Nom de Zeus, qu’est-ce que ce fut long et inintéressant. Un homme qui prend la place d’un autre, quelques rares passages auraient pu piquer la curiosité du lecteur si ceux-ci n’étaient pas perdus au milieu d’un océan d’inepties. Particulièrement décevant, c’est un titre à éviter. Amélie, je suis désolé, mais là tu as sorti un RTP : le Roman Tiers-Payant, celui qu’on fait en vitesse pour s’acquitter d’un impôt non provisionné. Comme Johnny.
Il était une fois…
Baptiste Bordave, au cours d’une morne journée, voit débarquer chez lui un inconnu lui demandant un téléphone. L’inconnu s’écroule, mort. Baptiste a alors l’ingénieuse idée de prendre la place du macchabée (qui se nomme Olaf Sildur) et faire comme s’il était lui. Comme par magie, il parvient à s’installer dans la baraque du riche décédé en plein Versailles : il se fait même accepter par Sigrid qui pense qu’il est un énième invité dans le cadre du métier d’Olaf. Mais qui remplace-t-il ? Est-ce un piège ? [au final, on s’en bat les roubignolles]
Critique du Fait du prince
Je crois que c’est en lisant le Fait du prince que j’ai arrêté les frais concernant Nothomb. Lors de sa sortie, vers 2008, la machine médiatique avait fait un tel battage médiatique autour de la nouvelle œuvre de Nothomb que j’ai lâché, sans sourciller, vingt boules à mon libraire pour lire 160 pages. Sachez-le, il est possible de plumer un tigre.
En effet, les chapitres ne sont qu’une suite d’interrogations du protagoniste principal dans cette « nouvelle vie » et ses dialogues (certes moins nombreux que d’habitude chez cette écrivaine) avec la charmante blondasse qui ne mange (cf. dernier thème) que du champagne. L’intrigue avance à un rythme d’obèse sénateur, et ne vous attendez pas à de somptueuses révélations en guise de dénouement.
Pourtant, à partir de la centième page Le Tigre avait cru sentir le frémissent d’un suspense, ou du moins d’une reprise d’intérêt, toutefois cela n’a pas dépassé trois chapitres (le chapitrage est court avec Nothomb). Quant au titre, c’est à croire que celui-ci a été choisi juste parce que ça claque bien de loin : sa légitimation dans le dernier chapitre, par un boiteux rapprochement avec le train de vie des Etats, m’a laissé de marbre. Avec cette logique, tout écrivaillon qui dépeint un héros décrétant l’impossible pourra s’offrir un tel titre.
Vous l’aurez compris, fuyez. Même si ça se lit en 70 minutes.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le vol d’identité est ici traité à la hussarde, néanmoins l’auteure ne parvient pas à substituer au réalisme la fantaisie dont, parfois, elle fait preuve. Baptiste (oui oui, celui qui baptise, voilà qui est fait) s’autoproclame Olaf, sauf que la jeune femme connaît le vrai Olaf. C’est en se faisant passer pour un autre qu’il nouera des liens avec la blonde taille mannequin. Celle-ci, trop accueillante, participe-t-elle à une machination ? (Je n’ai pas du comprendre les subtilités intertextuelles de cette intrigue)
Le second thème, plus léger, est presque un poncif qu’Amélie aime aborder dans ses romans : le rapport à la nourriture, liquide et solide. Les descriptions de breuvages bus et des plâtrées de pâtes aux champignons, croissants,…occupent une place non négligeable, ça m’a donné faim d’ailleurs. Au moins je rejoins l’auteur qui semble affirmer que ne boire que du champagne de marque à longueur de journée (krugg, veuve cliquot, etc.) soit la meilleure chose à faire en ce bas monde. Du moins c’est de cette manière que fonctionne Sigrid jusqu’à ce que Baptiste l’enjoigne à avaler un peu de bonne bouffe derrière.
…à rapprocher de :
– Tigre ne va pas vous dérouler la biblio de Miss Améli-mélo, toutefois sachez que Tigre a lu pas mal de titres, dont (par ordre de parution) : Hygiène de l’assassin (mouais), Les Combustibles (sans plus, heureusement c’est court), Attentat (interminable), Stupeur et tremblements, à caractère bibliographique (pas mal au demeurant) ; Cosmétique de l’ennemi (relativement insupportable) ; Tuer le père (sans plus) ; Biographie de la faim (à lire) ; Acide sulfurique (lourdaud) ; Une forme de vie (très moyen), etc.
– Désolé de rajouter une couche sur ce roman, mais le début aurait pu être intéressant si ça n’avait pas été pompé sur d’autres œuvres (Trainspotting par exemple) : lors d’une soirée, un invité explique à Bordave que si quelqu’un venait à clamser chez vous, il faut appeler un tacos et le déposer à l’hôpital. Puis expliquer qu’il est décédé en route, ce qui évite à votre appartement d’être investi par les flics. Comme la Mère Supérieure dans le chef d’œuvre d’Irvine Welsh. Démarrer par une anecdote aussi insignifiante aurait dû alerter le félin…
– Sur le vol d’identité, préférez Je tue il, de Didier Daeninckx. Voire le film Profession: Reporter, avec l’immense Jack Nicholson.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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