VO : Cercanias (ça veut dire proximités, mais dans l’idée la traduction du titre en français est plus proche de l’esprit de l’auteur). Une bande de copains se fait plaisir en baisant à tout va. Petites histoires mignonnes, tout ceci reste frais et adorable (notamment les illustrations, presque enfantines) même si l’adjectif « pornographique » se doit d’être maintenu.
Il était une fois…
Voici les aventures sexuelles d’amis de longue date ici présentés (commençons par ces mesdemoiselles) : Claire, la rousse qui a le feu au derche et est toujours partante ; la brune Rachel désireuse d’accompagner Claire dans ses divagations ; le gros sentimental Adrien secrètement amoureux de la seconde ; et enfin le beau gosse Joshua adepte des plans cul un peu bizarres.
Critique de Cercle Intime
Enfin une bande dessinée pornographique au premier abord gentillette avec de délicats dessins (façon de parler) ! Ce tome se décompose en six saynètes, la plupart terminant sur une petite surprise qui renforce un humour qui ne mange pas de pain (à l’exception de la dernière histoire). Missionnaire, double Péné, éjac’ faciale, cris de plaisirs, adolescents qui s’envoient en l’air après deux minutes de parlotte, l’univers imaginé par Atilio G. est léger et sans prise de tête.
Niveau illustrations, deux remarques : 1/ l’auteur espagnol a un certain sens du détail avec des corps bien détaillés (poils, lèvres charnues) et des décors plutôt complets – sauf quand ça nique, les gros plans oblitérant souvent les alentours. 2/ Les couleurs sont vives et plaisantes à l’œil, c’est comme si Le Tigre se retrouvait dans un épisode de Barbie avec certes un Ken surmembré prêt à lui déglinguer les amygdales. Cette impression kawaï est en outre renforcée par les mimiques angéliques des protagonistes à qui on donnerait cent fois le bon Dieu sans autre forme de procès.
Aussi, il n’est pas impossible que le lecteur ressente un certain malaise. Je m’explique : déjà, difficile à donner un âge aux protagonistes. 18 ans ? 25 ? Les héroïnes ont des visages d’adolescentes mineures, des corps de belles salopes de 21 ans et un comportement sexuel d’une femme trentenaire. Dur de s’y retrouver. Ensuite, ça n’utilise pas de capotes. Les MST n’existent pas dans ce monde, c’est fabuleux – mieux que Singapour. Enfin, les dernières planches sont tristes (voire dérangeantes), tout être normalement constitué aura de la peine pour le pauvre Adrien lorsque [SPOIL] sa promise s’offre à deux mâles en rut juste pour calmer les ardeurs de son prétendant.
Bref, peu de choses à reprocher à ce titre qui mélange érotisme, humour et camaraderie avec une certaine finesse. Toutefois, le fauve a du mal à déterminer à qui est destinée pareille BD. Si le scénario et l’ambiance générale est toute érotique, le dessin n’en reste pas moins pornographique – les gros plans risquent de déplaire à certaines.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Cercle Intime fait évidemment référence au cercle d’amitiés liant les protagonistes, et auquel s’ajoute l’intimité d’une vie sexuelle bien remplie. L’air de rien, Gambedotti parle de la façon dont s’articule ces deux composantes (amour c/ amitié) qui nous habitent. Et la frontière paraît claire : ils sont potes mais ne baisent pas ensembles – le frère de son amie, pas de problème toutefois. Sauf qu’Adrien, la fleur bleue du groupe, n’est pas dans cet esprit en étant terriblement amoureux d’une des filles, la réciproque étant bien sûr fausse. Ce tome joue tellement sur cette problématique que la dernière historiette est faite rien que pour lui.
L’image de couverture n’est (à mon humble avis) pas anodine dans la mesure où celle-ci (le selfie) tend à dire « voilà comment la génération sexuée des années 2010 peut vivre ». Et c’est en effet moderne, à savoir le sexe décomplexé où le danger n’a plus sa place. A la limite d’un monde de bisounours : instants charnels avec des personnes dotées d’un handicap (qui d’une chaise roulante, qui d’une aveugle) et se terminant par une pirouette humoristique, soirées gentiment déguisées, absence de violence (à l’exception d’un ou deux « salope »), bref c’est le sexe joyeux et soyeux – et où les sentiments sont rarement présents.
…à rapprocher de :
– Le second (donc dernier) tome est sur le blog, évidemment. Un régal également.
– Dessin plus brouillon (noir et blanc mais finement esquissé) et histoires moins linéaires, c’est Nymphomaniaque, de l’Espagnol CoaX.
– Le dessin agréable aux couleurs acidulées et les historiettes assez marrantes me font furieusement penser à la série des Pêchés mignons, d’Arthur de Pins.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette bande dessinée en ligne ici.
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