VO : The Second World War. Énième essai sur la WWII, cependant écrit ici par un érudit qui sait définitivement de quoi il parle. Le Tigre qui en principe n’aime pas du tout ce type de gros pavés est parvenu à le terminer, et même à l’apprécier. Car cela se lit comme un roman, certes un peu trop long.
De quoi parle La Seconde guerre mondiale, et comment ?
Qui es-tu donc Beevor ? Ooooooh…une sommité dans son domaine il semble bien : il a fréquenté les plus beaux établissements universitaires de sa très Gracieuse Majesté ; a suivi les cours de grands historiens ; a servi comme officier de carrière et a donc pu avoir accès aux archives militaires russes et allemandes ; a déjà écrit un nombre impressionnant d’essais ; a une belle gueule, bref encore le parfait invité pour votre déjeuner dominical !
Le Tigre n’a guère l’habitude de lire ce genre d’énormes trucs historico-militaires, mais dans une vieille maison chez des amis il est parfois impossible d’y échapper. Surtout quand on ne vient pas avec ses propres plats littéraires. Aussi j’ai profité de quelques heures pour rapidement parcourir quelques chapitres (si bien que j’ai quasiment tout lu). Et, loin d’être ennuyeux, La Seconde guerre mondiale apporte quelques nouveautés (cf. infra) par rapport à ce que je croyais connaître sur cette période.
Attention, si Beevor traite essentiellement de l’aspect militaire et politique, son style reste relativement fluide et agréable à lire. L’essayiste parvient à nous faire partager la realpolitik des grands de ce monde tourmenté (le père Churchill, le vérolé Staline, le claudiquant Roosevelt, etc.) ainsi que le quotidien de la soldatesque. Du macro au micro, l’Anglais maîtrise tout, peut-être trop car plus d’une fois Le Tigre s’est presque noyé dans les innombrables détails qu’on oublie à la page suivante. Toutefois quelques lignes retiennent l’attention, par exemple ce souvenir d’un troufion (page 821) :
Un jeune soldat venu transmettre un rapport sentit une main agripper son manteau. Il baissait les yeux. C’était une fille d’environ 18 à 20 ans avec des cheveux blonds et au beau visage. Elle me pria à voix basse : « sortez votre pistolet et tuez-moi ». Je l’ai regardée de plus près et j’ai réalisé avec horreur qu’elle n’avait plus de jambes.
Pour conclure, Le Tigre a lu cet essai comme une fiction (hélas trop longue, mais le sujet est démesuré) grâce aux talents de conteur de Beevor. Et c’est sans doute un problème, car au XXIème siècle il paraît difficile de se représenter l’horrible réalité que fut cette guerre planétaire (shoah, exactions de guerre). Enfin, une cinquantaine de photographies d’archives (certaines fort connues, d’autre moins) sont régulièrement disséminées dans l’ouvrage. Ce petit plus fort légitime n’est pas inutile mais ne donnera nullement l’impression de lire plus vite.
Ce que Le Tigre a retenu
Ce qui m’a plu dans cet essai est la mise en lumière des comportements des grands généraux de tout bord. Le Rosbif Montgoméry, l’Amerloque MacArthur, tous ces médaillés tirent désespérément la couverture vers eux comme autant d’excentriques divas. Et pourtant ça ne les a pas vraiment desservi. Un bal des égos largement entretenu par les hommes politiques qui ne dédaignaient pas du tout y participer.
Tony B., m’a appris pas mal de choses en se concentrant aussi bien sur les théâtres d’opération occidentaux qu’orientaux. Car cette guerre a réellement démarré en 1937, lorsque les Japonais se sont décidés à envahir la Chine. Et l’écrivain traite aussi bien des luttes militaires dans ce qui deviendra l’ASEAN (si ça peut expliquer la politique actuelle de l’organisation) qu’il donne une analyse complète de de la Chine nationaliste, puis communiste, dans le nouvel ordre mondial qui s’esquisse.
D’ailleurs, Le Tigre a cru dénoter une certaine naïveté américaine (encore plus que ce dont je me doutais) par rapport aux alliés orientaux qui allaient, peu de temps après, royalement chier dans les bottes de l’Oncle Sam. La Chine maoïste, mais surtout l’URSS, deux ogres rouges dont on se doutait à l’époque que ceux-ci allaient donner des sueurs froides aux États-Unis, seulement ces derniers semblent n’avoir pas fait grand chose pour l’éviter pendant le conflit.
…à rapprocher de :
– Beevor est également connu pour son édifiant essai Stalingrad, sorti en poche depuis quelque temps.
– L’autre référence est Ian Kershaw, pour l’instant Le Tigre n’a lu que La fin, sur les 10 derniers mois de l’Allemagne nazie.
– Autre essai roman graphique sur la WWII, vue côté juifs, il y a l’excellent Maus, d’Art Spiegelman.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver en ligne ici.
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