Premier tome d’une coquine (non, dégueulasse en fait) histoire où se mêlent soumission et pratiques sexuelles borderlines. Le scénario est assez fourni, et Ardem en profite pour faire subir toute sorte de tourments à notre héroïne. Le dessin, toutefois, n’est pas du genre affectionné par Le Tigre.
Il était une fois…
Héléna est une femme d’affaires qui réussit, et avec sa fille Léa (qui semble plutôt bien dégourdie) l’avenir s’annonce radieux. Hélas (comme toujours chez Ardem), un beau jour quatre des plus proches collaborateurs se pointent dans le bureau de la boss avec une revue porno où Helena est reconnaissable entre mille. Le chantage peut commencer, la femme de 36 ans devra se soumettre aux désirs et à l’hubris de ces employés à la moralité douteuse.
Critique du premier tome de Chantages
[ATTENTION : si vous avez moins de 18 ans, je vous prie de NE PAS REGARDER NI CLIQUER sur les images illustrant le billet. Sérieusement.]
Je dois en être à une petite poignée de titre d’Ardem, et espère trouver celui qui puisse enfin me plaire, tout au moins qui me fera sourire. Ce n’est pas encore le cas avec ce premier tome de Chantages, où les perversités les plus abjectes vont de pair avec des illustrations qui ne laissent que peu de place à l’imagination. Ouvrage très hard, à définitivement ne pas mettre entre toutes les mains.
Là où Le Tigre a du mal avec cet auteur, ce sont ses illustrations tant reconnaissables : noir et blanc (jusqu’ici, tout va bien), une ligne pseudo claire avec un faible encrage, on sent parfois la planche travaillée au gros feutre. Si les corps des hommes tendent à être répugnants (leurs visages, leurs dialogues n’ont pas la finesse d’un illustré érotique puisqu’on verse dans le porno), il faut néanmoins concéder à l’auteur un travail satisfaisant sur la gent féminine, pièce maîtresse de ses délires.
En suivant la descente progressive en enfer d’Héléna sur plus de 200 pages (assez long pour ce genre de titres), le lecteur aura le droit à presque tout : chantage sur une employée prise la main dans le sac, devant la dirigeante ; maîtresse suceuse sous la table lors d’une réunion de cadres ; exhibitions dans des endroits publics ; prostitution de bas étage dans les chiottes d’une discothèque, que du fin.
Enfin, le début de la BD nous introduit auprès de sa fille, Léa, qui tout en souhaitant garder sa virginité s’amuse oralement avec deux amis. A peine dix-huit ans et on pressent que la jeune fille va avoir un rôle à jouer dans les opus qui suivent.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le chantage à peine crédible. Marque de fabrique de cet illustrateur, le début introduit les protagonistes comme si ceux-ci étaient sortis d’un courrier de « confessions d’une femme », révélations qu’Ardem décide de mettre en BD. Il y a une vingtaine d’années, l’héroïne s’est laissée aller dans une revue X. Elle a bien vieilli puisqu’on parvient à la confondre. Dès ce moment, la BCBG sera contrainte de se rabaisser à un niveau proche du quatrième sous-sol sans qu’elle ne semble songer à se révolter. Comme dans Les films de Justine, il suffit de menacer la femme de révéler quelques images/vidéos compromettantes pour lui faire faire encore pire.
La femme subit toutes ces dépravations de manière presque passive, et on peine à croire qu’elle puisse être aussi soumise. Cette soumission totale est d’autant plus improbable qu’on va franchement crescendo dans le trash. Certes Héléna ne souhaite pas se faire virer (les études de sa fille promettant de coûter bonbon), mais présenter une femme aussi peu combattive (alors que chef d’entreprise) et tant docile dénote un machisme incroyable sinon choquant. La femme-objet blackmailée par certains de ses employés, presque le monde à l’envers.
…à rapprocher de :
– De la part de cet auteur/illustrateur, il y a Les films de Justine (tome 1 et tome 2). La fin du premier opus fait aussi la part belle à l’ondinisme (le pipi quoi). La mauvaise élève, avec une morale déplorable, peut être zappé. Mais pas Le Jouet, assez marrant quoique peu crédible.
– La femme soumise, c’est surtout L’institutrice, de Bruce Morgan. Ou Degenerate Housewives, de Rebecca (avilissement plus axé lesbos…)
Enfin, si votre librairie est fermée ou ne propose pas ce titre car « ce n’est pas le genre de la maison », vous pouvez trouver cet illustré en ligne ici.
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Salut Tigrou, dans le genre érotique, mais plus recherché et arty je te conseille « Teddy Beat » de Morgan Navarro (chez les Requins Marteaux – primé à Angoulême)
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