Sous-titre : L’entre deux-guerres (suite du précédent). Ce n’est pas nul, loin de là, certes. Mais vraiment pas fameux comme BD : on reconnaît bien tous les grands protagonistes de cette époque, toutefois ceux-ci débarquent dans les planches sans réelle logique ni fil scénaristique cohérent. Bref, les années 70 auraient du se contenter du disco (d’ailleurs, jetez un œil à la couverture).
Il était une fois…
De janvier 1914 à mi-1939, le lecteur suivra les pérégrinations d’une Europe en pleine crise. Première guère, paix fragile, germes de la seconde, en moins de 75 pages le gros est dit. Starring Dino Battaglia, Sergio Toppi, Guido Buzzelli au dessin, avec les scénaristes Pierre Castex, Jacques Bastian et Robert Biélot. Si Le Tigre égrène de la sorte leurs blazes, c’est qu’il n’y a pas grand chose d’autre à annoncer.
Critique de La Grande Guerre
Avant tout, j’ai souverainement décidé de caler cette BD dans la catégorie des essais. Pourquoi donc ? Déjà, Tigre a peu de documentaires par rapport aux formats illustrés qui tendent à faire croire à l’internaute lambda que je suis une incorrigible feignasse. Ensuite, le texte m’a paru prendre un pas excessif par rapport aux illustrations.
Sur l’histoire, on la connaît tous plus ou moins. Les auteurs ont bien fait leur devoir, même s’ils s’intéressent en grande partie au théâtre d’opérations français. Néanmoins quelques passages sont carrément maladroits dans le style (problème de traduction ?), voire une fois incompréhensible. Plus généralement, le lecteur aura la sensation de lire un cours d’histoire-géo (bien orienté au passage) auquel on consentait à donner de menus gribouillis pour illustrer le propos.
Je ne dis pas que cela a déplu au Tigre, toutefois c’est relativement pénible à la longue. Je reconnais que les auteurs ont versé dans le détail, on apprend un tas de trucs ! Et ce qui a empêché Le Tigre d’attribuer la plus mauvaise note à cet album reste le fameux dessin. Classique au début, et j’ai particulièrement apprécié les planches relatives à l’entre deux-guerres : bien plus travaillées, j’ai presque cru à de l’aquarelle tendance « belle époque ». L’insouciance est là, et progressivement les tons se font plus sombres à mesure que le spectre d’un autre conflit s’invite dans le grand jeu. L’unique bonne surprise d’un album qui a très mal vieilli.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Mon sentiment, sans doute exagéré, est d’avoir eu affaire à pot-pourri d’un tas de péripéties lâchées dans un immonde bric à brac : élections en France, prohibition, jazz dans les bars, affaire Stavinsky, n’en jetez plus ! Et c’est bien le problème : en effet, cette bande dessinée ne répond pas du tout aux codes de cet art. Normalement, il est censé y avoir une certaine logique, un rythme qui fait qu’on passe d’une case à l’autre en gardant une certaine unité de temps, sinon de lieu. Ici, que dalle (surtout la seconde partie) !
Le petit plus qu’on aurait légitimement pu attendre d’un tel ouvrage sont les fameux bonus. Hélas, cent fois hélas, ceux-ci se résument à deux pauvres pages perdues à la fin de l’ouvrage. Trois photos, un plan de bataille que mon stagiaire aurait pu faire en dix minutes, envoyez c’est pesé ! Avec la chronologie (extrêmement) succincte qui est ajoutée, convenez qu’il y a comme un jean-foutisme de bon aloi. Autant ne rien mettre et proposer une bibliographie de qualité.
…à rapprocher de :
– Sur la Grande Guerre, Tigre a définitivement préféré C’était la guerre des tranchées, du bon Tardi.
– Sinon, j’ai souvent effectué de subtils (ben voyons) rapprochements avec la série de la Seconde Guerre (ici, là ou encore par ici). En effet, le dessinateur/auteur Dupuis donne parfois l’impression de juste peindre un tableau sur ce qu’il est écrit, heureusement que quelques zooms sur des protagonistes bien identifiés (qu’on retrouve dans d’autres albums) sont légion.
Sans l’avoir lu mais d’après votre résume, ça sent un peu la BD a Mamie du style « Tiens, toi qui n’aime pas lire, je t’ai offert un livre d’image. Mais il y a du texte quand même, il faut que tu promettes a Mamie de le lire. Et puis celle-la au moins elle est bien. C’est fait par Larousse, tu verras comment c’était dur la vie de Mamie pendant la guerre. Ah on avait pas la belle vie que vous avez maintenant vous les jeunes. Et puis ça au moins c’est un peu plus sérieux que tes Asterix… »
Gamin j’avais une espèce de collection dans le même genre, livre d’histoire pour gamin fayot. Ça avait une couverture orange et ça parlait a chaque fois d’un personnage historique. Impossible de me rappeler le nom… Je devais etre un gros fayot parce que ca me plaisait…
C’est exactement ça ! Je n’osais pas trop le formuler ainsi, mais pour tout vous avouer c’est bien mon grand-père qui me l’a offert récemment. Et comme il lui arrive de me lire, j’ai cru bon m’auto censurer. Vous avez libéré ma parole, bravo. Les dessins sont très jolis ceci dit.
La série à laquelle vous faites référence était éditée par Hachette. Elle avait un nom du genre les grands Hommes de l’Histoire de France. Pour ma part j’ai une affection particulière pour la collection Vie Privée des Hommes (aussi éditée par Hachette), pour la plupart hyper bien illustrés avec des textes clairs mais ne prenant pas les gosses pour des neuneus.
Merci Cédric pour ton aide, je vais voir si mon dealer de vieilles BD en a. ça me changerait des comics, et puis ça abondera la catégorie « Essais », hélas un peu pauvre.
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