Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat sont de retour, cette fois-ci dans une BD d’anticipation / SF avec des méchants E.T. Sauf que dans ce premier tome (d’une première saison apparemment) on n’en voit que très peu. Scénar’ pas vraiment génial mais dessin correct, Tigre en attendait mieux de la part de ces auteurs.
Il était une fois…
Il y a 4 ans, une attaque extra-terrestre a anéanti les forces armées des grandes puissances de ce monde. La Terre a pris très cher, et le plus marrant est que les E.T., après s’être payés un tir de canards, sont remontés en orbite et n’opèrent que des frappes légères. Il n’en fallait pas plus pour que les gouvernements tombent et que le globe ne soit qu’un terrain de jeux pour les mafias, cartels, ou fanatiques de tout poil. C’est dans cet environnement chaotique qu’opère la Chaos Team, une unité de mercenaires de la société Blackfire et dirigée par John Clem, chef tout puissant de la section.
Critique de Chaos Team, Tome 1.1
Pas terrible, dommage. A la décharge des auteurs, dans une interview en guise de postface ils disent à quel point cela est délicat de verser dans un univers post attaque d’aliens sans avoir l’impression de produire quelque chose de déjà imaginé. Ici, l’idée originale est que Mister Grey (l’E.T. en chef) détruit toutes forces armées, puis laisse les humains s’entre-tuer. Quelle bande de cons (tous).
L’histoire m’a paru excessivement complexe, notamment à cause des nombreux personnages émaillant la BD. Alors certes une présentation de chacun est rappelée au début des chapitres, mais suivre leurs missions et luttes internes n’est pas évident. Sûrement que les morts vont agréablement continuer dans les prochains opus, le temps de se concentrer sur les principaux intervenants. Quoiqu’il en soit, le scénario tient relativement bien la route, et les auteurs laissent le lecteur dans un cliffhanger de bon aloi à la dernière page.
Heureusement les illustrations tendent à rattraper ce décevant ensemble. C’est plus fin, moins « sale » par rapport à ce que Toulhoat faisait avant, et les protagonistes sont d’une crédibilité satisfaisante. Si on ajoute quelques beaux tableaux d’ensemble avec de vertigineuses perspectives, on pardonne largement les couleurs un peu fades (sauf quand les E.T. débarquent). Deux clins d’œil : Nicholas Young ressemble terriblement au héros de Block 109 ; et l’impitoyable Raul, chef d’un cartel, a des airs de Dany Trejo (le vilain Mexicain dans les films de Robert Rodriguez).
Rien que pour le visuel, je me dis qu’avoir les titres suivants ne serait pas inutile. Et il se trouve que je pourrais avoir de bonnes surprises. Disons que si on en apprend plus sur les motivations des petits hommes verts et que les luttes intra-terriennes se décantent, alors potentiellement ça peut devenir très sympathique.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
On est presque dans l’apocalypse, et il est intéressant de connaître la vision de Brugeas sur ce sujet. Contrairement à La Stratégie Ender (de Scott Card) où l’Humanité se reprend en main et parvient à s’unir, dans Chaos Team l’absence d’armées nationales précipite la chute de tous les États. Les nouvelles puissances émergent soit grâce à leurs armes et fric qu’elles brassent, soit par leurs idéologies. L’Europe déchirée entre les islamistes déjantés et la reconquista version futuriste par les forces du Pape donne pas mal de taf’ à la Chaos Team, sans compter les cartels sud-américains.
Dans un tel foutoir où les frontières, abolies, ont laissé la place à un fossé entre ceux qui ont le pouvoir et la populace non armée (un membre de la Team est particulièrement concerné), la confiance occupe une place de premier choix. Comment s’intégrer à l’équipe de mercenaires, ne pas perdre la boule et se faire accepter par le boss ? Quelle cause embrasser dans un monde où rien n’est fixé en plus des factions présentent qui ne sont guère reluisants (extrémistes ou trafiquants, choisi ton camp camarade !) ? Les retournements vont au gré du fric que la Chaos Team se voit proposer, et les croyances (ou problématiques personnelles) de ses membres peuvent fissurer l’entente d’un groupe qui se doit d’être efficace.
…à rapprocher de :
– Le tome 1.2 rattrape l’histoire, et ça donne envie de continuer la lecture. Tant mieux, car le 2.1 (en lien) n’est pas mal non plus.
– De ces deux auteurs, Tigre vous conseille plutôt Block 109. Le roman graphique original est toutefois mieux que les quelques BD qui traînent autour de l’univers : Étoile rouge (mon préféré), Opération soleil de plomb (correct), New York 1947 (chouette), Ritter Germania (mouais).
– Islam vs. Chrétienté dans le futur, y’a un peu de Maurice G. Dantec dans l’air. Ou alors Sukran d’Andrevon, pour faire dans le français.
Enfin, si votre librairie à BD est fermée, vous pouvez la trouver en ligne ici.
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