VO : On the freak beat. Publié sous Gotham Central #23-31. Investigations classiques mais rondement menées, apparition fugace de Catwoman, une pincée de savants et collectionneurs fous, les flics sont seuls à résoudre ces mystères. Roman graphique plus qu’un comics de super-héros, ce troisième plongeon dans le quotidien du GCPD reste satisfaisant, même si l’ennui pointe rapidement le bout de son nez.
Il était une fois…
Comme je résume les intrigue dans le corps du billet, autant en profiter pour copier ce que gazouille l’éditeur :
« La fine fleur des inspecteurs de Gotham reste toujours sur la brèche, alors que des soupçons de corruption remontent à la surface. Crispus Allen enquête sur le douteux expert Corrigan, tandis que Catwoman et le Dr Alchemy compliquent la tâche de ses collègues. »
Critique du troisième tome de Gotham Central
La première histoire, intitulée Corrigan, fait référence à un expert à la moralité douteuse à qui il arrive de vendre des preuves à forte charge affective. Sauf que la disparition d’une balle ayant servi à tuer Black Spider (par un flic en légitime défense) est de nature à mettre en danger le duo Montoya-Allen. Ambiance polarde sombre assez plan-plan, rien à dire. Plus contemplatif est Extinction des feux, où le maire décide de démonter le batsignal, avec ce que ça implique pour les médias/politiques/policiers qui ont chacun un avis bien tranché.
Le troisième scénario, Boulevard des tordus, consiste à découvrir quel est le meurtrier d’un révérend – tout indique Catwoman en tant que responsable. Dénouement attendu, bof bof. Heureusement que la suite est nettement plus « fantastique » avec un sauvetage qui tourne mal d’un gosse dans une cave : le policier sur les lieux est aspergé par une mystérieuse substance aux effets dévastateurs et il faudra le concours du Dr Alchimie (bien connu de Flash) pour sauver les meubles. Ce dernier souhaite se rendre à Gotham pour soigner le pauvre flic – s’agit-il de nobles sentiments ou a-t-il une idée derrière la tête ?
Le lecteur terminera par une sorte de prequel mettant en scène Josie McDonald, flic de caractère à l’instar de Renée Montoya. Ce chapitre sorti de l’imagination de Winick et Chiang a réellement réévalué l’estime que je portais à ce comics dans la mesure où celui-ci est plus intense et complet. On y découvre la particularité de Josie qui est de retrouver les objets perdus auxquels tiennent les autres (mais pas les êtres humains), ce qui finit forcément par la desservir. Étant éjectée des enquêtestes pour s’occuper de la brigade des mineurs, elle se retrouve impliquée dans un crime de grande envergure, à savoir le kidnapping d’un ponte de la mafia. Et quel dénouement (plein de surprise et choquant) !
Concernant les illustrations, le lecteur restera dans la veine des tomes précédents, avec comme différence des tons encore plus sombres associés à des couleurs froides. Rien de joyeux ne ressort des planches, et je ne parle pas des visages fermés des protagonistes dont le boulot et/ou les histoires personnelles (l’homosexualité de Montoya est encore en première ligne) creusent les traits. En outre, mis à part le dernier chapitre sur Josie Mac, le félin a été comme blasé, au bout de 200 pages, de ces illustrations réalistes et dialogues servant des polars sans grande ampleur dramatique.
Le trait sobre et sans artifice, les enquêtes à la papa dont les dénouements sont rarement surprenants, tout ceci participe à la dénaturation d’un comics qui a tout du roman graphique sans concession et où les superhéros/méchants interviennent le moins possible. C’est pourquoi lire ces tomes d’une traite n’est sûrement pas recommandé, et Batman vient vite à nous manquer.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
J’ai pris du temps à m’en rendre compte, mais si Batman intervient si peu, c’est parce qu’il n’en a rien à battre des pérégrinations de Renée Montoya et consorts. Pas de plans diaboliques susceptibles de foutre la ville à feu et à sang, seulement de minables meurtres, luttes intestines et petits faits de corruption de la part de la maison poulaga. Bref, rien de bien affriolant pour un Chevalier Noir qui a sûrement d’autres chats à fouetter, au mieux quelques vacances méritées avec Alfred. Lorsque le naturel et le réalisme de l’enquête policière prend le pas sur le fantastique, il convient de rester dans cette ambiance terne et désespérée qu’incarne si bien une Gotham ronronnante – business as usual.
En guise de conclusion, dites-vous que Gotham Central est une série uniquement sur les Gothamites, en particulier la population policière face à des criminels plus ou moins retors. De nature méfiante à l’égard du Chevalier noir, les forces de l’ordre apparaissent tels des individus « normaux » habités par les mêmes espoirs et craintes que le commun des mortels…et leurs travers. Ces policiers doivent également faire des concessions, du flic franchement ripoux au lieutenant qui accepte d’avoir temporairement recours à un vilain pour avancer dans ses enquêtes. Cela permet de relativiser, dans une certaine mesure, la soi-disant menace d’un Batman.
…à rapprocher de :
– Le premier tome (ici) et le second tome (par là) sont en lien. Comme je le suggérais, pas besoin besoin de les lire dans l’ordre piochez donc à votre convenance.
– A toutes fins utiles, la présente saga a lieu après le gros bordel qui a failli détruire Gotham, conté dans No Man’s Land (tome 1 sur le blog, tome 2 également).
– A toutes fins utiles, cet arc narratif se place bien après le gros bordel qui a failli détruire Gotham, partie qui est contée dans No Man’s Land (tome 1 ici).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.
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