VO : in the line of duty. Gotham Central #1-10. Que se passe-t-il au commissariat de Gotham quand Batman n’est pas dans le coin et que Jim Gordon a pris sa retraite ? Euh…les crimes continuent et la flicaille veut mettre un point d’honneur à résoudre seule les enquêtes. Histoires intelligentes et bien amenées, dessin plus que correct, foncez les amis.
Il était une fois…
Mister Freeze qui transforme un flic en un gros glaçon guère vivant, une fillette disparue dans de mystérieuses circonstances, et Renée Montoya dans une posture extrêmement incommodante. Bienvenu dans un Gotham plus sombre que d’habitude, sans le Batman en première ligne qui laisse (à quelques exceptions près) les policiers se dépatouiller avec les différentes affaires.
Critique du premier tome de Gotham Central
Tigre se saurait passer à côté des chapitres (quatre tomes à prévoir quand même) composant cet arc narratif particulier de l’univers batmanesque. Déjà, Ed Brubaker au scénario, c’est tout bonus. Ensuite, les illustrations, plus sombres et moins fantaisistes (moins « comics », dirais-je presque) offrent un saisissant contraste avec les paillettes qui accompagnent souvent les superhéros. Mais surtout, l’occasion de voir nos prota(anta)gonistes dans une telle configuration est exceptionnelle.
Dans la première et deuxième histoire, il est question d’une disparition qui, par un malheureux concours de circonstances, amène tout d’abord la neutralisation d’un supervilain qui a assassiné un flic. Si les premières recherchent visent à arrêter Mister Freeze (ce qu’il advient), la suite prend une tournure plus « polarde » avec la révélation finale d’un coupable somme toute banal – première fois que je vois apparaître le méchant Firebug, du moins un gars qui a récupéré son costume. Ces chapitres permettent d’avoir une idée des protagonistes et de la faune qui peuple le commissariat : Marcus Driver privé de binôme, Crispus Allen et sa coéquipière Renée (remplacée plus tard par MacDonald), etc – ne vous inquiétez pas, l’éditeur fait les présentations au début de l’album.
La troisième et dernière histoire (Pour Moitié), qui a quand même reçu un Eisner Award, a été scénarisée par Greg Rucka, se concentre sur l’agent Montoya. Celle-ci, après avoir blessé un violeur qui a tenté de l’occire, semble faire l’objet d’une froide vengeance de la part du criminel – tout ceci étant organisé en sous-main, comme la couverture l’indique, par Double-face. La tension est à son comble, notamment en raison de l’outing forcé de la policière et des suspicions de meurtre à son encontre. Toutefois, à mon humble niveau, quelques longueurs font que je n’ai pas été plus que cela transporté.
D’une manière générale, Michael Lark a effectué un boulot phénoménal. Ses illustrations ont quelque chose de superbement réaliste : les personnages, d’une part, ont des comportements cohérents qui tiennent le lecteur en haleine. D’autre part, l’ambiance générale et l’architecture sont plutôt bien rendues, le Gotham de Lark a quelque chose de particulièrement crédible, le félin s’est presque naturellement baladé dans le commissariat et les ruelles de la ville, vieille amie que j’ai eu plaisir à retrouver. Cependant, si l’immersion est presque totale dans cet univers réaliste et violent, Le Tigre n’a pu s’empêcher que tout ceci était trop peu lumineux, la glauquerie scénaristique n’en demandait sans doute pas tant. Mais ce premier opus donne sacrément envie de suivre la série – l’indépendance des histoires étant appréciable.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Il faut savoir que l’absence (ou du moins, la distance) de Batman dans ces affaires est loin de constituer un défaut – de toute façon, il n’est jamais loin lorsque la situation devient inextricable. Ce premier opus nous permet de plonger dans le quotidien de fics qui, confrontés à la bassesse humaine, font comme si le héros n’était pas là. La typologie de l’enquête rondement menée étant de leur côté, le Gotham Police Department est une petite famille où l’ombre du Chevalier Noir (notoirement mal aimé par certains) pèse – il veille, selon d’autres. Gotham Central est bel et bien une BD policière – pas encore fantastique ici.
Le dernier thème concerne la jolie Renée Montoya : « transformée » en maillon faible par un dingue amoureux d’elle, Montoya voit son homosexualité dévoilée, ce qui rend son cas intéressant en diable. Entre la grivoiserie de bas étage dont fait montre ses collègues et les conséquences familiales des photos d’elles (roulant un patin à une nana) envoyées à ses proches, Renée est au centre d’un second chapitre qui a fait beaucoup de bruit. L’homosexualité de cette héroïne, qui selon les auteurs n’a jamais fait aucun doute, apporte à ce protagoniste une souffrance de premier plan à peine amoindrie par le dénouement – qui n’a rien d’un happy end, plutôt un nouveau départ.
…à rapprocher de :
– Le second tome, Joker & Madmen (en lien), tient toujours la route. Joie. Troisième tome légèrement en deçà hélas.
– Il faut savoir que cet arc narratif se situe après les évènements qui ont précipité Gotham à sa ruine, partie qui est contée dans No Man’s Land (tome 1 sur le blog, tome 2 également).
– L’héroïne qui rencontre des soucis en raison de sa gay attitude, c’est Batwoman (dans Élégie notamment).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.
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« D’une manière générale, Larry Clark a effectué un boulot phénoménal. » Je crois qu’une petite coquille s’est glissée dans cette phrase, à moins que Michael Lark ne soit un pseudo…
Sinon, plutôt d’accord avec cette critique de la série, qui avait son charme mais pour laquelle je n’ai jamais dépassé le 1er TPB VO (soit les deux premiers arcs).
Oh punaise, bien vu JP ! « Petite », plutôt énorme coquille. Ai encore écrit plus vite que mon ombre, ça m’apprendra à regarder les films de Larry Clark en bloguant (véridique, mon cerveau a fourché).Au moins le titre du billet est correct. Je m’occupe bientôt du tome 2, les autres ne sont pas encore sortis en VF à l’heure où j’écris.
Bonjour, Tigre !
Gotham sans Batman est un univers vraiment intéressant.
J’aime bien la chauve souris, mais bon, comme la plupart des super héros, je le trouve bien trop solide pour m’inquiéter pour lui.
On dirait un peu un mélange de The Wire et Batman ce bouquin.
Pas idiot du tout, l’aspect « The Wire ». Surtout que dans le tome 2 il est question du paiement (ou non) des heures sup’ des policiers.
ps: ravi d’avoir de tes nouvelles.
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