Sous-titre : au pays de Rosie Maldonne. Légèreté, humour (même si je reste sceptique), voilà quelque chose qui se lit vite sans grosse prise de tête. Mais alors pas du tout, au risque de survoler cette improbable histoire. Rosie, jeune mère sans le sou sur qui les improbables aventures tombent, reste plutôt attachante malgré un style global qui parfois a gavé Le Tigre. Ni grande littérature mais ni catastrophe littéraire.
Il était une fois…
Rosie Maldonne est une jeune (23 piges il me semble) mère de trois chiards dans le dénuement le plus total. Elle vit d’allocations dans une miteuse caravane mal placée. En fait Rosie, qui préfère se faire appeler Cri-cri, a le verbe chantant et un cœur gros commak. Et un beau jour, tout va s’accélérer : elle découvre des dizaines de milliers d’euros dans des poubelles ; fait la rencontre d’un vieux poète ; sa meilleure amie disparaît ainsi que le bébé de cette dernière,… Bref, la miss est au milieu d’un joyeux bordel où se mêlent mafia, corruption et mystérieuses disparitions.
Critique d’Un palace en enfer
Cette œuvre se présente sous la forme d’un e-book qui a été gracieusement envoyé par un auteur autopublié. Tigre a dû ainsi télécharger un émulateur de liseuse afin de voir ce qu’il en est. Et je préfère être tout de suite honnête, mon sentiment sur Un palace en enfer sera très éloigné de commentaires élogieux présents sur un site de vente en ligne très connu.
Le titre fait référence à la bonne fortune qui va tomber sur la gueule de l’héroïne, compliquant énormément le cours de son existence. Et dès le premier chapitre (une petite dizaine calquée sur les jours de la semaine), toute cette manne trouvée dans des poubelles (plus de 100.000 euros), c’est forcément louche. Corruption d’élus, doubles jeux de pas mal de protagonistes, ça rebondit dans tous les sens que ça en devient too much. Presque du roman de gare version numérique, comme si Harlan Coben un poil fatigué avait repris le phrasé de la plèbe.
Le style n’est en effet définitivement pas mon truc : vocabulaire familier (encore, ça colle au personnage), descriptions minimales, transitions hasardeuses, ce n’est pas fameux dans l’ensemble. Et pourtant…on arrive à bien se représenter quelques scènes. Bon, c’est loin d’être repoussant certes, cependant quelques fautes d’orthographe (sans gravité) ont de plus légèrement piqué les yeux du Tigre. Ce qui est bon, avec l’e-book, est que cela sera sûrement vite corrigé.
Au final, si vous avez deux heures devant vous et qu’il n’y a vraiment rien d’autre à faire, allez-y. Ce sera toujours mieux qu’un magazine. Le tout ne maque pas de sel et quelques surprises finales sont à prévoir. Hélas, le fan de polar ou de roman sociétal (nullement la prétention de l’écrivaine) pourra passer son chemin. Sans regrets.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La gouaille. La Rosie a le franc parler de la fille à qui on ne la fait pas, et même dans les situations les plus dangereuses sa répartie reste assez savoureuse (bien qu’inimaginable en l’espèce). Imaginez le bout de femme que c’est : plutôt belle, la marmaille à gérer, peu discrètement habillée puisqu’elle récupère les très flashy vêtements d’une copine, en fait Le Tigre a plus d’une fois pensé au sketch Les pétasses des Inconnus. « Le lampadaire, c’est Cri-cri ! ». Lourd à la longue toutefois.
La culture de la débrouille. Cri-cri est ce qu’on pourrait nommer une « maman tout-terrain » : récupérer quelques euros pour nourrir ses trois (puis quatre) gosses, travailler au black tout en composant avec les sorties de l’école, chapeau à une femme qui ne se laisse rarement démonter (au sens propre comme figuré). Question culture, on peut également saluer les références musicales à chaque début de chapitre, paroles à l’appui : Rosie croit que les airs écoutés dans ses rêves sont envoyés par feue sa mère et sont autant d’indices quant à la teneur de la journée à venir.
…à rapprocher de :
– Dans la catégorie « je déconnes sur les bords et m’adresse au lecteur », vous préférez sûrement quelques San-Antonio. Celui-ci par exemple.
– Dans une catégorie légèrement au-dessus (et encore, j’insiste sur le légèrement), Tigre tient à signaler La petite fêlée aux allumettes, de Nadine Monfils. Pas terrible, comme quoi être édité par une grande maison ne veut rien dire.
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« Cependant quelques fautes d’orthographe (sans gravité) ont de plus légèrement piqué les yeux du Tigre, par exemple : page 30, « ça m’a fait penser à un truc » »
Je n’arrive pas à voir où se situe la faute dans l’exemple que vous citez ? J’espère que ce n’est pas l’emploi du « ça » en « cela » qui vous titille, car c’est courant dans un dialogue. Vous pouvez me l’indiquer ? Merci car sinon je n’en dormirai pas 🙂
Sinon, en parlant de coquilles, j’en ai trouvé une dans votre article (fin du 1er paragraphe) : « Rosie, jeune mère sans le sou sur qui les improbables aventures tombent, reste plutôt attachante malgré un style global qui parfois gavé Le Tigre » —> « gavé »
Vous n’allez pas me croire : j’ai auto corrigé l’erreur moi-même. C’était « pensé », et le « ça » ne pique pas du tout les mirettes. Du coup, merci pour votre aide, j’en ai profité pour dégager les exemples de fautes. C’est tirer sur une ambulance, sans compter que depuis ce temps la version disponible doit être exempte desdites fautes.
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