VO : Mýrin (« marécages », traduction encore très libre du titre en France). Premier roman d’Arnaldur traduit en France, le contact avec le héros et son environnement donne envie de lire le reste. Scénario et style pas tout à faits au point, néanmoins ça se lit aisément et l’ambiance glauque de l’auteur en ravira plus d’un. Dont Le Tigre.
Il était une fois…
Erlendur est de mauvais poil, un nouveau corps est retrouvé dans la capitale islandaise, Reykjavik. Des images pornos fort choquantes sont retrouvées chez la victime, révélant une affaire vieille d’une quarantaine d’années. L’enquête le conduira à la fameuse « Cité des jarres », les jarres étant une collection dégueulasse de bocaux renfermant des organes…
Critique de La Cité des jarres
Le Tigre, comme à son habitude, a lu les aventures du flic Svensson (son nom de famille, qui dépend du prénom de son père) dans le mauvais ordre. La Cité des jarres est un des tout premiers opus avec ce héros, force est d’avouer qu’on se s’y ennuie guère.
Le scénario est plutôt plaisant, même si le fin mot de l’histoire pourra être deviné par plus d’un lecteur. Pourquoi ce meurtre, et quels lourds secrets cache la victime dans un pays où la généalogie fait figure de hobby national ? Au-delà des péripéties policières, nous aurons droit à plusieurs souvenirs d’enfance du narrateur (assez touchants d’ailleurs) et les relations entre le policier et ses deux enfants qui ont de graves problèmes de drogue (sa fille Eva Lind en particulier).
Sur le style, ce n’est pas encore parfait et la marge de progression d’Arnaldur a été correctement remplie par la suite. Quelques longueurs dans le décor planté par l’Islandais, toutefois en 300 pages (avec de nombreux chapitres) Le Tigre n’a pas vu le temps passer. Mais il faut garder à l’esprit qu’à l’instar d’un Staalesen ou d’un Mankell (voire la saga Millenium), la littérature nordique est faite de longues ficelles qui laissent aux auteurs le temps pour dresser un tableau réaliste et convainquant de l’environnement sociétal de leurs contrées (cf. infra).
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les petits cauchemars des contrées nordiques, parlons en. C’est plutôt noir, les sujets traités par l’auteur : psychologie des viols (vu côté victime comme bourreau) ; jeunesse qui part en sucette dans un pays pas vraiment chaleureux, d’où les difficultés de la parentalité ; expériences génétiques menées par les gouvernements islandais (l’eugénisme n’était pas loin) ; ou enfin inefficacité (souvent voulue) du système judiciaire. Il y a largement de quoi justifier la mauvaise humeur du héros, individu maussade mais efficace.
Le héros Erlendur, justement. Indridhason (je mets le « h » parce que ce serait la bonne orthographe) nous présente un personnage qui sera au centre de tous les romans à venir. Comprenez qu’il n’avait pas intérêt à se planter en choisissant quelqu’un dont on souhaitera lire les aventures. Et dès le début l’objectif m’a semblé rempli : un flic taciturne, à l’image de son pays ; des enquêtes qui semblent banales mais débouchent sur de sombres scandales ; l’évolution des liens familiaux (et la vie amoureuse) du personnage, notamment avec sa toxico de fille ; et d’autres menus problèmes de santé (résolus à la fin de manière plutôt cavalière par l’auteur hélas).
…à rapprocher de :
– Les autres titres de l’écrivain islandais sont pas mal au demeurant, même si on peut avoir l’impression de tourner en rond à la longue. En vrac : L’homme du lac, La Femme en Vert, La voix.
– Dans un registre réaliste et noir, version Irlande, mais un style plus aéré et rapide, il y a Ken Bruen. Ça commence par Delirium Tremens il me semble.
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