Édition deluxe (voui madame, parfaitement) d’une BD créée par trois pontes dans le milieu, hélas Le Tigre n’a pas vraiment pris son pied (ou sa patte). Scénario intéressant, dessin nickel, mais il manque ce petit truc qui en ferait un ouvrage inoubliable. L’explication est sans doute qu’il s’agit des premières armes de Brubaker.
Il était une fois…
Jack Herriman est un détective privé pas comme les autres. Habitué des scènes de crime grâce à son oncle qui est le photographe attitré de la police de Frisco, le père de Jack était en outre un grand flic. Employé par une connaissance, notre ami doit retrouver une jeune femme que ses mère et sœur recherchent. Mission simple en apparence, mais personne ne semble jouer franc-jeu, et derrière la famille se cache quelques inavouables secrets où se mêlent scandaleuse communauté hippie dans les 70’s, gourous du sexe et maltraitance infantile.
Critique de Scene of the Crime
Dernièrement j’ai posé mes griffes dans la magnifique (et coquette) ville de Dublin, avec la ferme intention de laisser un souvenir légendaire aux différents comic stores peuplant la place. De souvenirs il n’en fut guère, la capitale irlandaise étant nettement moins bien pourvue que celle de la perfide Albion.
J’en suis sorti avec ce qu’on m’a conseillé comme le nec plus ultra de ce qui venait de sortir fin 2012. Et bah je m’attendais à mieux. Le scénario d’Ed Brubaker, les illustrations de Michael Lark et Sean Phillips (tous trois détenteurs d’un Eisner Award au moins) promettaient du lourd, et en fait c’est passable. Car j’ignorais qu’il s’agit en fait de la nouvelle édition d’un comics des années 90. Ô rage, ô vieillesse dessinée ennemie.
Le scénario : basique, un vrai roman noir mis en images, avec une profondeur des personnages excellente. Hélas ça manque d’envergure, sans compter que j’ai été une ou deux fois largué par le fil de l’intrigue. Le privé mène son bout de chemin, découvre plein de choses, est plusieurs fois en grande difficulté avant d’être aidé par ses proches. Le héros est loin d’être parfait, son histoire personnelle est belle (quoique triste) à découvrir.
Le dessin : ligne régulière, les illustrateurs offrent un excellent rendu de San-Francisco par mauvais temps. Expression des visages correcte, c’est du beau boulot. Enfin, j’ai vaguement survolé les bonus en fin d’ouvrage : à part une courte histoire très sympathique, la genèse du projet ainsi que l’évolution d’une planche ne m’ont pas plus intéressé que ça. Il y a mieux dans le monde des comics, Le Tigre estime que vous pouvez superbement ignorer Scene of the Crime.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Un thème en fait, vais pas me casser le popotin à spoiler l’histoire ou raconter, par le menu, la douce vie des protagonistes.
A part celle du héros, au parcours ayant des relents de tragédie grecque : père victime d’une voiture piégée sous ses yeux ; descente aux enfers dans l’univers de la drogue ; abandon de sa femme (qui au passage a toujours une vilaine dent contre lui) ; peu porté sur le combat (à part taper un clochard, là il sait), le protagoniste principal est à plaindre.
Chose amusante, la seule femme (après son ex) qui lui plaît bien, et bah elle a le cerveau encore plus en vrac que lui. Je ne spoilerai pas, mais disons qu’il y a des sales histoires de famille dans l’air…
…à rapprocher de :
– Dans les polars sombres, je préfère (autant pour le scénar que l’illustration) la série des Parker, de Darwyn et Stark : Le Chasseur ; L’organisation ; Le Casse.
– Ed Brubaker, c’est aussi, avec Sean Phillips, Fatale. Le premier tome est satisfaisant.
– Ed B. s’est aussi attaqué à Catwoman, et c’est relativement correct. Par exemple le tome 3.
Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à comics en VO » à proximité, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.
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Ping : Ed Brubaker – Catwoman T3 : Sans répit | Quand Le Tigre Lit
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