VO : Space revelation. Lu en 2005, sur conseil d’un ami libraire, Le jeune Tigre a pris sa première claque de SF. 900 pages lues en une nuit, et achat des suites le lendemain. Space opera, cyberpunk, hard science, SF militaire, la crédibilité de l’univers de Reynolds rend ce roman addictif. Une bouffée d’air littéraire avec un suspense assez bien dosé.
Il était une fois…
Resurgam, planète très éloignée, 26ème siècle : Sylvestre et son équipe découvrent les restes d’une civilisation extra-terrestre qui semble s’être éteinte, du moins enfuie à cause d’un terrible évènement. Parallèlement, un vaisseau humain se dirige vers Resurgam pour récupérer Sylvestre, seul capable (par le biais de son père) de soigner le capitaine du vaisseau atteint d’une maladie mi-organique mi-virus informatique. Mais les habitants du vaisseau ont des intentions cachées, certaines pouvant amener à l’extinction de l’Humanité. Pas moins.
Critique de L’espace de la révélation
Il s’agit, à mon sens, du genre de romans qui vous fait aimer la SF, avec La cité du gouffre ou Peter F. Hamilton. Alors soit on accroche très vite, après 100 pages on ne peut plus s’arrêter, soit le nombre de protagonistes présentés (pas moins de trois) vous fait lâcher le fil du récit, d’autant plus que le style d’écriture est loin d’être parfait.
Petit mot sur le père Reynolds : astrophysicien, universitaire, employé à l’ESA, il sait de quoi il parle et les bases technologiques de sa grande odyssée sont à la fois compréhensibles et crédibles. Par exemple, exit la vitesse de la lumière, les vaisseaux mettent des dizaines d’années pour arriver à un endroit, d’où la cryogénisation. Quand une femme est séparée par erreur de son mari, ils ne pourront plus jamais se voir sans avoir une bonne génération d’écart.
L’histoire est complexe, avec pas mal de personnages, mais qui interagissent assez rapidement entre eux. La maîtrise du suspense est correcte, ce sont avant tout les idées de Reynolds qui m’ont « foudroyé » tellement c’était bien trouvé : pourquoi le Voleur de soleil tente absolument d’empêcher l’avancée des héros, qu’y a-t-il derrière le voile de Lascaille, qu’est-ce que cette peste qui sévit dans le Gobe-lunem ? Wikipedia peut y répondre, toutefois c’est bien meilleur de le découvrir soi-même.
A titre d’exemple, un passage est délicieux : une femme veut absolument récupérer quelqu’un, et, pour menacer la planète où il se trouve, détruit un de ses campements éloignés (pour monter qu’elle est sérieuse). Grande panique, on cède, etc. Deux heures après le départ de la kidnappeuse, les spécialistes locaux s’aperçoivent que le système informatique planétaire a été piraté (je vous laisse deviner par qui) : un campement a été créé numériquement (comprenez ex nihilo), avec en son sein des personnes qui n’ont en fait jamais existé. Malin.
Bien sûr ce roman reste imparfait : le style est encore « jeune » et n’est pas d’une fluidité à toute épreuve. La longueur parfois mal dosée : des descriptions peuvent paraître longues (sauf si comme moi vous êtes captivés), les ultimes réponses un peu tardives et le chapitrage mal conçu. Pour ma part, ce sont les 100 dernières pages de révélations finales qui m’ont échappé, disons que ça devenait trop compliqué et « jeté » pour que j’apprécie l’exipit à sa juste valeur.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le transhumanisme. Ce qui surprend au début, et est finalement logique eu égard les distances traitées dans le bouquin, c’est la foultitude de factions humaines qui n’ont plus vraiment grand chose en commun. Reynolds nous fait plaisir et présente une humanité décomplexée, avec des individus qui poussent l’amélioration de leur corps à des niveaux que je n’osais même imaginer. Les ultras et leurs capacités décuplées, l’interaction homme / machines,…ça donne envie d’y être. Quant aux conjoineurs, on en saura plus sur eux dans les opus suivants.
L’amélioration de l’espèce prend une tournure extrême par la famille Sylvestre, notamment le papa et ses expériences fondamentales. L’idée est de « transférer » l’esprit d’une personne dans un ordinateur quantique, et éventuellement pouvoir le réinstaller dans un autre corps. Si les versions bêta sont un peu bancales, force est de constater que celle de Calvain a un peu plus de gueule.
Le grand « space opera ». A savoir les espaces immenses, les vaisseaux (les fameux gobe lunem) impressionnants, des méchants qui font froid dans le dos, des enjeux phénoménaux,… Par rapport à un petit polar, Alastair Reynolds nous fait prendre de l’envergure. On se prend à regarder le potentiel de l’Humanité avec optimisme, une telle diversité faisant rêver. Alors le lecteur peut trouver que les personnages ne sont pas très approfondis, semblent froids et distants, mais quand on voit leur environnement et ce qui pèse sur leur épaule, n’importe qui virerait sociopathe à ce stade.
D’autres thèmes me passent à l’esprit, vous en retrouverez certains en lisant les résumés des autres romans du Cycle des inhibiteurs. Surtout que parler de ces inhibiteurs, c’est un peu spoiler.
…à rapprocher de :
– Si on accroche, on poursuit par La Cité du Gouffre, L’Arche de la rédemption et enfin Le Gouffre de l’Absolution.
– Pour en savoir un peu plus sur cet imposant arc narratif, les recueils de nouvelles Galactic North et Diamond Dogs, Turquoise Days sont tout indiqués.
– Une autre saga, intitulée les Enfants de Poseidon, n’est pas mal non plus : Blue Remembered Earth, On the Steel Breeze, etc.
– Janus, du même auteur, est dans la même veine : ébouriffant et long. Le Tigre a lu ce titre en anglais, qui répond au doux titre de Pushing Ice.
– Century Rain est différent, et un peu en-deçà de mes attentes. La pluie du siècle, en VF.
– Pour le space opera plein de bonnes idées, prenez Dragon déchu de Peter F. Hamilton. Et puis ce n’est pas une saga, il n’y a qu’un tome !
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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