VO : Paratiisisaaren vangit. Bon petit roman sans prétention d’un de mes auteurs scandinaves préférés : sur 200 pages c’est une délicieuse utopie toute en finesse qui se déroulera, facile et rapide à lire. Le génie scandinave, tant dans l’écriture que les modes de survie décrits. Pour une fin toute savoureuse.
Il était une fois…
Un avion transporte des Finlandais et des Suédois. A son bord, exclusivement des bûcherons et des sages-femmes (sans oublier le journaliste narrateur). Dès que l’avion en question fait un amerrissage forcé à proximité d’une île déserte, la (presque) soixantaine de rescapés s’organise et parvient à faire de ce petit endroit un quasi paradis. Combien de temps cela durera-t-il ?
Critique de Prisonniers du paradis
Voici l’exemple parfait du roman de plage : lecture faisable en deux heures, sourires garantis et quelques sens cachés, selon la sensibilité personnelle du lecteur. Une fort jolie fable sur le retour à la nature, avec des protagonistes attachants dans un environnement original.
Le scénario, en effet, veut que pendant pas mal de jours des nordiques, en mission pour l’ONU, se retrouvent bloqués sur une île en plein océan indien. Rapidement nos héros font l’inventaire de ce qu’ils ont, mettent en place une organisation assez marrante : les bûcherons créent un alambic pour produire de l’eau-de-vie, les Suédoises mettent en place un planning familial, etc.
Dans ce roman, quelques situations cocasses, une humanité dépeinte avec la même tendresse de la part de l’auteur (les défauts de celle-ci ne sont pas bien méchants), et surtout beaucoup d’improbable, notamment la fin. Car dans les derniers chapitres débarque un navire de guerre américain bien décidé à sauver nos îlotiers. Même malgré eux, et certains refusent cette aide et s’enfuient, dans une dernière aventure, dans les collines avoisinantes.
C’est à ce moment que le lecteur pourra être légèrement déçu, car le final semble un peu léger. Sans spoiler, disons que tout reviendra évidemment à la normale, chacun se sert la main (les marines US, les récalcitrants, etc.) et finit en bonne intelligence. Pour 200 pages (et plus de 30 chapitres quand même), on ne va pas chipoter sur le contenu, déjà satisfaisant.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’utopie. Paasilinna est un solide conteur, et le système de « gouvernement » mis en place par nos rescapés est à l’image de ce qu’on pourrait imaginer de la part d’une organisation parfaite, sinon harmonieuse. Pas de grands discours, pas de joyeux bordel comme une anarchie saurait créer, juste une sorte de socialisme de redistribution égalitaire assez efficace. L’exercice du pouvoir et le principe politique du socialisme sont rapidement traités, et ça sera au lecteur d’imaginer l’application de cette situation à plus de cinquante personnes.
Si la vie semble aussi paradisiaque, il faut convenir que c’est grâce à la nonchalance nordique des protagonistes. A l’image de l’écriture d’Arto, le mot d’ordre paraît être la simplicité. Bonheur simple, vie intelligemment menée (a contrario du mode d’existence des villes) où règnent le partage et la gentillesse. Même la gestion des langues est facile avec les Norvégiens, les Anglais et les Suédois ! Mince, mettez des Latins (dont nous autres, Français) dans une telle situation, il y a moyen de faire péter la place en moins de 10 jours.
…à rapprocher de :
– De la part d’Arto, Le Tigre a particulièrement aimé Le lièvre de Vatanen ou La douce empoisonneuse.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
Ping : Arto Paasilinna – La douce empoisonneuse | Quand Le Tigre Lit
Ping : Arto Paasilinna – Les dix femmes de l’industriel Rauno Rämekorpi | Quand le tigre lit