VO : The Songs of Distant Earth. Puissante claque de la part d’un auteur illustre de science-fiction, Le Tigre a découvert le père spirituel des auteurs contemporains que j’affectionne. Immensité de l’espace et du temps qui provoquent qui donnent le tournis, voici un roman profondément humain qui laissera des traces à tout lecteur normalement constitué.
Il était une fois…
A la suite d’une fabuleuse découverte dans les années 60 sur les neutrinos solaires (et oui), l’Humanité a pu savoir qu’en 3800 de notre ère le soleil se transformera en super nova. Ainsi, l’humanité parvient à envoyer quelques colons ici et là sur d’autres planètes dans le futur. Notamment sur la planète océanique Thalassa, où ses habitants ne savent plus ce qu’est devenue la Terre à l’issue d’une éruption volcanique qui a détruit certaines données.
Or vers 3600 un vaisseau, le « Magellan », transporte la dernière colonie de l’espèce humaine (1 million de cryogénisés quand même) doit faire escale par Thalassa (une histoire de réparation de boucliers à l’aide de glace) avant de rejoindre une lointaine planète, Sagan 2. Rien à voir avec Françoise au passage. Les Thalassiens (si c’est bien le gentilé) ne sont pas au courant de ce qui arrive, aussi la rencontre entre les deux peuples réserve quelques surprises. Qu’ont ces individus en commun sur un planète qui ignore tout de la Terre ?
Critique des Chants de la terre lointaine
Voici une grandiose pépite de la part d’un auteur souvent jugé comme trop technique et froid. Pour ma part, j’ai trouvé cet ouvrage presque trop avancé pour sa date de parution (1986). J’ai pu découvrir de savantes notions de grandeurs et de destins extraordinaires à cause de l’immensité de l’espace, thèmes repris (donc que je ne développerai pas) par d’éminents écrivains tels Peter F. Hamilton ou Alastair Reynolds. Tous présents sur QLTL.
En ayant relu rapidement quelques chapitres (assez denses en fait), j’ai retrouvé toute la beauté d’un texte qui m’avait profondément bouleversé. Car au-delà d’une histoire scientifiquement crédible, cet ouvrage a une puissance humaniste (trop peut-être ?) digne d’un Isaac Asimov (Les Dieux eux-mêmes) ou d’un Orson Scott Card (la saga Ender). Imaginez, deux groupes n’ayant plus grand chose en commun sinon leur appartenance à une même espèce, les retrouvailles sont empreintes d’une certaine nostalgie en plus de quelques incompréhensions mutuelles.
Nous suivrons quelques protagonistes de la planète Thalassa confrontés à l’arrivée du dernier vaisseau envoyé par la grande bleue. Décalages temporels entre deux civilisations, problématique de ceux qui souhaitent rester sur place (craignant un long trajet incertain), espèces aquatiques dérangées par les nouveaux qui débarquent, petites amourettes entre personnages, Arthur C. Clarke a brillamment mélangé fluidité du texte et scénario renversant.
Un plaisir dont il ne faut se priver, et ce en partie grâce à l’éditeur Bragelonne qui a réédité un classique à côté duquel j’aurai pu passer.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’esprit étriqué de l’Homme. Même en plein milieu du troisième millénaire, les religions sources de violence et autres croyances qui nous font porter des œillères sévissent et dictent la conduite de certains. Ces comportements sont d’autant plus choquants par rapport aux fameux « scorps », animaux qui peuplent les fonds marins de la planète et qui semblent plus « conscients » qu’on ne peut l’imaginer. Le Tigre n’en dira pas plus.
En outre, certains sujets sont traités avec une certaine finesse et ont incité Le Tigre à en savoir un peu plus. En vrac : le culte cargo, qui consiste à dire que toute technologie très avancée peut être considérée comme de la pure magie par d’autres (l’exemple historique étant des iliens confrontés au soldat occidental qui, à l’aide d’une radio, appelle un cargo qui délivre des vivres). Le dieu alpha (celui qui surveille) et le dieu oméga (le créateur de tout). La réécriture de l’Histoire, également, par les hommes souhaitant démarrer sur de nouvelles bases en la purgeant de toute violence.
…à rapprocher de :
– Clarke est connu pour son 2001, l’odyssée de l’espace ou son mystérieux Rendez-vous avec Rama (un jeu vidéo en est tiré d’ailleurs).
– Reynolds, sur les conséquences de l’immensité de l’espace, a produit quelques beaux spécimens. Je pense en particulier à House of Suns, qui s’étale sur des millions d’années.
– Orson Scot Card et l’histoire terriblement humaine d’Ender. Notamment Xénocide.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
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