dogs, Turquoise Days sont tout indiqués.
– Une autre saga, intitulée les Enfants de Poseidon, n’est pas mal non plus : Blue Remembered Earth, On the Steel Breeze, etc.
– Century Rain est différent, et un peu en-deçà de mes attentes. La pluie du siècle, en VF.
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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