Sous-titre : le sang appelle le sang. Elektra #1-5. La belle héroïne grecque ici rebootée accepte un curieux contrat. Lequel la mènera bien plus loin que prévu, entre ennemis impitoyables qui débarquent sans crier gare et remise en question. Histoire relativement chiante (ai mis du temps à le terminer), toutefois les illustrations sauvent largement les meubles.
Il était une fois…
Elektra s’emmerde sec dans son coin et ne cracherait pas sur une mission d’assassinat. Elle file donc voir l’Intermédiaire qui lui propose de prendre part à un contrat particulier : capturer Cape Crow – capturer, pas zigouiller comme elle en a l’habitude. Sauf qu’elle n’est pas seule sur ce coup : non seulement un couple de chasseurs est à la rechercher de la cible, mais y’a un truc mi-homme mi-animal qui la talonne. Et ce méchant se repaît de ses prises, absorbant leurs pouvoirs et souvenirs à mesure qu’il goûte leurs membres. Que va-t-il découvrir chez notre héroïne ?
Critique du Tome 1 d’Elektra
A l’époque où j’ai lu ce surprenant album, je ne connaissais que très peu de choses d’Elektra. Après lecture, bah j’ai eu l’impression de ne pas être plus avancé. N’ai pas totalement réussi à accrocher au personnage malgré le traitement de luxe d’Haden Blackman qui a souhaité verser dans quelque chose d’intemporel et revenant aux bases du personnage.
Hélas, le scénario mis en place tiendrait facilement dans ma carte de visite – qui ne laisse pourtant que peu de place dans la mesure où étant majoritairement noire. Pour faire simple, y’a la gentille qui se lance à la poursuite d’un homme qui a de bonnes raisons de se cacher. Or, Elektra est également poursuivie par Lèvres Ensanglantées, un humain à tête de lion dont les monologues hallucinés (sur fond rouge) dénotent une chouette propension à bouffer ceux qu’il rencontre – Bullseye et d’autres agents du S.H.I.E.L.D. Il s’ensuit de belles balades dans une cité aquatique, sur une montagne, et une rencontre avec le fiston de Cape Crow désireux de protéger son daron. Twist final oblige, la teneur du contrat n’est pas tout à fait ce qui était prévu. Bof.
Si je n’ai pas refilé la pire note à ce comics, c’est exclusivement en raison des dessins de Mike El Mundo – béni soit son nom. Le mecton a sauvé l’ouvrage avec un boulot de dingue effectué sur chaque planche qui pourrait exsuder le doux parfum d’une laborieuse transpiration. El Mundo s’est donné, et le résultat est tout simplement sublime : couleurs pastels envoûtantes, finesse des traits des protagonistes et leurs émotions bien rendues, combats excellemment esquissés avec une violence de bon aloi, bref c’est généreux. Si le texte m’a parfois endormi, il y avait toujours une double page en embuscade pour me rappeler que seule l’image peut valoir mille mots.
En fait, ce premier opus d’Elekra est avant tout un tableau narratif, des suites de postures qui visuellement se dévorent à défaut de comprendre où mène l’histoire. Le contraste des sujets traités (de la guerre totale aux sentiments familiaux débordants de tendresse) colle assez bien avec les couleurs tantôt froides (bleu neige), tantôt animales grâce à un antagoniste qui envoie du pâté.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le titre du présent opus, centré sur la thématique du sang, appelle quelques triviales remarques : déjà, il est question de Lèvres Ensanglantées qui, en bectant un morcif de sa victime, sait tout d’elle – son passé, ses capacités, etc. Une force qui, en présence de l’héroïne, deviendra vite un fardeau… Ensuite, il s’agit également des liens du sang, à savoir un fils aimant qui fait tout pour sauver son papa. Quitte à lancer un faux contrat et user de ses pouvoirs psychiques afin de vivre comme une famille normale – impossible vu le passif de Cape Crow. Enfin, il y a comme une malédiction qui habite l’héroïne qui a tellement de mètres cubes de sang sur les mains que tout espoir de rédemption semble hors de portée.
En effet, il apparaît que le métier d’assassin n’est pas une simple occupation comme les autres. Elekra a sans dans la peau, et rien ne paraît pouvoir la détourner de cette activité. Dans un des « délires » de la jeune femme, le lecteur pourra découvrir les nombreuses circonstances ayant amené ce personnage à être ce qu’elle est (notamment une mère aimante en qui elle ne pourra jamais s’identifier) ; mais surtout ce qu’elle aurait pu devenir si les circonstances avaient été différentes. Ces séances d’introspection apportent de précieux renseignements sur une femme complète et fort complexe, même si je suppute ne pas suffisamment connaître son univers pour pleinement apprécier cet album.
…à rapprocher de :
– On retrouve Elektra dans les tomes de Daredevil, par Frank Miller. Premier opus (lien) et second tome sur le blog.
– Le félin connaît bien Blackman pour son travail (assez inégal hélas) sur Batwoman. Il est intervenu dans Hydrologie, et En immersion (tome 3 en fait) – le second n’est pas de lui question scénario. Seul ce dernier m’a ému.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.
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