L’image de couverture parviendrait presque à spoiler en montrant la jeune Leopoldine, personnage qui occupe une place centrale dans ce huit clos de basse extraction que Le Tigre a eu un mal de chien à terminer. Très loin d’être le meilleur roman de Nothomb, dès le début le style qui lui est propre (violence des dialogues) montre ses limites.
Il était une fois…
Prétextat Tach est un romancier de premier plan qui a reçu le prix Nobel. Lorsqu’il fait savoir qu’en raison d’un cancer foudroyant il ne lui reste que deux mois à vivre, les journaleux se pressent pour recueillir ses dernières bonnes paroles. Sauf que Prétextat les envoie, tous, au tapis (pas littéralement) : insupportable, cynique, à la répartie cinglante, le mec écoeure tout journaleux normalement constitué. Jusqu’à ce qu’il soit interviewé par Nina (hop, prénom spoilé), qui semble avoir très bien travaillé son sujet.
Critique d’Hygiène de l’assassin
A tout hasard, Le Tigre signale qu’il s’agit du premier roman de la mère Nothomb. N’attendez pas de moi une quelconque tendresse (pourtant légitime), car je n’ai pas découvert ce titre au début des années 90. Pour les besoins de ce billet, je l’ai même rapidement relu. Si.
Autant vous le dire de go, vous pouvez passer au second chapitre. C’est-à-dire vers la centième page. Toujours ça de gagné en considérant que la première moitié n’est là que pour planter le décor intellectuel de Prétextat, écrivain particulier dont on ne sait trop pourquoi le Nobel lui a été attribué. La lutte entre deux individus, chère à Amélie, démarre vraiment avec l’arrivée d’une jeune journaliste qui va, à la manière des plus grands penseurs grecs, lever le lièvre de la vérité.
Cette vérité, justement, a un rapport intime avec le titre du bouquin dans la mesure où, de tout ce qu’a écrit Tach, Hygiène de l’assassin a une signification terrible pour son auteur. Sauf que Le Tigre s’en tapait un peu sur les bords, sauter des morceaux de dialogues entiers n’empêchera aucunement de saisir le fin mot du scénario. 200 pages lues en deux heures, définitivement trop eu égard l’intérêt du roman.
C’est certes un tour de force que de pondre plus de cent pages exclusivement constituées d’échanges parlés, mais à un moment le lecteur habitué de Nothom risque d’être salement saturé. Surtout que les arguments parfois avancés m’ont semblé autant vaseux qu’oiseux. Bref, ce premier jet est dispensable.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Sans trop gravement spoiler, il est grandement question du mythe de l’enfance idéalisée, c’est-à-dire parfaite, sans les tracas que la maturité (donc la puberté) va apporter. La vision de cette pureté par le bon Tach, aussi obèse que glabre, est profondément dérangeante. Une enfance heureuse, trop de bonheur, et voilà que le cerveau se dit que tout devrait rester ainsi. Une forme de syndrome de Peter Pan, cependant en plus glauque.
Le dernier thème m’a paru plus personnel puisque Tigre n’a pu empêché de se dire : pourquoi un tel sujet pour un premier roman publié ? Il appert que l’écriture agit, pour l’anti-héros, tel un exutoire où se raconter appelle les réactions des lecteurs. Amélie Nothom profite d’Hygiène de l’assassin pour annoncer le genre de thèmes dont elle va nous entretenir : un brin de folie ; des dialogues à n’en plus finir ; des aspects autobiographiques poussés et le désir d’approfondir la problématique quant aux relations auteur / lecteur.
à rapprocher de :
Tigre ne va pas vous dérouler la biblio de Miss Améli-mélo, toutefois sachez que Tigre a lu pas mal de titres, dont (par ordre de publication) : Les Combustibles (sans plus, heureusement c’est court), Attentat (interminable), Stupeur et tremblements (à caractère bibliographique et pas mal au demeurant) ; Cosmétique de l’ennemi (relativement insupportable) ; Biographie de la faim (à lire) ; Acide sulfurique (lourdaud) ; Le Fait du prince (le pire, je crois bien) ; Une forme de vie (encore un obèse, décidément) ; Tuer le père (sans plus).
– Sinon, le thème du romancier/assassin me fait penser à Marc Weitzman et son ouvrage Mariage mixte. Faudrait que je le termine, celui-ci.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Amélie Nothomb – Biographie de la faim | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Les Combustibles | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Acide sulfurique | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Le Fait du prince | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Tuer le père | Quand Le Tigre Lit
Effectivement tu n’as pas tardé!
En grande partie d’accord avec ton billet et particulièrement sur » L’Annonce faite aux lecteurs » de ses futures productions. A laquelle j’aurais modestement ajouté son obsession pour l’esthétique humaine.
Je m’étonnes que tu n’aies pas consacré deux lignes sur la préparation de l’Alexandra.
Si tu l’as lu en 2 heures, il ne t’en faudra qu’une demie pour « Le fait du Prince ». Probablement une production « fiscale », consternant.
Pas con pour l’esthétique humaine, vais y penser pour plus tard. Concernant la prépa d’Alex’, j’ai du entre autres zapper ce passage.
[note que si tu m’éclaires à ce sujet, je ne publierai pas ton comment qui sera directement intégré].
A propos du « Fait du Prince », challenge accepted ! RDV début mars.
Ping : Amélie Nothomb – Attentat | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Une forme de vie | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Cosmétique de l’ennemi | Quand Le Tigre Lit
Ping : Amélie Nothomb – Stupeur et Tremblements | Quand Le Tigre Lit