VO : Welcome to Hoxford. Tigre apprécie en général le travail du sieur Templesmith, et pour un court travail comme celui-ci le risque est faible de s’ennuyer. Du fantastique, de l’horreur, de l’humour noir de chez noir, c’est bon. Sans plus hélas, disons que cela semble bien vite expédié en plus d’être sans grosses surprises.
Il était une fois…
Raymond Delgado est dingue. Recenser ses maladies (personnalité multiple, cannibalisme, hallucinations, etc.) reviendrait à publier un pavé de la taille du bottin mondain. Certes il n’a pas vraiment eu de chance dans la vie (enfant battu, abandonné par sa femme, syndrome de guerre post traumatique), mais ses exactions dehors comme en prison justifient largement la perpétuité. Hélas gérer Ray et certains autres cas sociaux est trop difficile pour la prison de l’État, aussi certains de ces individus vont être transférés à Hoxford, établissement pénitentiaire privé (financé par des fonds russes) qui cache de terribles secrets…
Critique de Bienvenue à Hoxford
En fait il est question de loups-garous, sujet que Templesmith imaginait démodé (pour ne pas dire nul, il le dit lui-même en préface). En même temps la couverture ne trompe pas, ce n’est pas spoiler qu’annoncer que l’institution Hoxford est une sorte de garde-manger d’émigrés russes trop pourchassés dans leur patrie d’origine.
Et il faut dire que ça commence superbement. La présentation du héros (anti héros plutôt) et d’autres détenus m’a presque arraché une larme tellement j’ai ri. Faut dire que l’auteur se fait plaisir au niveau des textes, avec les violeurs nécrophages et autres tordus qui voient dans leurs victimes leur maman à baiser il y a de quoi sortir de savoureux dialogues entre prisonniers. Sur des illustrations, c’est toujours aussi raturé avec le sang (et l’aura jaunâtre) qui déborde allègrement de son espace. Cependant les actes de violence (extrêmes), particulièrement les combats, m’ont semblé exagérément « artistiques », presque incompréhensibles. En outre, les différents protagonistes (Raymond, Justin, Waltz notamment) sont difficilement identifiables.
Au final, Le Tigre a été relativement déçu par un titre qui finit en eau de boudin. En fait, 100 pages ça passe très très vite. A peine débarqués à Hoxford, nos vilains (et la belle doctoresse) sont vites chassés par les grosses bêtes. Delgado, qui ne prend plus ses médocs, fait montre d’un comportement encore plus messianique (jusqu’à bouffer un rat qu’il prend pour sa mère), allant jusqu’à se sentir à son aise dans cette piscine de globules rouges. Et avec les nombreux bonus en fin de BD, Le Tigre n’a pas vu la fin arriver, ce qui fut une source de frustration autant que d’incrédulité.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La violence de l’univers carcéral m’a semblé assez centrale dans cette bande dessinée. Violence entre détenus of course, mais aussi coercition exacerbée de l’institution dans son ensemble dès que Delgado et ses « potes » vont débarquer à Hoxford. Prison sous contrat avec le gouverneur, le directeur Baker est le chef suprême de cet endroit et a droit de vie et de mort sur ses ouailles (visites du médecin ? niet). Comme le dit un des personnages, « tu n’as pas de droit ici, et si tu en avais tu les échangerais rapidement contre un bon beefsteak ».
Bien évidemment, les vilains loups-garous font une apparition plus que remarquée. Et là Templesmith a plutôt bien bossé sur le sujet : transformation physique visuellement satisfaisante ; esprit de meute avec un mâle alpha à leur tête ; luttes claniques pour le pouvoir, bref on passe un moment plaisant. Mais insuffisant.
…à rapprocher de :
– De Templesmith, Tigre a adoré Choker, mais s’est un tantinet ennuyé avec 30 days of night (je l’ai lu en anglais en effet).
– C’est marrant (et peut-être que ça n’a rien à voir), mais la privatisation de l’univers carcéral me fait penser à Côté cour, de Leandro Avalos Blacha.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.
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