Un homme qui remue ciel et terre pour recréer l’étincelle qu’il pense éteinte dans son couple, il y a quelques bonnes idées – si vous ne connaissez pas Alexandre Jardin. Tout cela se lit correctement et rapidement, c’est plutôt bienvenu comme littérature même si de la part de cet auteur il y a une curieuse impression de déjà-vu.
Il était une fois…
Voilà ce qu’en dit l’éditeur. Ça m’évitera de m’appesantir sur l’histoire :
« Gaspard Sauvage, dit le Zèbre, refuse de croire au déclin des passions. Bien que notaire de province, condition qui ne porte guère aux extravagances, le Zèbre est de ces irréguliers qui vivent au rythme de leurs humeurs fantasques. Quinze ans après avoir épousé Camille, il décide de ressusciter l’ardeur des premiers temps de leur liaison. Insensiblement, la ferveur de leurs étreintes s’est muée en une complicité de vieux époux. Cette déconfiture désole Gaspard. Loin de se résigner, il part à la reconquête de sa femme. Grâce à des procédés cocasses et à des stratagèmes rocambolesques, il redeviendra celui qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : l’Amant de Camille, l’homme de ses rêves. Même la mort pour lui n’est pas un obstacle. »
Critique du Zèbre
Alexandre Jardin est l’auteur de l’enfance du Tigre, avec des romans qui à l’époque m’avaient plutôt ravis, même si les thèmes sont redondants. Du coup, je suis un peu emmerdé pour ce billet, j’ai peur de me mélanger les pinceaux avec d’autres titres de l’écrivain français.
Néanmoins, je me souviens bien de l’impression de gêne face à un protagoniste principal à qui, franchement, il manque plus d’un grain. Gaspard, petit notable de province (heureusement que ses associés gèrent sans lui d’ailleurs), devient au fur à mesure moins crédible lorsqu’il met en place ses menues trouvailles. Certaines confinent au malsain, avec un homme fétichiste de sa femme – qui n’a rien demandé. En outre, le personnage renvoie à notre condition d’éternel insatisfait : en poussant la logique « vie tes rêves » jusqu’au bout, le résultat est, à mon sens, une catastrophe qui fait rire de loin.
Ces deux cents grosses pages se lisent plutôt vite, tel un roman d’aventures avec un homme fantasque qui chie sur le conformisme des sentiments. Chapitrage court, écriture simple et entraînante, petite touche d’humour et formules qui font mouche, rien à dire de ce côté. Toutefois, j’ignore ma réaction en lisant cela dans quelques décennies. La magie continuerait d’opérer ?
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’amour à tout prix. Le père Sauvage (s’est pas emmerdé pour trouver le nom du héros) en fait définitivement trop, la pauvre Camille ne sait pas à quel saint se vouer. Le problème de Gustave, c’est qu’il idéalise comme un benêt sa relation de couple, attaché à de pétillants souvenirs qu’il veut recréer. Hélas, la création de ces rocambolesques situations m’ont paru être autant de dégradations de l’amour – dans la mesure où très rarement, Camille a son mot à dire.
Comme l’annonce le quatrième de couverture, ces désirs immodérés vont se poursuivre au-delà même de l’existence de Gustave. L’amour qui bat la mort, j’ai trouvé que la fin du roman a été gravement catapultée de bons sentiments un tantinet décevants. C’est également à ce moment que l’auteur fait fort, en imaginant un stratagème (odieux, selon moi) pour rester l’amant de sa femme. C’est bien beau de préparer l’avenir quand on se sait mourir, mais à un moment faut laissez vivre les vivants.
…à rapprocher de :
– De Jardin, Le Zubial (presque un jumeau du Zèbre) et Fanfan m’ont semblé bien proches. Personnellement, j’ai préféré L’ile des gauchers. Laissez passer quelques années entre deux lectures.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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