Ben Bova est un scientifique, et ça se voit. Mars, roman de hard SF (entendez : réaliste et prenant en compte tous les paramètres) est certes une passionnante aventure humaine sur une planète qui fait l’objet de fantasmes, mais un peu lisse. Suspense bien dosé, mais rien de révolutionnaire.
Il était une fois…
États-Unis, 2020. Grâce au travail de lobbying de fou mené par un scientifique brésilien (Alberto Brumado de son petit nom), une mission d’exploration vers Mars se prépare. Moins d’une trentaine d’astronautes sont sélectionnés (ou est sélectionnée) pour le voyage qui dure neuf mois. L’arrivée sur la planète rouge est plus banale que prévue, et l’équipage aura à gérer un quotidien où les émotions humaines sont inévitables. Reviendront-ils sur Terre entiers ? Bien sûr, c’est un roman U.S.
Critique de Mars
Très bon roman dans son genre, il faut en convenir. Depuis le temps qu’on en parle, il fallait que je le lise. Ni déception, ni transport(ation). Juste le constat que malgré ses qualités ce type d’ouvrage n’est pas vraiment pas fait pour moi.
Mars, c’est avant tout la longue odyssée qui va permettre de poser un être humain sur cette planète. Préparation politique, pressions des (et sur les) gouvernements qui veulent imposer leurs candidats, fund raising, préparation des astronautes (ou spationautes, cosmonautes, taïkonautes), Ben Bova a pensé à tout.
A partir d’un exploit qui semble bien modeste dans la littérature SF, l’auteur nous invite dans les coulisses tant de sa préparation que son exécution. Bref, de la hard science à l’échelle des deux décennies à venir, avec des descriptions scientifiquement crédibles. Très « terre à terre » en fait. Hélas pas vraiment la came du Tigre.
Le style est simple, le premier néophyte comprendra tout ce qui se passe et sera agréablement entraîné dans un récit (chapitres assez courts, grosse police d’écriture) que je qualifierai de « plan plan ». Le suspense, bien que présent, n’annonce ni découvertes massives ni conflits réellement insolvables. Or je commence à être pointilleux dans ce domaine.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’épopée spatiale. Outre les prémisses au voyage, une grosse partie de l’œuvre porte sur le voyage (9 mois, une gestation ?) et surtout la visite de la planète rouge. Ben Bova en profite pour égrener, de manière bien dosée, tous les petites péripéties qu’un astronaute pourrait rencontrer : problématiques logistiques, délicate gestion des RH, mystérieux mal qui mine l’efficacité de nos héros, terrifiante dépressurisation d’un dôme… Rien d’invraisemblable, et quelques passages qui font qu’on doit (au moins) terminer le chapitre.
L’auteur américain et les confortables préjugés. Ce que je reproche à ce roman, en plus d’être lisse et n’être pas parvenu à me faire rêver, est la présentation des protagonistes. Le Français gouailleur qui ne veut parler Anglais, le Japonais un peu terne, les Russes aux réflexes soviétiques, le Brésilien de modeste extraction… Merde, ils en sont presque à Bac +20, ce ne sont pas les piliers de bars de leurs pays respectifs ! Peut-être ce sont des clins d’oeil, mais faut pas prendre le lecteur pour un c… non plus. En tout cas je l’ai vécu de la sorte.
Quant au héros principal (l’américano-navajo), c’est un peu la cerise sur le gâteau du politiquement correct : Indien sur les bords, volontaire, talentueux, comparant Mars à ses chers canyons, forcément amoureux de la riche fille du scientifique brésilien, vous l’aurez compris, ce n’est pas un B3 (bad boy borderline). Compréhensible pour une telle épopée, on préfère des gendres parfaits.
…à rapprocher de :
– Il paraîtrait que Ben, auréolé de son succès, a continué de sévir : Retour sur Mars, Vénus,…il n’y aura plus assez de planètes pour son imagination si ça continue.
– Pour conclure, Le Tigre préfère les grandes sagas qui ont plus d’envergure, comme celle des Inhibiteurs de Reynolds ou du Peter F. Hamilton.
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Je retiens … mais après avoir lu Mars de Kim Stanley Robinson qui est de loin le meilleur ouvrage Hard SF sur le sujet à mes yeux, je risque fort de trouver celui-là un poil poussif.
Et Robinson aussi a commis des suites pas toujours heureuse du son Mars.