VO : Hard Rain [toujours un subtil jeu de mot, marque de la saga de Barry Eisler]. Après notre héros qui se frotte aux flics, politiciens et l’agence de renseignement U.S., voici que les gangs tokyoïtes s’y mettent. Plus que le scénario, c’est l’ambiance qui mérite d’être signalée. Un petit must.
Il était une fois…
John Rain, tueur à gages mi-japonais mi-américain, n’en a pas finit avec les ennuis. Le spectre de son lourd passé se fraie un chemin dans sa vie, et notre loup solitaire va devoir se surpasser. Yakuzas, CIA, la jolie pianiste de l’opus précédent, tous le veulent pour des raisons différentes. Comment s’en sortir ?
Critique de Tokyo Blues
John Rain ne s’arrête jamais, voilà ce que Le Tigre a appris de cet auteur. Eisler, en effet, a tenu le pari de surprendre à chaque nouvel opus sur ce héros. Le héros n’est pas vraiment seul, il a quelques alliés ici et là (Harry par exemple), seulement c’est uniquement de ce premier dont il est question. Espionnage urbain, survie dans un milieu fait de micros et autres barbouzeries, c’est d’un réalisme fou.
Si l’histoire démarre tranquillement, avec un « plantage de décor » tout à fait bienvenu, les derniers chapitres tendent à profondément complexifier l’intrigue générale avec un petit lot de protagonistes aux objectifs différents gravitant autour du tueur à gages. Avec un suspense bien entretenu sur plus de 450 pages, Barry Eisler nous laisse à la fin de ce roman un fort sournois cliffhanger qui obligera tout lecteur normalement constitué à se procurer la suite. Très fin, très frustrant aussi.
Encore plus que d’habitude, l’écrivain prend son temps pour décrire l’environnement de John (cf. infra) ainsi que ses pensées les plus intimes. Malgré le métier de celui-ci, on se surprendra à l’aimer encore plus, si ce n’est s’identifier à sa quête de tranquillité (il nous fait part de ses doutes, ce qu’il pense de son statut, etc.) en dépit des casseroles qui lui collent au derrière. Un voyage au pays du soleil levant (plutôt couchant dans notre cas) plaisant et peu reposant.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Tokyo by night. Plus que les péripéties et révélations du roman, c’est la découverte de la capitale japonaise par un connaisseur des bons coins qui a ravi Le Tigre. John est un mélomane quelque part, et va nous entraîner dans les plus classieux (quoique…) bars à hôtesses de la métropole : whiskies d’excellente facture (les Japonais font souvent mieux qu’en Europe), ambiance tamisée d’un salon presque luxueux où une douce musique de jazz parvient à relaxer notre héros, ça change des salles de sports ou filatures effrénées dans les rues de la ville.
John R. est un assassin pro, donc normal qu’il ait à faire avec des loustics peu recommandables. Dans Tokyo Blues, le lecteur fera connaissance avec les puissants Yakuza, mafia locale aux ramifications impressionnantes tant dans le domaine économique que politique. Et l’organisation est plutôt bien rendue (pour le peu que Le Tigre connaît), entre code de l’honneur et méthodes de pression efficaces (pour ne pas dire implacables). La violence est souvent utilisée en dernier ressort, mais lorsqu’on est face à quelqu’un comme le héros, on peut se passer de ces menues considérations.
…à rapprocher de :
– Il faut mieux lire le tout dans l’ordre pour se familiariser avec notre héros, notamment commencer avec La chute de John R. Ensuite, il y a Macao Blues puis Le dernier assassin.
– Sur les Yakuza, il y a une biographie de Junichi Saga qui mérite d’être lue (dans ce blog, celle-ci fut lue en anglais).
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