Vous ne rêvez pas, je vais m’atteler à résumer ce truc. Le pire étant que j’ai relativement aimé et n’ai aucune circonstance atténuante (pourtant lu assez tardivement). Une fable pseudo SF douce-amère sur l’insondable bêtise humaine, avec des ficelles bibliques grosses comme des troncs de baobab, pourtant ça passe. Chapeau l’artiste.
Il était une fois…
Yves Cramer a une glorieuse idée pour sa planète qui part légèrement en sucette. Construire un énorme vaisseau capable de contenir suffisamment de personnes pour faire une mini civilisation capable de voyager longtemps et s’installer sur une nouvelle planète. Les volontaires partent (non sans mal), et l’aventure commence. Nos humains pourront-ils garder cette vision noble (pour ne pas dire idéaliste) sans retomber dans les travers responsables de leur volonté de fuir leurs contemporains ?
Critique du Papillon des Etoiles
Cet auteur, Le Tigre lui doit beaucoup question ouverture d’esprit. Parce que c’est le genre d’auteur à vite lire avant sa majorité. Une sorte de rampe de lancement vers une littérature plus ambitieuse par la suite, et Bernard aide à poser les bases intellectuelles. Le papillon des étoiles, c’est du pur Werber : un peu light, mais pas trop pour passer un bon moment.
L’approche scientifique de cet écrivain m’a semblé (enfin, de sa part) sérieuse : l’invention d’une sorte d’énorme tore de Stanford un beignet d’une taille raisonnable avec son propre climat et environnement est certes éculée, mais rendue accessible pour le lecteur peu porté sur la science-fiction. Ce dernier trouvera le tout toujours simpliste, mais comme Le Tigre sera plaisamment porté par l’histoire, riche d’enseignement pour celui qui pardonnera les menues erreurs de l’auteur.
Car ce roman se lit trop vite, à la manière d’un conte souvent fadasse : l’imposant vaisseau héberge une société calme et apaisée, sauf que d’anciens réflexes (jalousie, meurtre, gouvernements, guerres, etc.) vont bien évidemment gâcher la belle idée du protagoniste principal. 350 pages à peine, chapitres aussi courts que le zob d’un gorille, style d’une légèreté sans commune mesure avec d’autres titres de cet écrivain, on ne peut parler d’une grande œuvre littéraire. Tant mieux, Nanard W. (c’est affectueux) a pour but de nous divertir, et ça semble réussi.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Alors pour ce genre de titre, je n’hésiterai pas à spoiler sans prévenir. Un lecteur averti en vaut deux (si seulement c’était le cas pour mes statistiques de fréquentation).
Tel un papillon (faut bien justifier le titre), le but de nos amis est de tout refaire. Werber ne cite ni organisations ni structures politiques sur la planète d’origine, et avec raison : il appert qu’à la fin de l’ouvrage les descendants de nos héros (ils ont longtemps voyagé, et oui) atterrissent sur notre bonne vieille terre. L’éternel recommencement mâtiné d’un certain pessimisme, tout est à refaire sur terre sans éviter les erreurs du passé (que le lecteur pensait, à tort, être le présent lors du début du titre).
Le lecteur pas encore trop atteint par la prose de l’auteur ne sera point étonné de cette « surprise du grand chef » dans la mesure où les références à la Bible sont légion. Les mésaventures de nos trublions rappelant quelques passages du livre sacré, les noms des protagonistes (Satine ou Eya par exemple) , tout est fait pour adapter l’ancien testament dans l’univers de la SF. L’exercice, certes original, devient à la longue un peu redondant.
…à rapprocher de :
– Du père Werber, j’ai (hélas ?) tout lu. Fourmis, Cycle des Anges, Cycle des Dieux, Père de nos pères,…name it !
– Soyons sérieux. Les énormes habitats spatiaux, la SF nous donne de magiques exemples qui donnent le tournis. A part Rama bien sûr, Tigre se remémore avec émotion les monstrueux Gobe-lunem (plus de 4 km de long) de Reynolds (dès L’espace de la révélation) ou du majestueux habitat, du même auteur, à la fin du roman Pushing Ice.
Enfin, si personne ne veut vous prêter ce titre ou si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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