Beaucoup de bruit autour de la parution de ce premier tome, et à juste titre. C’est juste une petite tuerie, en particulier pour Le Tigre, fin connaisseur de la vie politique française (n’est-ce pas). Humour dévastateur, comique de situation grâce au personnage de Taillard de Worms (de Villepin, n’ayons pas peur de le dire), un superbe moment de lecture.
Il était une fois…
Arthur Vlaminck est un jeune intelligent plein d’avenir. Embauché en tant que « chargé du langage » par le ministre des Affaires étrangères Alexandre Taillard de Worms, il doit écrire ses discours. Assisté du directeur du cabinet du ministre et des innombrables conseilles présents, Arthur affrontera les urgences, le stress et coups bas dans ce fameux ministère.
Critique du premier tome de Quai d’Orsay
Le Tigre s’est rarement autant marré en lisant une BD. Voilà. Le scénario, c’est du vécu, à savoir un jeune naïf embauché (ni issu d’une grande famille ni politicien) qui va suivre le grand Taillard de Worms, nouveau ministre du quai d’Orsay, en lui rédigeant le gros de ses discours.
Je ne vais pas tourner autour du pot ni vous livrer le nom de tous les protagonistes, ce n’est pas difficile de reconnaître le grand Villepin , ni certains conseillers. Le Villepin, justement, c’est un peu le centre de cette BD, du grand art : survolté, en verve totale, souvent difficile à contrôler, partant dans des discours qui vite atteignent le firmament de la pensée la plus pure (du moins il est ainsi présenté), le personnage correspond à l’image que j’aurais pu me faire de lui.
Horaires et boulot difficiles, surtout avec un patron aussi proactif. Petites (voire grandes) saloperies entre service, des heures à peaufiner un discours sans cesse remanié, les relations avec les journalistes, les autres politiciens, les artistes, c’est plus vrai que nature. Et drôle en plus : certains personnages sont d’un savoureux (le ministre en tête) c’en est trop. Dialogues, discussions à bâtons rompus, on frise le vocabulaire de corps de garde.
C’est d’autant plus fun que le dessin s’accorde superbement aux personnages et à l’environnement. Architecture exagérée, grands espaces qui renforcent la solitude des personnages. Mais avant tout le Villepin tout en mouvement (père et fils) : gestes amples du bras, déplacements dignes d’une locomotive à vapeur, que dis-je, d’une fusée ! Superbe.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La vie politique. Trop réel comme BD. Et c’est aussi pourquoi c’est assez flippant, quand on voit comment ça peut se passer dans un ministère régalien. Les discours, oh mon dieu : le père de De Villepin qui cherche à mettre son grain de sel, l’ami poète qui veut à tout prix placer un de ses bons mots, les auteurs grecs qui sont d’inépuisables sources d’inspiration pour le ministre, que du lourd. Et sur la technologie, oh mon dieu aussi : le service de communication qui accuse deux décennies de retard, ou encore l’impression des rapports plus qu’hasardeuse. Hilarant.
Le travail, corps et âme. Le naïf Arthur ne s’imaginait sûrement pas passer des nuits à manier et remanier des discours, parfois modifiés toutes les heures selon l’humeur du propriétaire des lieux. Bien sûr toutes ces escapades nocturnes ne plaisent pas à sa petite amie. Si en plus on ajoute quelques voyages fort stressants, on comprend que les gens qui y travaillent prennent rapidement le pli, et aient souvent l’air lessivés.
…à rapprocher de :
– Le tome 2 s’en sort très bien également. Quid du troisième ?
– La politique dans tous ses états, Le Tigre pense à quelques romans où le politicien est tout en excès. Les San-Antonio, par exemple.
– Un film est sorti. Avec Thierry Lhermitte dans le rôle principal. Gnnneiiinn ???
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