Du pur Alexandre Jardin, rien à dire. Original et passablement déjanté, voici l’histoire d’un homme un tantinet dérangé qui va déployer des trésors d’imagination pour faire perdre la tête à une femme (tout en restant platonique). Tout cela se lit correctement et rapidement, c’est plutôt bienvenu comme littérature même si de la part de cet auteur il y a une curieuse impression de déjà-vu.
Il était une fois…
Alex Crusoé (sérieusement, Crusoé ?) rencontre Fanfan lorsqu’ils ont vingt ans. Le coup de foudre est instantané, et l’instabilité de leur relation n’est pas sans lui déplaire (hélas cela rappelle celle de ses parents). Sauf qu’Alexandre est un poil lâche sur les bords et ne saurait se séparer de sa régulière, la stable Laure avec qui l’onirisme n’est décidément pas de mise. Aussi notre héros va avoir une idée fumeuse : draguer comme un fou furieux la belle Fanfan, mais jamais succomber à l’appel de la chair. Lui faire la cour comme un paon vaniteux sans s’abandonner à ses charmes. Fanfan s’apprête à mordre à l’hameçon et à jouer le jeu, à savoir inventer de multiples stratagèmes afin de faire tomber le fruit bientôt mûr de la passion.
Critique de Fanfan
Avec Fanfan, Le Tigre a cru déceler quelque chose d’à la fois plus « doux-dingue » mais aussi personnel de la part d’un écrivain qui ne provoque que rarement de mauvaises surprises. 250 pages relativement aérées, un style léger (un peu trop simple peut-être ?), bref la gourmandise du dimanche.
Crusoé, le héros, en tient une sévère couche : confortablement installé avec sa femme, il décide néanmoins de jouer avec le feu en mettant en scène (littéralement parfois) des stratagèmes divers et variés pour maintenir la flamme entre lui et la très libre Fanfan. Le genre de romans qui peut offrir au lecteur un boulevard de créativité en matière amoureuse, avec une fin qui remet (à considérer que ce soit possible) les pieds sur terre.
Une œuvre abordable et qui, curieusement, peut faire consensus par son mépris de la réalité. Cependant, après de multiples lectures de cet écrivain, Le Tigre a eu le sentiment d’être confronté au même type d’histoires : amours impossibles et à fort potentiel poétique, faites par et pour des individus d’exception.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’amour total. Alexandre C. est un passionné, y’a pas à dire. Le genre à se mettre en quatre afin d’en mettre plein la vue à un amour de jeunesse. Le perdreau qui en fait des tonnes, quitte à perdre une femme sans doute injustement présentée comme fade. Les lignes de Fanfan sont fraiches à lire, même si on croit rencontrer le Zubial (ou le Zèbre). La marque de Jardin, quelque part, où la frivolité se mêle à l’imagination débordante dans le domaine de la séduction.
Hélas j’ai trouvé que le protagoniste principal en faisait un peu trop. L’idée fixe d’envoyer du pâté à Fanfan sans lui rouler le salvateur patin prend parfois une tournure très malsaine. C’est délirant dans l’ensemble et de temps à autre Le Tigre a été gêné aux entournures. Par exemple, offrir un studio à la belle en habitant dans le même, à côté. Avec un miroir sans teint entre les deux, c’est plutôt glauque.
…à rapprocher de :
– De Jardin, Le Zubial m’a semblé très proche. Celui-là même que je n’arrive pas à distinguer du Zèbre.
– L’ile des gauchers (même auteur), est bien meilleur.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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El Tigrou, je te conseille de lire « Le Nain Jaune » de Pascal Jardin (le père) c’est du Zubial en beaucoup plus puissant – mais il me semble que tu l’aies déjà lu (quel livre le Tigre n’aurait-il lu??). En tout cas, d’accord avec toi, « L’île des gauchers » est bien meilleur 🙂